Série d'été - Comment va ... Dacia
La pause estivale nous permet de dresser un bilan de mi-saison d’activité des principaux constructeurs automobiles, sur fond d’électrification et de pénurie de composants électroniques ralentissant la production et les livraisons. Chaque jour durant les trois premières semaines d’août, Caradisiac s’intéresse ainsi aux principaux acteurs du marché français. Au tour de Dacia de passer à la moulinette du bilan et des perspectives, avec une constante depuis que la marque s'est déployée en Europe en 2005 : il fait beau sous le ciel roumain.
Pour répondre à la question, de tradition dans cette série, il suffit de comparer deux chiffres. Comment va Dacia ? On ne peut mieux. Au premier semestre de cette année, alors que le marché français affichait une baisse des ventes de 15 %, la marque roumaine progressait de 5,9 %. Qui dit mieux ? Pas grand monde et même pas Porsche, la très différente marque allemande connue pour sa belle santé, son excellente rentabilité et ses belles marges. À propos de marges, Dacia n'est pas en reste.
Dacia, ça marche et ça marge
C'est un secret, mais les gains roumains seraient, selon le boss du groupe Renault Luca De Meo, "à deux chiffres", sans qu'il ne donne plus de précisions pour autant. Plus de 10 % de marge avec les autos les moins chères du marché implique évidemment une science de la gestion, mais aussi un flair incomparable pour lancer des voitures aptes à séduire les clients. Et dans les deux cas, Dacia y parvient depuis la relance de la marque par Renault et son arrivée sur le marché européen en 2005. Bien sûr, il y eut quelques modèles qui ont moins cartonné que d'autres, comme le Lodgy ou la Logan MCV, mais depuis quelques années, chaque lancement est un lancement gagnant. Génération après génération, le Duster continue de séduire et la plus petite, et moins chère Sandero, reste l'auto la plus vendue aux particuliers en Europe.
Ok d'accord, mais le Duster comme la Sandero surfent sur leur gloire passée et leur image est déjà bien établie lorsqu'une nouvelle génération débarque. Sauf que Dacia ne réussit pas seulement ses renouvellements, mais aussi ses lancements de produits inédits, à l'instar de la Spring, sa première auto électrique. C'est la deuxième voiture la plus vendue en France en mode zéro émissions, un an seulement après son lancement. La raison de cet engouement est plutôt logique, puisque, à 14 000 euros, bonus déduit, c'est la moins chère du genre.
Le phénomène Spring, et son succès, est comparable à celui de la Citroën Ami. Car voilà deux autos, que les observateurs ont dénigrées au lancement, expliquant que ce n'étaient pas de "vraies voitures". Sauf que les observateurs en question, peut-être obnubilés par la tradition automobile de vaisseaux au long cours, n'ont pas vu arriver ces nouveaux clients, adeptes de déplacements courts, urbains, interurbains et nécessaires, pour qui les 200 km d'autonomie d'une Spring sont suffisants, tout comme est suffisant son confort modéré.
À l’inverse, la marque roumaine dispose également d'un vaisseau au long cours, qui lui aussi connaît une success story. Le Jogger, break suvéisé qui doit faire oublier feu le MCV, démarre sur les chapeaux et a enregistré 21 000 immatriculations depuis le début de l'année, alors que 50 000 commandes attendent d'être livrés.
Tous ces modèles, la Sandero en tête, sont très majoritairement achetés par des particuliers, cible principale de Dacia, qui s'intéresse néanmoins, et de plus en plus, à la clientèle des entreprises. Deviendrait-elle bientôt une marque comme les autres ? D'autant que ses prix ne cessent d'augmenter. Le Jogger a subi une inflation de 1 500 euros en quelques mois et la hausse de tarif de la Spring est du même ordre. Dacia quitterait-il le rayon low cost et ses prix canons, pour voguer vers les eaux plus troubles pour lui des marques généralistes ou les concurrents se bousculent ?
Les dirigeants du constructeur, qui ne parlent jamais de low cost, expliquent qu'ils gardent le cap du "meilleur rapport prix-prestations". Ce qui ne les empêche pas, en plus de la hausse des tarifs, de proposer toujours plus d'équipements en observant, au passage, que les modèles les plus onéreux sont aussi ceux qui se vendent le mieux.
Cette inflation va également toucher le futur Bigster, ce SUV Dacia de 4,60 m, qui sera disponible en cinq et sept places d'ici 2025 et pourrait bien s'afficher à 30 000 euros. Voir plus dans ses versions hybrides rechargeables, si cette techno est toujours de mise à cet horizon. C'est cher pour une Dacia ? Certes mais c'est toujours moins cher que le modèle similaire chez Peugeot, dont les 3008 sont, en moyenne, 5 000 euros plus élevés. Moins cher aussi que le futur Renault Austral qui évoluera dans la même catégorie.
Dacia ne quitte donc pas son domaine, se tient toujours à bonne distance de la concurrence et semble bien vouloir continuer son bonhomme de chemin dans cette voie. Simplement, quand tout augmente, la marque roumaine suit la même pente.
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