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Permis de conduire : une cartographie nationale pour quoi faire ?

Dans Economie / Politique / Social

Michel Holtz

C'est une bonne idée : offrir à chacun la possibilité de choisir son auto-école en fonction de son taux de réussite. Mais non seulement l'initiative de la sécurité routière n'est pas encore totalement opérationnelle, mais elle n'est qu'un palliatif aux nombreux problèmes que rencontrent les candidats au passage de cet examen.

Permis de conduire : une cartographie nationale pour quoi faire ?

Sur le papier, c'est une excellente idée. Nous permettre de mieux choisir l’auto-école dans laquelle on a décidé soi-même de s’inscrire, ou d’inscrire sa progéniture, est une heureuse initiative. Il faut donc rendre hommage à la Sécurité Routière qui vient de mettre en ligne cette possibilité et de l’ouvrir à tous. Elle permet de porter son choix sur un professionnel, en fonction du type de permis (moto, auto, poids lourd, etc.) mais aussi, et surtout, de se déterminer en fonction de son taux de réussite.

Seulement 56 départements permettent l'accès au taux de réussite

Curieux comme pas deux, on a donc voulu tester le nouveau dispositif. D’emblée, l’organisme nous prévient : il n’y a aujourd’hui que 56 départements ouverts. Mieux vaut donc partir à la quête de son papier rose (qui n'est plus en papier et qui est de moins en moins rose), à Mende, en Lozère, qu’à Paris et pas seulement parce que le Massif Central est moins embouteillé que le périf. Mais tout simplement parce que les professionnels de la capitale ne sont pas encore inscrits au dispositif.

Va donc pour la Lozère, avec à la clé de cet enthousiasme, une première déception : nombre d’officines n’affichent, pour tout résultat, que la moyenne du département ou ils ont pignon sur rue. Heureusement, certaines bonnes maisons font l’effort de publier leur taux de réussite personnel. Tiens, voilà une excellente auto-école qui s’offre 87 % de clients qui obtiennent leur permis. C’est bien, sauf que ce brillant pourcentage prend en compte tous les passages. Ont-ils obtenu leur permis du premier coup, ou la quatrième fois ? Mystère. Et l’on s’aperçoit, au final que les quelque 13% d’échecs sont ceux qui ont tout simplement renoncé à passer leur examen. C’est léger comme info.

À Mende, cette auto-école affiche un taux de réussite de 87 %. Mais il concerne tous les passages.
À Mende, cette auto-école affiche un taux de réussite de 87 %. Mais il concerne tous les passages.

À la Sécurité routière, on nous affirme que les 95 départements français seront couverts d’ici la rentrée de septembre. Soit. Mais allons voir du côté des formations en ligne, la grosse tendance du permis apparue il y a quelques années et tant vilipendée par les moniteurs traditionnels. En Lozère, on en trouve aucune. Aucune start-up du genre ne s’étant installé à Mende. Rien d'étonnant. À Paris, en revanche, il y en a forcément pléthore. Sauf que le site affiche une simple phrase : « aucune auto-école en ligne dans ce département », ce qui parait pour le moins étonnant.

A Paris, les autos-écoles en ligne sont invisibles.
A Paris, les autos-écoles en ligne sont invisibles.

Mais laissons la Sécurité routière peaufiner son dispositif plutôt que de vilipender sa bonne volonté. Il n’en reste pas moins que la mise en ligne de logiciels, ou d’applications diverses, se fait trop souvent lorsque les systèmes sont encore en chantier. Une mode, devenue une habitude, prise autant par le public que par le privé et qui pourrait faire fuir les premiers utilisateurs, au risque qu’ils ne reviennent pas lorsque le système est au point.         

Mais surtout, cette cartographie des autos-écoles ne règle en rien les problèmes récurrents que connaît la formation à la conduite en France. Au prix exorbitant de 1 500 euros en moyenne (alors que les autos-écoles ont souvent du mal à joindre les deux bouts), s’ajoute une pénurie d’inspecteurs (il en manquerait 150 au minimum selon ces professionnels). Résultat : le délai d’attente moyen atteint quatre mois pour un premier passage à l’examen de conduite, et ce délai atteint six mois en cas d’échec. De plus, les tarifs affichés aggravent encore plus une fracture sociale qui n’a nul besoin de se voir rajouter une couche d’inégalité.

Le permis de conduire est un examen d’État et pour certains Français, c’est parfois le seul qu’ils passeront de leur vie. Leur permettre de choisir leur école (avec les réserves évoquées ci-dessus) est donc une initiative sympathique. Mais ce n’est qu’un sparadrap sur une jambe de bois. Ou plutôt un enjoliveur sur une jante en tôle.                                                                          

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