Hommage à Peter Mullin
Peter Mullin s’est éteint le 18 septembre dernier à l’âge de 82 ans. Avec ce grand collectionneur américain disparaît un éminent connaisseur de l’art de la carrosserie française. Homme d’affaires puissant dans le monde de la finance, Peter Mullin avait constitué l’une des collections les plus fabuleuses autour d’un thème particulier : elle se focalisait sur les chefs-d’œuvre de l’âge d’or de l’artisanat.
Inauguré en avril 2010, le musée de Peter Mullin se trouve à Oxnard, à une soixantaine de kilomètres au nord de Los Angeles. À l’inverse de l’aspect extérieur du bâtiment, assez banal, la scénographie est remarquable, rendant hommage à la créativité de la famille Bugatti, avec le mobilier de Carlo Bugatti, le père d’Ettore, et les sculptures de Rembrandt, le frère.
Amateur éclairé, Peter Mullin a rassemblé quelques-unes des pièces les plus significatives réalisées au cours des années 1920 et 1930 par les carrossiers français. Certaines pièces sont exceptionnelles, voire uniques. Ainsi, l’une des quatre Bugatti 57 Atlantic ayant été fabriquées fait partie de la collection. Les plus belles heures de Figoni & Falashi sont représentées par l’une des onze Delahaye 135M Phaéton Grand Sport dessinées par Géo Ham, et par une des dix Talbot Lago T150 Super Sport Coupé surnommées « goutte d’eau ».
Contrairement à ses compatriotes, Peter Mullin ne pratiquait pas de restaurations excessives et savait conserver la patine de certaines pièces. Il avait conservé une série d’ancêtres extraites des réserves du Musée de Mulhouse ainsi que l’épave d’une Bugatti qui avait séjourné pendant 70 ans au fond du lac Majeur.
Peter Mullin nourrissait une passion sans borne pour l’iconoclaste Gabriel Voisin. Sur ce sujet, il bénéficiait de la complicité du Français Philip Moch, visionnaire qui a sauvegardé l’œuvre du trublion de l’industrie français en préservant plusieurs oiseaux rares et en reconstruisant des exemplaires qui avaient disparu. Ainsi avait-il fourni à Peter Mullin la reproduction de la Voisin C27 Aérosport de 1934 disparue corps et biens.
Merci à cet esthète californien qui a su défendre et illustrer la créativité française avec autant de panache.
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