Sécurité routière : l'ivresse de la fatigue existe
On sait qu’après avoir bu il ne faut pas dépasser un taux d’alcoolémie sous peine d’être en infraction. Demain, sera-t-on verbalisé parce que l’on n’aura pas eu assez d’heures de sommeil ? Le réveil serait dur et une telle mesure ferait le lit d’une descente de mécontents dans la rue. Un cauchemar éveillé qui n’est pas près d’arriver. Cependant, des scientifiques ont démontré qu’un manque de sommeil pouvait être aussi dangereux au volant qu’une consommation abusive d’alcool.
C’est une étude inédite qui a été menée par la fondation pour la sécurité routière des États-Unis. Une approche destinée à quantifier enfin les risques d’accident de la route en fonction du temps de sommeil des 24 heures précédentes. Une préoccupation d’actualité lorsque l’on sait, par exemple, qu’en France, selon le bilan de l’accidentalité de l’année 2015, dans presque un accident mortel sur quatre, soit 24 %, l’un des conducteurs était victime de “somnolence” ou de “fatigue”. Une estimation basée sur les survivants.
L’étude américaine s’est basée sur une base de données nationale recensant un échantillon représentatif des rapports d’accidents de la police survenus entre juillet 2005 et décembre 2007 aux États-Unis, et ayant nécessité l’intervention des services médicaux. Au total, 4 571 accidents sérieux impliquant 3 579 conducteurs responsables de l’accident et 3 655 impliqués sans en être la cause.
Au bilan, il ressort globalement qu’en ne dormant que 5 à 6 heures, on double le risque d’avoir un accident, comme une personne avec un taux d’alcoolémie de 0,8 g. Chaque heure de sommeil manquante augmente donc le risque d’avoir un accident grave. Par ailleurs, il est confirmé que le risque d’endormissement au volant est majoré lorsque l’on conduit en nuit profonde. Une période où les rythmes biologiques poussent le corps à s’endormir.
Sept heures sont la quantité de sommeil minimale habituellement recommandée pour des adultes. Les résultats révèlent que, pour les conducteurs responsables d’accident, le risque est doublé s’ils n’ont dormi que 5 à 6 heures. Un risque équivalent d’avoir un accident en conduisant avec 0,8 g d’alcool dans le sang. Pour moins de 4 heures de sommeil, l’impact est pire, puisque le risque est décuplé, comme c’est le cas pour un conducteur ayant une alcoolémie de 1,2 à 1,5 g.
L’occasion de rappeler qu’il est préférable d’avoir fait une bonne nuit, voire une sieste, dans les 24 heures qui précèdent la prise du volant pour un long trajet. Il ne faut non plus pas hésiter à s’arrêter lorsque l’envie de dormir se fait pressante. Une vingtaine de minutes pour somnoler permet de récupérer avant de reprendre la route pour quelques kilomètres. Enfin, les signes qui annoncent la fatigue sont les bâillements, les paupières lourdes, la raideur de nuque, ou encore le besoin incessant de changer de position. Des indicateurs à prendre au sérieux car le passage de l’état de veille au sommeil est brutal. D’une seconde à l’autre.
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