Votre navigateur ne supporte pas le code JavaScript.
Logo Caradisiac    
Publi info

Objectif 100 000 bornes de recharge: pourquoi ça coince

Selon toute vraisemblance, l’objectif des 100 000 bornes de recharge déployées sur le territoire à la fin 2021 est illusoire. Les pouvoirs publics doivent augmenter la cadence, alors même que le nombre de voitures électriques est appelé à augmenter très rapidement dans les années qui viennent.

Objectif 100 000 bornes de recharge: pourquoi ça coince

C’était l’une des annonces-phares de l’automne 2020. Le 12 octobre, collectivités territoriales et grandes entreprises (Total, Leclerc, Vinci, U, Lidl, Engie, Izivia, Enedis…) étaient réunies au ministère des transports pour signer une charte les engageant dans le processus visant au déploiement de 100 000 bornes de recharge électrique en France à l’horizon de la fin 2021.

Selon les pouvoirs publics, l’opération devait permettre d’alimenter un parc automobile français susceptible de compter plus d’un million de véhicules électriques et hybrides rechargeables en 2022. A cette occasion, une enveloppe de 100 millions d’euros avait même été allouée pour l’installation de bornes de recharge rapide sur les autoroutes et sur le réseau routier national.

"Aujourd’hui le frein peut être la peur de la panne et ce problème est résolu par l’Etat et les grands partenaires qui s’allient pour qu’il y ait des bornes de recharge partout en France ", s’enthousiasmait alors la ministre de l’écologie Barbara Pompili. Bref, on allait voir ce qu’on allait voir...

Las ! 8 mois plus tard, alors que les immatriculations de véhicules électriques et hybrides rechargeables (ou PHEV) ne cessent d’augmenter (111 000 unités entre janvier et mai, en hausse de 140% par rapport à 2020, pour un parc qui a franchi le cap des 500 000 voitures électriques et PHEV au premier trimestre), l’installation de nouvelles bornes patine sérieusement.

 

Ce sont les habitants de Normandie et de Bourgogne-Franche-Comtéqui peuvent aujourd'hui recharger le plus facilement. Le quart sud-est est clairement à la traîne.
Ce sont les habitants de Normandie et de Bourgogne-Franche-Comtéqui peuvent aujourd'hui recharger le plus facilement. Le quart sud-est est clairement à la traîne.

Au 1er mai, date du dernier pointage réalisé par l’Avere France, l’Hexagone comptait 33 363 points de charge ouverts au public, chiffre qui traduit une progression de 7% seulement par rapport au mois de février. « Si cette augmentation marque une légère reprise des déploiements par rapport à 2020, une accélération paraît de plus en plus nécessaire au regard de la détérioration des ratios du nombre de véhicules par point de recharge », observait alors l’Avere. Au rythme où vont les choses, on pourra s’estimer heureux si on approche la barre des 40 000 stations de charge à la fin 2021.

« Pour atteindre l’objectif de 100 000 bornes fixé par le Président de la République il y a un an, il faudrait déployer plus de 63 000 points de recharge d’ici à fin décembre, soit une progression moyenne de 12 % par mois ou 40 % sur un trimestre qu’il faut comparer aux 8 % de hausse enregistrés au cours du premier trimestre 2021 », cingle l’Union Française de l’Electricité (UFE).

90% de recharge à domicile

Certes, on compte en parallèle près de 233 000 points de charge mis à disposition des salariés par les sociétés, qui s’ajoutent aux 185 000 bornes installées par des particuliers. Or, une étude publiée en février dernier par Enedis relève que 9 utilisateurs sur 10 privilégient la recharge à domicile, laquelle a lieu entre 18h et 7h du matin dans 81% des cas. En d’autres termes, on peut circuler en France en voiture électrique sans redouter le coup de la panne.

Le tableau n’est donc pas si sombre que ce que les chiffres bruts peuvent laisser supposer, et même sur autoroute les choses accélèrent.

Bientôt 75 station Ionity le long des grands axes, à quoi s'ajouteront d'ici 2022 quelques 300 stations Total dotées de bornes ultra-rapides.
Bientôt 75 station Ionity le long des grands axes, à quoi s'ajouteront d'ici 2022 quelques 300 stations Total dotées de bornes ultra-rapides.

« Cet objectif de 100 000 bornes a été fixé en face de celui d’un million de véhicules électriques en circulation à la fin 2022. Cela a créé une forte dynamique en matière de financements, tandis que la Loi d’Orientation des Mobilités permettait de cadrer le processus de déploiement des bornes » commente Cécile Goubet, Déléguée générale de l'Avere-France, interrogée par Caradisiac.

" Jusqu’ici, il fallait en moyenne deux ans et demi entre le moment où les concessionnaires lançaient les demandes de raccordement électriques et l’installation de bornes rapides. Maintenant, ces demandes de raccordement peuvent être passées en même temps que les appels d’offres auprès des installateurs et opérateurs de bornes, et cela va faire gagner au moins un an. Il y a une réelle appétence qui se crée, tant du côté privé que public. Total prévoit d’équiper 300 de ses stations en bornes ultrarapides d’ici à fin 2022. Ionity sera bientôt à 75 stations, Fastned en comptera 9 d’ici à la fin de l’année, et Izivia est en bonne place. Les choses avancent ! »

