Sécurité routière : hausse inquiétante des refus d'obtempérer
C’est une tendance qui inquiète et on le comprend. Fait de société, signe d’une époque, mais en aucun cas une fatalité, les refus d’obtempérer connaissent une croissance exponentielle. Y compris ceux où le représentant des forces de l’ordre est clairement mis en danger. À la lumière d’un dernier fait dramatique, où un gendarme a dû être amputé d’une jambe après qu’un motocycliste lui a refusé le contrôle, le journal l’Essor fait le point. Un état des lieux qui interpelle.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2017, la Gendarmerie a constaté 11 805 refus d’obtempérer, un chiffre en hausse de près de 10 % par rapport à 2016. Le directeur de la Gendarmerie, Richard Lizurey, révèle que chaque heure, en moyenne, on déplore un refus d’obtempérer, avec souvent la mise en danger d’un gendarme.
Selon l’Essor, le nombre de refus d’obtempérer exposant autrui à un risque de mort ou de blessures a augmenté fortement entre 2012 et 2016 (+21 %) pour s’établir à 3 047. Soit une hausse presque trois fois plus forte que l’ensemble des délits routiers (+8 % entre 2012 et 2016) et presque deux fois plus importante que les “simples” refus d’obtempérer (+12 % entre 2012 et 2016, date à laquelle 21 515 faits ont été constatés).
Le directeur des personnels militaires de la Gendarmerie, Hervé Renaud, a récemment présenté les comptes devant le Sénat. “Cette année, nous avons eu en moyenne 20 blessés par jour, surtout depuis que le nouveau jeu est devenu de coucher un gendarme sur le capot d’une voiture”. Une conclusion qui fait froid dans le dos et qui donne un nouveau visage à la délinquance routière.
Sur le terrain, les forces de l’ordre devenues cible s’adaptent. Ainsi, la technique dite des “bonds de rattrapage”, en départ arrêté des motocyclistes de la Gendarmerie, faite de vive accélération, est abandonnée. Elle fait prendre des “risques disproportionnés”. L’essentiel, aujourd’hui, est de se mettre en sécurité et de récupérer le numéro de la plaque d’immatriculation.
La réponse pénale s’est aussi durcie face au phénomène : la peine en cas de refus d’obtempérer a été alourdie en 2017. La loi du 28 février 2017 relative à la sécurité publique a ainsi quadruplé la peine encourue en cas de refus d’obtempérer, de trois mois à un an d’emprisonnement. Des emprisonnements sont prononcés dans 47 % des cas et des emprisonnements en tout ou partie fermes dans plus de 20 % des condamnations, pour un quantum moyen d’emprisonnement ferme de cinq mois.
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