Route de nuit - Le triomphe du laid
Lamborghini Urus, Ferrari SF90, McLaren Senna, autant de supercars lourdingues et criardes. Mais pourquoi en est-on arrivé là, quand on a produit certaines des voitures les plus belles de l’Histoire ? C’est que les gens auxquels elles s’adressent ont, avant elles, changé…
Aujourd’hui, quand on un jette un œil aux gammes Ferrari, Lamborghini, ou encore McLaren, et plus généralement, quand on examine le look des voitures de haut, voire très haut de gamme, on s’interroge.
On a souvent l’impression qu’elles ont été dessinées de façon grossière. Aux traits lourds le disputent une surcharge de détails plus tapageurs les uns que les autres et des couleurs criardes. Si je trouve ça beau ? Non, plutôt chaussure de sport ! Mais comment en est-on arrivé là ? C’est une question que je me pose depuis longtemps, sans trouver de réponse valable.
Et puis l’autre soir, dans moment de grand désœuvrement, j’ai regardé la montée des marches au festival de Cannes à la télévision. Et là, la raison m’est apparue clairement. J’ai vu un défilé quasi ininterrompu de gens plus ou moins connus portant des accoutrements souvent criards, clinquants et calamiteux.
Ces mêmes personnes, quel que soit leur genre, manifestaient d’ailleurs bruyamment leur présence, pour bien montrer qu’elles ne sont pas n’importe qui. Je parle des frusques, mais que dire des traits de leurs visages, épaissis par des opérations chirurgicales exécutées, à coup sûr, par des praticiens travaillant de façon uniforme ? Car, selon une pratique américaine, quand on se fait raboter le pif, gonfler la poitrine et injecter des litres de botox, on tient à ce que ça se voie, afin non pas de paraître plus jeune mais de montrer qu’on a de l’argent.
La chose m’est apparue particulièrement évidente face à l’allure et l’attitude d’un metteur en scène ayant commis un film sur un chanteur américain décédé, mais qu’un paquet de conspirationnistes pensent encore vivant. Pire, ces gloires déguisées en sapin de noël éclipsaient celles qui manifestaient encore un vrai sens du raffinement, comme l’immense actrice Elsa Zylberstein.
Tout ce petit monde avait été acheminé à bord d’engins que je trouve fort laids, dessinés de façon lourdingue et m’as-tu-vu au possible : des BMW i7. Tout d’un coup, ce fut l’illumination : le constructeur allemand dessine ses modèles à l’image de ceux qu’admirent les clients potentiels. Ferrari, Lamborghini, McLaren, la plupart des constructeurs en réalité, procèdent de même. Est-ce leur faute si on peut devenir une star internationale avec pour seul talent de diffuser une sex-tape avant de se modeler un massif popotin à angle droit ?
Par la suite, j’ai vu la vidéo d’un footballeur à la mode qui montrait en quoi consistaient ses vacances : un show bling-bling ininterrompu où se succèdent les supercars, les jet-skis, les hélicoptères, bref tous les accessoires pour frimer à Monaco, souvent de façon agressive. Le luxe, aujourd’hui, c’est ça. Tant que ça claque et rugit, c’est génial. On est passé de l’univers des stars au petit monde des peoples, une dégénérescence permise par l’avènement des réseaux sociaux, formidables propagateurs de vulgarité.
On ne peut pas reprocher aux constructeurs de dessiner leurs autos pour qu’elles se vendent bien. Et je ne suis personne pour juger les goûts des autres, moi qui conserve mes chemises plusieurs années. Cela dit, les supercars modernes (dont j’ai eu le privilège de conduire un certain nombre) m’en touchent une sans faire bouger l’autre, alors que je fais le plein d’émotions au Mans Classic en voyant en découdre les beautés des plateaux 3 et 4 par exemple…
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