Selon les projections des pouvoirs publics, 40 % d’aires de service devaient disposer de bornes rapides d’ici à juin 2021, 50 % d’ici à décembre 2021 et 100 % d’ici à 2023. La bonne nouvelle, c’est effectivement que le déploiement sur autoroute progresse (un peu) plus vite qu’ailleurs : +14% de janvier à mai, contre 8% de hausse sur l’ensemble du territoire, d’après l’UFE, qui rappelle que « 45 % des axes autoroutiers ont connu une augmentation du nombre de points de recharge au cours du premier trimestre 2021. »

L’A11, entre Paris et Nantes, est aujourd’hui l’axe le mieux doté avec une hausse des points de charge de l’ordre de 17% durant cette période. Vinci Autoroutes, la société concessionnaire de l’A11, a déjà équipé plus du tiers de ses aires en affiche d’ailleurs l’ambition d’équiper la quasi-totalité des aires de son réseau d'ici 2023.
L’A11, entre Paris et Nantes, est aujourd’hui l’axe le mieux doté avec une hausse des points de charge de l’ordre de 17% durant cette période. Vinci Autoroutes, la société concessionnaire de l’A11, a déjà équipé plus du tiers de ses aires en affiche d’ailleurs l’ambition d’équiper la quasi-totalité des aires de son réseau d'ici 2023.

Les autres opérateurs apparaissent hélas moins dynamiques. L’UFE précise ainsi que « parmi les autoroutes équipées d’au moins une borne rapide, seuls 8 axes, soit moins d’un quart, disposent au 31 mars 2021 d’un taux d’équipement des aires de service en IRVE (infrastructure de recharge des véhicules électriques) égal ou supérieur à 50 %, en ligne avec l’objectif de fin 2021. »

A la veille des grands départs en vacances, période durant laquelle il faudra aussi alimenter des voitures électriques venues d’autres pays d’Europe, on est tout de même encore loin du compte.

On le voit, les bornes de recharge sont très inégalement réparties sur le réseau autoroutier. L'A11 est aujourd'hui la mieux servie, à l'inverse de l'A6 qui est pourtant l'un des axes les plus empruntés. Attention cet été !
On le voit, les bornes de recharge sont très inégalement réparties sur le réseau autoroutier. L'A11 est aujourd'hui la mieux servie, à l'inverse de l'A6 qui est pourtant l'un des axes les plus empruntés. Attention cet été !

Trop d’acteurs ?

Pourquoi de tels retards à l’allumage ? Comme toujours, les explications sont multiples. Si le développement électrique fait globalement l’objet d’un consensus politique, les difficultés sont techniques et répondent à une logique économique.

Selon une étude du cabinet EY (Ernst & Young) publiée en début d’année, la multiplicité des acteurs sur le marché des bornes, et les positionnements différents des uns et des autres sont une des premières causes de difficultés.

Il y a les fournisseurs d’énergie-installateurs, comme EDF, Engie ou Total, il y a les installateurs, comme EVbox ou Zeplug, et il y a les « simples » fournisseurs de services de mobilité, comme ChargeMap ou Easytrip.

Le grand nombre d'acteurs présents sur le marché des bornes électriques finit par compliquer la tâche des utilisateurs.
Le grand nombre d'acteurs présents sur le marché des bornes électriques finit par compliquer la tâche des utilisateurs.

« Comme tout marché naissant, celui des bornes de recharge comprend un grand nombre de clients, de constructeurs, de fournisseurs et de partenaires qui utilisent une grande variété de formats de prise, de systèmes d’alimentation électrique, de logiciels, de systèmes de paiement, etc. », décrypte l’étude EY.

« Bien que les pouvoirs publics aient tenté de normaliser les pratiques (Directive européenne sur les bornes en 2014, suivie du décret IRVE en France en 2017), le marché reste complexe aux yeux des collectivités locales et des utilisateurs finaux. Cela freine le développement du marché public et explique en partie pourquoi la grande majorité des utilisateurs de véhicules électriques continue de privilégier la recharge à domicile. »

Dans ces conditions, EY estime que la barre des 100 000 bornes sera atteinte « vers 2024 ou 2025, à condition de développer des standards technologiques et des solutions de financement innovantes. »

Mais dans l’intervalle les pouvoirs publics, poussés par l’Europe, vont continuer à stimuler les ventes de voitures électriques, tandis que les constructeurs vont accélérer le processus d’électrification de leur gamme.

Les choses vont vite, très vite. Trop vite ? Audi, pour ne citer que lui, a ainsi d’ores et déjà annoncé qu’il cesserait de produire tout moteur à combustion dès 2026. Et on entend le même son de cloche chez la concurrence. Dans ces conditions, l’objectif de 100 000 bornes ne manque-t-il pas déjà d’ambition ?

Photos (4)

SPONSORISE

Toute l'actualité

Essais et comparatifs

Commentaires ()

Déposer un commentaire

Abonnez-vous à la newsletter de Caradisiac

Recevez toute l’actualité automobile

L’adresse email, renseignée dans ce formulaire, est traitée par GROUPE LA CENTRALE en qualité de responsable de traitement.

Cette donnée est utilisée pour vous adresser des informations sur nos offres, actualités et évènements (newsletters, alertes, invitations et autres publications).

Si vous l’avez accepté, cette donnée sera transmise à nos partenaires, en tant que responsables de traitement, pour vous permettre de recevoir leur communication par voie électronique.

Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement de ces données, d’un droit de limitation du traitement, d’un droit d’opposition, du droit à la portabilité de vos données et du droit d’introduire une réclamation auprès d’une autorité de contrôle (en France, la CNIL). Vous pouvez également retirer à tout moment votre consentement au traitement de vos données. Pour en savoir plus sur le traitement de vos données : www.caradisiac.com/general/confidentialite/