Stellantis: Carlos Tavares prêt à assumer "certaines décisions impopulaires"
Selon le Directeur général de Stellantis, il faut notamment se préparer à un "combat terrible" avec les constructeurs chinois.
Réputé pour son franc-parler et la précision de propos régulièrement alarmistes, le Directeur général du groupe Stellantis n’a pas déçu à l’occasion de la keynote qu’il a prononcée jeudi soir dans le cadre du CES de Las Vegas, où Peugeot dévoilait le concept-car Inception qui préfigure son avenir.
Comme on pouvait s’y attendre, l’ambiance était plutôt…rafraîchissante, dirons-nous: "Si nous n'optimisons pas notre structure de coûts, nous ne pouvons pas absorber le coût supplémentaire de l'électrification, ce qui risque d'entraîner une hausse des prix des voitures et un rétrécissement du marché", a notamment déclaré Carlos Tavares. Avant d’ajouter, martial : "si le marché se contracte, nous n'avons pas besoin d'autant d'usines. Certaines décisions impopulaires devront être prises".
Mais que peut bien entendre Carlos Tavares par « décisions impopulaires » ? Obnubilé par la réduction des coûts fixes ("vous passez du héros à zéro en trois ans si vous arrêtez de travailler sur les frais"), le dirigeant dispose de plusieurs leviers d’action.
Si la fermeture d’usines évoquée hier est un cas extrême, quoique crédible si l’on songe à l’interruption actuelle de la fabrication de Jeep à l’usine de Belvidere (Illinois), il peut aussi être question de licenciements massifs et de réorganisation en profondeur du réseau de distribution : « vous devez continuellement adapter votre capacité à vos besoins », a lancé Carlos Tavares. Selon les dernières projections, 20% des points de distribution français du groupe pourraient fermer leurs portes dans les mois à venir.
Des décisions prises sur fond de pénurie de semi-conducteurs ralentissant les livraisons, avec des perspectives moroses jusqu’à la fin de l’année et, surtout, de la rude concurrence des constructeurs chinois avec qui d’importantes tensions se profilent, ainsi que l’a détaillé Carlos Tavares lors d’un entretien publié par le journal allemand Automobilwoche.
« La différence de prix entre les véhicules européens et chinois est importante. Si rien ne change dans la situation actuelle, les clients européens de la classe moyenne se tourneront de plus en plus vers les modèles chinois. Le pouvoir d'achat de nombreuses personnes en Europe diminue sensiblement. »
Et d’ajouter : « Si vous maintenez le marché européen ouvert, alors nous n'avons pas le choix : nous devons affronter les Chinois directement. Et cela s'applique à toute la chaîne de valeur automobile. »
L’autre solution consisterait à ré-industrialiser le Vieux continent : « Si vous voulez cela, cependant, il reste encore beaucoup à faire dans l'UE. Mais on aurait alors besoin d'une politique commerciale différente. »
En clair, une politique moins favorable aux Chinois, ce qui en retour conduirait à des difficultés pour les constructeurs européens - notamment allemands - implantés en Chine. « Il faut se préparer à un « combat terrible », avertit Carlos Tavares.
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