Passages à niveaux : des pistes pour y améliorer la sécurité
Ce vendredi est rendu public un rapport parlementaire sur la sécurité des passages à niveaux, lequel avait été commandé à la suite du drame de Millas, qui en décembre 2017 avait coûté la vie à 6 jeunes passagers d’un autocar après une collision avec un TER. Le document dresse un état des lieux et avance 12 pistes d’amélioration réalistes.
Les passages à niveaux dangereux, une exception française? Le rapport parlementaire publié ce vendredi 12 avril rappelle notamment qu’on déplore en moyenne 30 à 40 morts chaque année sur les 15 405 ouvrages que compte l’hexagone, ce qui représente 1% de la mortalité routière. Surtout, le taux de décès s’y élève à 0,09 par million de train/kilomètre, contre 0,01 à la Suisse et 0,015 au Royaume-Uni.
« À dire d’experts, 10 à 20 % des passages à niveau sont considérés comme particulièrement acci-dentogènes », précise le document réalisé sous la houlette de la députée des Pyrénées-Orientales Laurence Gayte. « Les accidents sur les passages à niveau ont très majoritairement une cause routière et non pas ferroviaire : environ 98% sont dus à un comportement inadapté d’un véhicule ou d’un piéton. »
Et le rapport d'identifier trois grands facteurs d’accidents. Le premier est l’inattention : « Cas d’un usager, conducteur ou piéton, qui ne comprend pas ou qui ne fait pas (ou plus) attention au fait qu’il arrive sur un carrefour dangereux, soit en raison d’une trop grande vitesse, soit en raison d’une mauvaise visibilité ou perception des équipements de sécurité. » Le deuxième est l’impossibilité de dégager son véhicule (ou se dégager soi-même en cas de chute) alors qu’un convoi approche du passage à niveau, et le troisième concerne l’inconscience pure et simple : « alors que les barrières se ferment, cas d’un véhicule qui accélère ou passe en chicane ou cas d’un piéton qui passe sous la barrière ou à côté. En 2017, pour 38 radars de vitesse installés sur les passages à niveau, il a été constaté 71 972 infractions et pour 80 radars de franchissement de passages à niveau, il a été constaté 27 468 infractions. »
Le constat est éloquent, mais plusieurs axes d’améliorations se dessinent, classées selon 12 catégories. Parmi les idées émises, on retiendra notamment :
- Un système de type « boîte noire » pour évaluer le fonctionnement du système de sécurité (feux et barrières) en cas d’accident, doublé d’une vidéoprotection
- Matérialiser des zones de danger au sol, à destination notamment des piétons et usagers vulnérables
- Réduire la vitesse autorisée de franchissement des passages à niveaux (sans toutefois descendre sous les 30 km/h)
- Installer des radars de franchissement et de contrôle de la vitesse sur les passages à niveaux réputés les plus sensibles
- Proposer une gouvernance départementale qui contrôle mieux la sécurisation des ouvrages
- Allouer des budgets plus importants aux financements de sécuritéCréer un système d’information national des passages à niveaux
- Baisser le nombre de franchissements d’autocars scolaires et de bus réguliers sur les passages à niveaux
- Installer un système semi-automatisé avec deux demi-barrières là où n’existe qu’une Croix de Saint-André
- Etudier la faisabilité et les coûts de systèmes de détection d’obstacles automatiques permettant de ralentir ou freiner un trainInstaurer une amende de cinquième classe (jusqu’à 1 500 €) en cas de franchissement de passage à niveau lorsque le feu clignote
De nombreuses idées, on le voit, mais dont on se demande juste comment il se fait qu’elles n’aient pas encore été mises en œuvre au vu des chiffres évoqués plus haut. La Ministre des Transports réunira le 29 avril prochain le comité de suivi de la sécurité ferroviaire « afin de débattre de ces pistes et de décider des actions à engager ».
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération