2. Triumph Scrambler 900 (2023) - Sur la route : brooap !
À l’instar de l’Icon bolonaise, le Scrambler britannique est une moto compacte mais accueillante pour son pilote… Je pourrais d’ailleurs reprendre mot pour mot les termes employés pour décrire la position de conduite de l’italienne : « le guidon haut, large et proche du buste, combiné à une grande finesse à l’entrejambe et des repose-pieds implantés de manière à garder les jambes plutôt dépliées donnent (...) une position de conduite très relax. » C’est l’espèce qui veut ça : un scrambler en bracelets ne se nommerait-il pas Café Racer ?
La ressemblance s’arrête là car le Scrambler 900 d’Hinckley vous accueille douillettement sur l’épaisse selle évoquée plus haut. La place dévolue au passager se réduit certes à un minuscule strapontin que nous n’avons pas éprouvé, mais le galbe et la longueur de l’assise du coussin pilote sont fort bien étudiés. On est calé sans être contraint. On ne glisse pas. La densité de mousse est remarquablement bien sélectionnée. Bref, le célibat est de mise mais en toute décontraction !
Le démarrage du gros twin anglais révèle une bande-son particulièrement travaillée. Le grondement est rauque, le moteur présent. L’embrayage assisté particulièrement souple permet un décollage en douceur et la gestion à la poignée de gaz est très précise. La 900 est ainsi très à l’aise en ville, où sa souplesse et sa légèreté font merveille. On apprécie aussi la hauteur de selle modérée, alliée des débutants (cette moto est bridable A2). Un côté pratique appréciable car la jante avant de grand diamètre et l’empattement plutôt long ne favorisent pas le rayon de braquage. Les demi-tours imposent souvent de manœuvrer, donc de poser les pieds au sol.
Le round d’observation entre la machine et l’essayeur, une trentaine de kilomètres de ville, voie rapide et petites routes, se conclut par une révélation : ce bicylindre Triumph est l’un des plus séduisants du genre ! Sous son apparence de bloc antique directement sorti des années 50 se cache une mécanique moderne parfaitement bien gérée par une électronique avancée. Souple à bas régime, ce 900 cm³ supercarré est coupleux et s’avère très rond entre 2 000 et 3 500 trs/mn, puis après une négligeable zone de moins bien (merci Euro 5), il tracte vigoureusement jusqu’au limiteur fixé à 7 500 trs/mn. Le confort de conduite est excellent, le compromis selle / suspension trouvé par Triumph est difficile à prendre en défaut. Ça tabasse certes un peu sur les plus grosses compressions rapides mais plutôt peu pour un segment tarifaire dans lequel les suspensions sont rarement haut de gamme. Aussi, le choix d’une boîte de vitesses à 5 rapports est idéal au regard de la vocation plutôt urbaine de l’engin… Car évidemment, les longs voyages à haute vitesse sur autoroute ne représentent pas le biotope idéal de cette moto à la protection aérodynamique réduite et au grand guidon ouvert.
Ce dernier permet de rouler le buste droit mais il favorise ainsi la prise au vent, donc la musculation des cervicales au-dessus de 110 km/h… et le génocide de moucherons à toutes les allures ! De plus, le réservoir de 12 l vous obligera fréquemment à ravitailler : lorsque le voyant de réserve s’allume, vous remettez 8 litres, ce qui nous donne au rythme de notre essai, une autonomie d’à peine plus 150 km hors réserve : je vous laisse faire le calcul en litres aux 100 km, ou en miles per gallon… à moins que vous préfériez consulter la fiche technique ! Dans tous les cas, vous pourriez sans doute réduire d’1/2 l aux 100 km en roulant plus tranquille !
Avec de genre de machine à grand guidon, jantes à rayons, pneumatiques mixtes, sabot moteur, grille de protection du radiateur et échappement relevé, l’appel des chemins est irrésistible lorsque le temps est au sec ! La Triumph est agréable en pilotage debout, les commandes tombent sous la main, le galbe du guidon est parfait et la gestion moteur précise permet de finement doser la diffusion du couple.
On peut bien enserrer la moto avec les jambes, même la droite car protection thermique du collecteur d’échappement est efficace : on peut s’appuyer dessus, même en jean, sans problème.
Les suspensions relativement fermes et aux débattements réduits à 120 mm ne permettent cependant pas de rouler sereinement ailleurs que sur des chemins blancs, terreux ou gravilloneux bien lisses car elles sont incapables d’absorber les successions de pierre inégales qui pavent certaines voies rurales.
Quant à la terre humide, la boue et l’herbe mouillée, s’y aventurer en Metzeler Tourance serait bien hasardeux !
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