Voiture électrique: Carlos Tavares ressort la sulfateuse
Pour le directeur général de Stellantis, la transition électrique "dépasse les limites" de ce que l'industrie peut supporter.
On commence à avoir l’habitude, mais cela fait toujours son petit effet : Carlos Tavares ne rate jamais une occasion de souligner les difficultés que pose aux constructeurs le grand virage vers l’électrique décidé par les autorités européennes.
Invité à s’exprimer sur le sujet à l’occasion du sommet Reuters Next, le directeur général de Stellantis a fait preuve du franc-parler qu’on lui connaît, en soulignant les risques que ce processus fait peser à la fois sur l’emploi et sur la qualité des véhicules, du fait des surcoûts inhérents à ces technologies nouvelles.
Carlos Tavares déplore ainsi que la transition vers la voiture propre "dépasse les limites" de ce que l’industrie peut supporter : “Ce qui a été décidé, c’est d’imposer à l’industrie automobile une électrification qui ajoute 50% de coûts additionnels à un véhicule conventionnel. Il est impossible que nous répercutions 50% de coûts additionnels au consommateur final, parce que la majeure partie de la classe moyenne ne sera pas capable de payer.”
Selon le dirigeant, cela risque d’entraîner « toutes sortes de problèmes », et notamment concernant l’emploi.
Pour réduire les coûts, les industriels pourraient être tentés de réduire leurs effectifs : « Au cours de cinq prochaines années, nous devons digérer 10% de productivité par an (...) dans une industrie habituée à délivrer (des gains de) 2 à 3% de productivité » Et celui-ci d’avertir : "L’avenir nous dira qui sera en mesure de digérer cela, et qui n’y parviendra pas."
Ces préoccupations sont largement partagées dans le secteur, ainsi que le souligne une étude KPMG dont Caradisiac s’est fait l’écho hier jeudi.
On y apprend en effet que les dirigeants d’entreprises automobiles (constructeurs, sous-traitants, etc.) européennes sont très inquiets quant à leurs capacités à générer des profits dans les 5 prochaines années, contrairement à leurs homologues implantés en Chine ou aux Etats-Unis.
Des préoccupations que Luc Chatel, patron de la Plateforme automobile, exprimait ainsi lors de la journée de la filière auto le 26 octobre dernier : " La crainte est forte. L’impact de l’électrification pourrait avoir un impact sur 100 000 emplois en France et la filière pourrait être mise à terre en 2030. N’avons-nous pas un sentiment de précipitation par rapport à une technologie qui pose autant de questions qu’elle n’apporte de réponses ? "
Les constructeurs auraient donc le choix, selon Carlos Tavares, entre augmenter leurs tarifs, ce qui entraînerait une baisse des ventes, ou accepter de voir leurs marges baisser.
Comme une réponse du berger à la bergère, Tesla a ajouté la nuit dernière 2 000 € au tarif France de sa Model 3 Grande autonomie, modèle prisé s'il en est.
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