Routes à 80 km/h : le président du Sénat réclame "solennellement" les résultats de l'expérimentation
Florent Ferrière , mis à jour
Gérard Larcher a de nouveau demandé à voir les résultats de l'expérimentation de la baisse de la limitation de vitesse sur des départementales françaises, laissant entendre que ce ne doit pas être un secret d'État.
En 2015, le gouvernement Valls (avec à l'époque Bernard Cazeneuve en tant que Ministre de l'Intérieur) décidait de tester l'impact d'une baisse de la limitation de vitesse sur des départementales. Plusieurs tronçons ont été choisis, représentant environ 80 km de route. Après deux années, l'expérimentation devait donner lieu à un bilan. Problème, il n'y en a jamais eu, du moins rien n'a été publié ou commenté officiellement. On s'en étonnait dès novembre, plusieurs semaines avant que le projet de généraliser les 80 km/h soit révélé.
Ce dernier devrait être officialisé demain (mardi), lors d'un conseil interministériel de la sécurité routière. Mais toujours aucun bilan à l'horizon. Interrogé ce week-end sur la mesure par le Journal du Dimanche, le Premier Ministre Édouard Philippe s'est dit prêt à faire un choix impopulaire si cela permet de sauver des vies. Mais encore une fois, il n'a pas évoqué l'expérimentation, dont des résultats positifs permettraient de justifier la baisse.
Du côté du Sénat, on aimerait pourtant bien le lire le mystérieux bilan. Vendredi, on vous parlait de la lettre ouverte d'une cinquantaine de sénateurs envoyée au gouvernement. Le président du Sénat, Gérard Larcher, en a remis une couche lors d'une interview ce dimanche sur LCI, déclarant "Je le demande solennellement, d'ici à mardi comme président du Sénat, d'avoir accès à un dossier qui n'est pas un secret d'État". Gérard Larcher n'est toutefois pas opposé à la mesure, car il a précisé "si réellement, ça doit sauver des vies, alors il faut y aller". Il aimerait cependant voir l'État investir pour les routes dans les zones rurales.
Le secret sur cette expérimentation ne fait que renforcer l'incompréhension des Français face à cette mesure. Forcément, on pense que si les résultats ne sont pas connus, c'est parce qu'ils ne sont pas aussi bons qu'espérés. Dans la note envoyée aux préfets, rien n'a été mentionné sur l'accidentalité. Le gouvernement se défend même en indiquant que le test aurait pour cela dû se faire sur des portions plus importantes et sur cinq ans au lieu de deux. En clair, on aurait du départ mis en place une expérimentation inutile, dont on se fiche totalement des résultats… D'autant que le test a été faussé, puisque plusieurs tronçons concernés ont été restaurés, avec des routes élargies et du goudron neuf. Impossible donc d'imputer une évolution de la mortalité au seul facteur baisse de la vitesse, puisque ce n'est pas le seul à avoir changé.
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