Route de nuit - Séries TV: où sont passées les voitures?
Jamais les séries télévisées n'ont offert une telle qualité et n'ont atteint un tel degré de popularité. Hélas, l'automobile n'y joue plus qu'un rôle totalement secondaire. Rendez-nous les années 80!
Le récent article de Stephane Schlesinger sur l'équipée du Cannonball m'a replongé quelques années en arrière, quand adolescent je me régalais de ces séries TV policières américaines qui agrémentaient notamment les programmes de feue La Cinq (mais pas seulement).
Leur point commun? Toutes réservaient une place de choix à l'automobile, qui pouvait presque être considéré comme un personnage à part entière de l'action. C'était bien sûr particulièrement le cas dans K2000 (1982-1986) , puisque Kitt, la Pontiac Firebird Trans Am dotée d'une intelligence artificielle, jouait un rôle prépondérant dans chaque épisode, par la grâce (entre autres) de sa mythique fonction Turbo boost ou de son redoutable mode Pursuit.
Et comme souvent, la science-fiction s'avère étonnament visionnaire. On en a l'illustration lors du premier épisode, où Michael Knight, surpris par les capacités de conduite 100% autonome de la voiture, s'écrie "I hate! I like to make my own decisions!" (Je déteste! Je préfère décider par moi-même!) Une exclamation des plus actuelles, près de quatre décennies plus tard.
Dans une veine plus rustique, on se souvient bien sûr de Sherif fais moi peur (1979-1985) et de ses héros, les cousins Duke dont la Dodge Charger Charger 1969, baptisée General Lee, arborait un drapeau confédéré peint sur le toit. En dépit de ses relents "sudistes", cette série avait le mérite de se montrer très distrayante, avec dans chaque épisode un saut de rivière filmé au ralenti qui constituait le clou du spectacle.
Le saut était aussi une des nombreuses spécialité de Colt Seavers, L'homme qui tombe à pic (1981-1986) dont le pick-up GMC Sierra disposait d'un compartiment secret, permettant de cacher des armes ou d'enfermer des méchants. Avec sa rampe de phares sur le toit et son aigle sur le capot, cette voiture totoyait la perfection.
Mais dans ces eighties survoltées, les héros se devaient de s'afficher en Ferrari. Il en est ainsi de Jonathan et Jennifer Hart, les justiciers milliardaires de L'aaaaamour du risque (1979-1984) qui circulent en Ferrari Dino 246 GT...mais pas seulement, puisque leur garage compte aussi une Mercedes SL roadster à l'improbable couleur beigeasse (immatriculée Hart 1), une Rolls-Royce Corniche (Hart 2) ou une Mercedes 300 break (Hart 3).
Si les Hart sont les héros les plus gâtés d'un point de vue auto, Sonny Crockett et Ricardo Tubbs paradaient en Ferrari Daytona découvrable, véhicule parfait pour leurs missions consistant à infiltrer les réseaux de traficants de drogue.
Au fil des épisodes de Miami Vice (1984-1989) ladite Daytona (une réplique sur base de Chevrolet Corvette, semble-t-il) sera suivie d'une improbable Testarossa blanche, tandis qu'apparaîtront en guest stars des modèles les plus m'as-tu vu de l'epoque, au premier rang desquels une Lamborghini Jalpa...blanche, comme certaine poudre très prisée à Miami (et ailleurs).
Reste que la star des stars, c'est bien sûr la Ferrari 308 GTS utilisée par Magnum (1980-1988) que les producteurs auront la bonne idée de remplacer par une réplique de Pontiac Fiero pour la réalisation des cascades. Le détective moustachu, reconnaissable à sa Rolex et son éternelle casquette des Detroit Tigers, laissait l'Audi 5000 à l'incomparable Higgins.
On le voit, l'automobile constituait un élément central dans ces séries menées pied au plancher (et l'on ne parle pas de la moto de Tonnerre mécanique, ni même de Supercopter). La vitesse était alors synonyme de réussite dans cette époque encore insouciante, marquée par Top Gun, le TGV, les voitures de Groupe B en rallye, le Dakar, les courses de Off Shore ou bien encore la fusée Ariane. Les temps ont changé, certes, et il n'est pas question ici de ressasser un passé révolu.
Mais on ne peut que regretter que l'automobile, jugée trop polluante et à ce titre politiquement incorrecte, soit passée de mode et ne joue plus qu'un rôle purement accessoire dans la plupart des divertissements qui nous sont proposés. Il est vrai qu'à l'époque, il n'était pas encore question d'empêcher les mômes de rêver de bagnoles ou d'aérien.
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