Sondage - Envisagez-vous une motorisation diesel pour votre prochaine voiture ? (résultats)
Florent Ferrière , mis à jour
La baisse des ventes de voitures diesels s'est accélérée ces dernières semaines. De plus en plus de Français retrouvent le goût du sans-plomb. Les causes sont multiples : hausse du prix du gazole, restrictions de circulation, crainte d'une chute de la valeur de revente de son auto diesel… Et vous, qu'allez-vous faire lors de votre achat ?
Le diesel au plus bas depuis 17 ans
Étape symbolique dans le déclin du diesel dans l'Hexagone. En janvier, seulement 47,9 % des voitures neuves immatriculées dans l'Hexagone fonctionnaient au gazole. Si l'on prend en compte les autos hybrides, le sans-plomb était majoritaire. Une situation inédite depuis le début de ce siècle, moment où les courbes s'étaient croisées.
Le diesel a atteint 78 % de parts de marché en 2008 et s'était maintenu au-dessus de la barre des 70 % jusqu'en 2012. Mais depuis, c'est la chute : il a représenté 67 % des ventes en 2013, 64 % en 2014, 58 % en 2015 et 52 % en 2016.
Ces chiffres concernent le marché global, c’est-à-dire les ventes aux particuliers et les livraisons à la clientèle professionnelle comme les loueurs. « M. et Mme Tout-le-monde » privilégient l'essence depuis plusieurs années. La bascule s'est faite dès 2014 et la tendance s'amplifie depuis. Ainsi, chez les particuliers, les modèles carburant au sans-plomb ont représenté l'année dernière près de 58 % des livraisons et le diesel un peu moins de 38 % (le reste concerne les hybrides, électriques et autres types d'énergie).
Qu'est ce qui explique le désamour ?
- Une baisse de l'offre
Depuis le 1er septembre 2015, toutes les voitures vendues en France doivent respecter la norme antipollution Euro 6. L'évolution la plus importante par rapport à l'Euro 5 était une limitation des oxydes d'azote (NOx) pour les voitures diesels à 80 mg/km, soit une baisse de 50 %. Pour rentrer dans les clous, les constructeurs ont dû installer un système de traitement NOx, un dispositif dont le prix se répercute forcément sur la note finale. Et comme beaucoup d'équipements, moins la voiture est chère, plus le surcoût se ressent.
Voilà qui explique pourquoi chez les petites citadines, l'offre en diesel a quasiment disparu. Seul Fiat continue de proposer des Panda et 500 gazolées. Une Twingo fait ainsi l'impasse sur le dCi, alors que la précédente génération proposait un 1.5 qui représentait près d'un tiers des ventes. Le mouvement devrait se poursuivre, même si chez les polyvalentes le diesel fait de la résistance (les nouvelles Nissan Micra, Seat Ibiza ou Kia Rio le proposent encore). Mais dans les catégories supérieures, certains font déjà le pari de s'en passer, comme Toyota avec le SUV compact CH-R.
- L'impact du Dieselgate
Évoqués dans le paragraphe au-dessus, les NOx ont été au cœur du scandale Volkswagen. Et l'affaire a forcément terni l'image du diesel, renforçant l'impression que c'est une énergie sale, dangereuse pour la santé. Nos politiques n'ont pas hésité à s'en emparer pour dénigrer un diesel… qu'ils ont longtemps encouragé via le bonus/malus.
- Un prix du gazole de moins en moins avantageux
L'actuel gouvernement a fixé un objectif clair (et le prochain ne reviendra sûrement pas dessus) : les prix du gazole et du sans-plomb seront alignés d'ici 2020 ou 2021. À cause de la taxe carbone, la fiscalité des deux types de carburant est revue à la hausse chaque 1er janvier. Mais celle du diesel augmente plus vite. Ainsi, cette année dans la nuit du Nouvel An, le gazole a pris plus de cinq centimes contre deux à trois centimes pour le SP 95. Depuis le début d'année, l'écart à la pompe n'est plus que d'une dizaine de centimes. Rentabiliser son diesel va devenir mission impossible !
