Rejoindre Lisbonne à Paris en Renault 4 E-Tech : du plaisir ou une punition ?
ESSAI LONGUE DURÉE - Renault considère la R4 E-Tech comme la version familiale de sa citadine, la R5. Prenant le constructeur au pied de la lettre, nous avons décidé de lui faire subir un vrai test d’endurance en la faisant parcourir près de 2 000 km entre Lisbonne et Paris. Mission impossible ?

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C’est dans la capitale portugaise qu’ont eu lieu les premiers essais de la nouvelle R4. Toute la presse internationale est venue tester le nouveau SUV urbain électrique de Renault dont bien évidemment Caradisiac. Vous avez d’ailleurs pu lire le premier essai d’Alan Froli à ce sujet. C’est donc à la fin de cette opération que nous récupérons la voiture. Chargée et prête à dévorer des kilomètres.
Avant de prendre la route, nous faisons un arrêt obligatoire à Belem, quartier incontournable de Lisbonne, afin de savourer la spécialité du coin : les Pasteis de nata. Rien de mieux pour prendre de l’énergie. Autre point de passage obligatoire : la route côtière de Cascais qui permet de réaliser de très beaux plans en bord de mer.

Après quelques séquences statiques et dynamiques, nous nous rendons compte que si la nouvelle R4 partage de nombreux points de ressemblance avec la première du nom (calandre rectangulaire avec projecteurs ronds à ses extrémités, bossage spécifique sur le bas des contreportes, vitres de custodes trapézoïdales, la forme des feux arrière, mais aussi l’allure générale), elle ne fait pas le même effet sur les gens. Contrairement à la R5, personne ou presque ne se retourne sur le passage de notre R4, qui se fond aisément dans le paysage automobile actuel. Clairement, la R4 ne suscite pas le même effet waouh que sa petite sœur. C’est une certitude. Les couleurs plus pastel pourraient être une des raisons de cette situation.


Maintenant, il est grand temps de rentrer à Paris, pas d’une seule traître bien évidemment, car cela fait près de 1 800 km, et cela, sans compter sans les recharges. Et justement, puisqu’on aborde la technique. Comme c’est le cas sur la R5, notre R4 est animée par un moteur de 150 ch alimenté par une batterie de 52 kWh net, lui garantissant une autonomie de 410 km. Pour ce qui est des recharges, la R4 accepte des capacités de 11 kW en alternatif et 100 kW en continu. De quoi passer de 15 à 80% en 30 min. La route risque d’être longue, mais il est temps de partir. Avant de nous élancer, nous entrons notre point d’arrivée dans le planificateur de voyage, désormais bien connu des modèles électriques Renault. Comme à son habitude, celui-ci se montre toujours aussi facile et naturel à utiliser. Une fois la destination saisie, il nous indique un itinéraire avec un temps de trajet, puis une autre incluant la même durée, mais avec les recharges. Tout est ainsi prévu (nombre d’arrêts et temps de recharge), pas de mauvaise surprise.
Attention pour la recharge au Portugal

Au bout de 140 km, il est déjà temps de faire notre première recharge. Cela tombe bien, c'est l’heure de déjeuner. Et comme souvent en France, beaucoup de recharges sont situées sur les parkings de fast-food. On repassera pour la gastronomie portugaise. Première borne en panne. Ça commence bien, d’autant plus que l’on remarque que les bornes portugaises sont équipées d’une prise CCS et d’une Chademo. Nissan a dû vendre beaucoup de Leaf là-bas. Sympa lors des départs en vacances, car c’est la même chose sur les autoroutes. Non loin de là, une autre borne à un véhicule électrique vient juste de finir de charger. Bonne nouvelle, elle fonctionne sauf avec nous… À chaque fois que nous passons nos deux cartes de recharge (Chargemap et Total Energies), celles-ci sont immédiatement refusées et ce fut le cas pour les trois bornes suivantes. Forcément, le stress augmente proportionnellement à la diminution de notre autonomie. En désespoir de cause, nous appelons nos contacts chez Renault qui nous indique que c’est normal, car toutes les cartes traditionnelles sont inactives au Portugal. Il faut passer par des cartes locales avec obligation d’avoir un numéro fiscal pour en obtenir une… Avec ça, on est bien avancé. Notre salut vient de l’application MIIO que l’on télécharge, approvisionne en argent puis permet la recharge. Ouf, on est sauvé, mais on aura perdu tout de même près de 2h. Du pur bonheur et déjà un retard conséquent sur notre plan de marche.

L’heure est venue de reprendre la route après un repas digne des plus grands restaurants de stations-service d’autoroutes. Vu le temps perdu, nous décidons de prendre majoritairement l’autoroute pour rejoindre notre première étape Valladolid en Espagne, qui se trouve à 590 km de notre point de départ. Les kilomètres s’enchaînent et certaines observations se font jour.
La première, qui vient rapidement à nous, porte sur l’insonorisation. Celle concernant les bruits de roulement et d’insonorisation n’est pas excellente. En effet, à 120 km/h, vitesse légale sur autoroute au Portugal et en Espagne, la R4 s’avère relativement bruyante, en particulier quand le bitume devient moins lisse. On a connu mieux dans la catégorie. Dommage, car notre monture nous gratifie mis à part cela d’un bon confort avec des sièges prenant soin des passagers.

