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Route de nuit - Detroit et le septième art, c'est toute une histoire

Dans Loisirs / Cinéma

Michel Holtz

Le salon de la capitale du Michigan sera de retour du 17 au 25 septembre prochain. Car Detroit la résiliente ne s’avoue jamais vaincue, malgré 50 ans de crises industrielles, raciales, sociales, financières et sanitaires. Portrait de Motortown à travers les films qui lui ont été consacrés. Car la cité a toujours fasciné les cinéastes.

Route de nuit - Detroit et le septième art, c'est toute une histoire

Personne n’envisage de passer ses vacances dans une cité en ruine, au chômage explosif, à l’insécurité avérée et dont un ex-maire est parti en prison. Detroit est en faillite, au sens le plus juridique du terme, puisqu’en 2013, la cité, criblée d’une dette de 18,5 milliards de dollars a déposé son bilan.

Pourtant, la cité fascine. Les jeunes s’y installent, grâce à son immobilier peu cher (et pour cause) et grâce aussi à son décor lunaire. Comme l’explique l’un des témoins interrogé par Florent Tillon dans son documentaire Detroit Wild City, « à quoi ressemblera la fin du monde, lorsque l’industrie aura totalement disparu et les hommes avec elle ? » A Detroit bien sûr.

Le cinéaste a filmé la capitale du Michigan au plus fort des conséquences de la crise de 2008, et elle n’est plus, à ce moment-là, que friche industrielle, avec ces énormes immeubles, gares et théâtres à l’abandon, ou l’on ne s’imagine même plus que l’on pouvait y travailler, y applaudir ou acheter un billet de train.

Detroit, de Kathryn Bigelow, qui retrace les émeutes de 1967.
Detroit, de Kathryn Bigelow, qui retrace les émeutes de 1967.

Une crise ? Quelle crise ? Detroit en a connu tant. Depuis 55 ans, la cité n’est que convulsions. En commençant par les émeutes raciales qui ont secoué la ville en 1967. Des émeutes, et surtout leurs terribles répressions, que Kathryn Bigelow dénonce en 2017, dans son film Detroit, brillamment, et très violemment, filmé.

À ces émeutes ont succédé des crises industrielles et sociales qui ont duré deux décennies, vidant peu à peu les usines de Flint, puis de Detroit, puis de tout le Michigan. Le documentariste Michael Moore, lui-même fils d’un ouvrier de General Motors a consacré un film à ces fermetures. Dans Roger and me, il se met en scène dans sa quête : rencontrer Roger Smith, le PDG de GM de l'époque, pour le convaincre, en vain, d’aller constater les dégâts qu’ont engendrés les licenciements et les délocalisations d’usines au Mexique qu'il a ordonné.

De Clint Eastwwod à Eminem

Le rouleau compresseur de la crise a écrasé Detroit et le cinéma témoigne aussi des survivants. Des vieux de la vieille comme Clint Eastwood dans son pavillon d’une banlieue perdue de la ville qui conserve amoureusement la Ford Gran torino qu’il a contribué à fabriquer dans l’usine de la marque, jusqu'aux jeunes rappeurs.

Car Detroit c’est aussi la musique, celle des jours flamboyants, avec la Motown de Berry Gordy ou ont éclos les Jackson Five, Stevie Wonder ou Marvin Gaye, mais aussi celle des jours plus sombres et du rap.

Eminem, l’un de ses meilleurs représentants, s’est risqué devant la caméra de Curtis Hanson dans 8 mille. Ce presque biopic du chanteur doit son titre à la 8 mille road, sorte de périphérique qui sépare le centre-ville de Detroit, ou vit souvent la population noire, de la banlieue ou résident une majorité de blancs.

Aujourd'hui Detroit va mieux. Les promoteurs et les start-up flairent la bonne affaire d'un immobilier peu cher. Ce n'est pas encore la Silicon Valley, mais qui sait ? Peut-être qu'un futur David Fincher réalisera un nouveau Social network (sur l'ascension de Mark Suckerberg) dans un Motown devenu Digitaltown ?

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