- Des restrictions qui visent le diesel
À Paris, oubliée la circulation alternée, maintenant c'est la circulation différenciée qui est en vigueur. Elle est basée sur les vignettes du système Crit'Air, qui classent les autos selon leur carburant et dates de mise en service. Pour les voitures non hybrides ou électriques, il y a cinq classes. La première est dédiée aux moteurs essence les plus récents. Le système fait d'ailleurs fi des nouvelles normes qui rendent les diesels aussi "propres" que les essences.
En fonction des pics de pollution, la préfecture interdit à la circulation une ou plusieurs catégories. À n’en pas douter, les nouveaux moteurs essences ne seront jamais empêchés de rouler. En revanche, ce pourrait être le cas des diesels, même les plus récents, si l'air est vraiment pollué.
De plus, Anne Hidalgo se montre plus claire : elle ambitionne d'interdire totalement le diesel dans la capitale d'ici quelques années. Si d'autres villes suivent son exemple, les voitures diesels pourraient donc être bannies de plusieurs métropoles françaises. Voilà qui n'incite pas à en acheter une de nos jours !
- Une nouvelle génération de moteurs essences
Les constructeurs ont senti le vent tourner il y a quelques années et ont mis au point de nouveaux blocs essences à turbo. Il y a par exemple les PureTech chez PSA et les Ecoboost chez Ford, à l'agrément soigné et aux consommations maîtrisées. Évidemment, ces dernières restent supérieures à celle d'un équivalent diesel… et peuvent vite s'envoler si on a le pied lourd sur la pédale d'accélérateur.
Est-ce le moment de se débarrasser de sa voiture diesel ?
Cette fois, il n'y a plus de doute, les Français se détournent du diesel. Mais les voitures fonctionnant au gazole restent largement majoritaires dans le parc automobile. Le dernier relevé du CCFA indiquait qu'au 1er janvier 2016 62,2 % des véhicules en circulation dans le pays s'alimentaient à la pompe jaune.
Or, et les concessionnaires le constatent déjà, de plus en plus d'automobilistes vont abandonner le diesel pour acheter un véhicule essence. L'offre diesel en occasion risque donc d'exploser dans les années à venir. Et si on ajoute à cela le fait que les véhicules diesel devraient être de moins en moins demandés pour les raisons évoquées au-dessus, leur valeur sur le marché de l'occasion pourrait s'effondrer. Faut-il donc agir avant qu'il ne soit trop tard, avant que la valeur de reprise ou revente de votre véhicule dégringole ?
Remarquez, cela permettra de réaliser de bonnes affaires, avec des véhicules diesel à très bon prix, qui auront l'avantage d'une consommation moindre et seront intéressants si les tarifs des carburants restent alignés.
Le diesel va-t-il disparaître ?
Le diesel est-il condamné ? Non, mais il va retrouver rapidement dans les ventes de voitures particulières neuves une place minoritaire. Il n'intéressera plus que les gros rouleurs, qui parcourent plus de 20 000 km par an. Le diesel va attirer essentiellement la clientèle professionnelle. Certains noteront que c'est son rôle de départ.
Le sondage : Envisagez-vous une motorisation diesel pour votre prochaine voiture ?
La question vous a intéressé puisqu'à l'heure de faire les comptes, près de 1 300 votes ont été enregistrés. Et le verdict est sans appel : vous êtes 66 % à ne pas vouloir un diesel lors du prochain achat. Il faut toutefois apporter une nuance : 40 % des votants qui ne prendront pas un diesel n'en ont pas un actuellement. Mais cela signifie que 26 % sont prêts à délaisser ce type de motorisation pour se convertir au sans-plomb. 29 % des répondants ont un diesel et comptent rester fidèles à ce carburant. Dans les commentaires, nombreux sont ceux qui mettent en avant leur important kilométrage annuel pour se justifier, avec une barre symbolique qui revient à plusieurs reprises : plus de 20 000 km.
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