Nous profitons d’un autre arrêt de recharge pour faire le point sur la présentation intérieure. Pas de surprise de ce côté-là, il s’agit de la même que celle de la R5. Celle-ci se compose d’une dalle numérique de 10 pouces rectangulaire, qui fait référence aux anciens modèles de la marque. Son dessin est très plaisant avec notamment une partie droite face au passager travaillée avec des bourrelets en jean pour l’occasion. Un matériau que l’on retrouve également sur la sellerie, mais aussi sur les contreportes. Pas de doute, cela a un indéniable cachet. Finalement, la principale chose que l’on pourrait regretter est que la R4 ne possède pas quelques touches spécifiques, qui auraient pu lui apporter une touche d’exclusivité.

Après une longue journée et cinq recharges d’environ 30 min chacune, nous arrivons enfin à Valladolid. Avant de nous coucher, nous prenons le temps de relever la consommation. Si elle est bonne en ville avec 14 kWh/100 km, il n’en est pas de même sur autoroute où la situation se dégrade fortement puisque celle-ci grimpe à 20,4 kW/h/100 km. Loin de très élogieux, mais bon, il est 23 heures et nous n’avons qu’une seule envie : dormir.


Deuxième jour de notre périple. Avant même de reprendre la route, attardons-nous sur les aspects pratiques. La R4 mesure 4,14 m, soit 22 cm de plus que la R5, mais elle se révèle nettement plus pratique. Cela se traduit par une habitabilité arrière en progrès bien évidemment par rapport à la citadine, mais il faudra tout de même composer par une position peu agréable. En raison de son architecture électrique, les jambes des passagers seront un peu trop surélevées et il est difficile de glisser ses pieds sous les places avant. Heureusement, la R4 se rattrape par un coffre bien pensé. Sa capacité revendique 420 litres. Il se révèle très pratique avec un seuil de chargement ultra-bas, une forme carrée, mais surtout la possibilité (à partir des finitions hautes) de rabattre le dossier du passager avant afin de charger des objets mesurant 2,20 m de long.

Une fois tout chargé, nous reprenons la route. Première bonne nouvelle du jour, depuis notre arrivée en Espagne, plus de problème de recharge. Direction la France et plus précisément la région de Cambo les Bains. Mais avant d’arriver, nous traversons le Pays Basque espagnol au paysage vallonné et très charmant. C’est à ce moment-là que nous quittons l’autoroute pour emprunter de très belles départementales comme la très célèbre Corniche Basque qui serpente entre Hendaye et Socoa. Dans ce contexte, le R4 est plus à sa place avec une direction agréable, précise et relativement consistante. Le confort est meilleur avec la diminution naturelle des bruits d’air. Les sièges offrent pour leur part un maintien suffisant. De quoi confirmer ses bonnes prestations en cycle urbain et périurbain.
Un silex met fin à l’aventure.
Un silex a entaillé le côté intérieur du pneu avant gauche sur 5 cm. Impossible de réparer. Seule solution : la dépanneuse.
Arrivés à destination, nous prenons la route du col d’Izpeguy. À la suite d’une petite facétie de notre navigation, nous empruntons le chemin d’Elhorrieta, une petite route nous menant à son sommet. Au programme : un panorama à couper le souffle. Après quelques prises de vues, il est temps de redescendre vers la civilisation et c’est à ce moment-là que se produit le drame. Le pneu avant gauche de notre R4 croise la route d’un silex. Même si je prends soin de l’éviter, apparemment ce n’est pas suffisant, car celui-ci lacère le flanc intérieur. Même si nous ne nous en apercevons pas tout de suite, la sanction tombe rapidement. Notre pneu se dégonfle comme un ballon de baudruche et très rapidement, nous sommes à plat. Sans roue de secours et malgré l’utilisation d’un kit anti-crevaison, notre seul salut passe par l’assistance. En l’attendant, nous descendons le col à 10 km/h afin de trouver une départementale. Une fois à destination. Nous attendons notre sauveur pendant environ 1 h 30. Durant cette période, nous remuons ciel et terre pour espérer trouver une solution. Malheureusement, nous sommes vendredi soir, les ateliers des concessions Renault sont fermés tout le week-end et impossible de trouver un pneu de rechange, la monte étant très rare (195/60 R18), nous sommes obligés d’abandonner notre belle à la dépanneuse.
Conclusion : une polyvalence en question

Fin de notre périple. Nous avons parcouru tout de même parcouru près de 1 200 km à son volant. Il en ressort que son terrain de prédilection est la ville et les départementales. Elle sera parfaite en tant que second véhicule du foyer avec notamment une plus grande praticité que sa petite sœur la R5. Toutefois, sa polyvalence est réduite en raison d’une consommation autoroutière importante (20,4 kWh/100 km, des recharges de 15 à 80% longues de 30 minutes) et aussi de quelques bruits d’air et de roulement qui peuvent s’avérer fatigants à la longue. Difficile dans ces conditions de partir pour des voyages au long cours à moins d’être patient. En effet, sur notre parcours, nous avons effectué pas moins de sept arrêts pour rejoindre Lisbonne à Cambo. Tout cela nous a coûté la bagatelle de 143 €, soit des tarifs équivalents à celui d’un véhicule diesel.
Chiffres clés *
- Longueur : 4,14 m
- Largeur : 1,80 m
- Hauteur : 1,55 m
- Nombre de places : 5 places
- Volume du coffre : 375 l / 1 149 l
- Boite de vitesse : NC
- Carburant : Electrique
- Taux d'émission de CO2 : NC
- Date de commercialisation du modèle : Mars 2025
* A titre d'exemple pour la version E-TECH ELECTRIQUE 150 AUTONOMIE CONFORT ICONIC 52 KWH.
Le bonus / malus affiché est celui en vigueur au moment de la publication de l'article.
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