Luc Donckerwolke, serial designer et homme de l'année : "il faut tout oublier et repartir d'une page blanche"
Il vient de se voir décerner le titre d'homme de l’année par un jury composé des principaux médias automobiles, dont Caradisiac. À cette occasion, le directeur du design du groupe Hyundai Kia a bien voulu se confier. Portrait d’un passionné du passé et du futur, qui n’a jamais, de toute sa vie, envisagé autre chose que de dessiner des voitures.
Son nom laisse deviner son origine flamande. Pourtant, la vie de Luc Donckerwolke ne se résume pas à sa Belgique, qui n'est même pas sa terre natale, puisqu’il est venu au monde au Pérou, a grandi en Afrique avant de revenir en Europe. L’homme a le dessin et l’automobile chevillés au corps, « depuis ma découverte de Michel Vaillant quand j’étais enfant ». Un éblouissement qui l'a poursuivi adulte, réalisant son rêve de gamin : dessiner la seule Vaillante roulante, sur une base de ber linette Hommell.
Le design automobile ? C’est plus que son métier. « Je dessine des voitures gratuitement. Je ne me fais payer que pour les réunions » explique en riant celui qui, après 23 ans passés dans le groupe Volkswagen, a intégré le groupe coréen Hyundai Kia, dont il est aujourd’hui le directeur du design pour les trois marques, Hyundai et Kia, bien sûr, mais aussi Genesis, l’étendard premium d'un groupe devenu le troisième au monde.
Mais quelle mouche a bien pu piquer celui, qui, jusqu’en 2015, a fait le tour des marques du groupe allemand, de Seat à Volkswagen en passant par Audi, et s'est retrouvé aux manettes des fleurons du groupe ? Comment un designer, à qui l’on doit les Lamborghini Murcielago et Gallardo et qui a aussi dirigé le style de Bentley peut-il renoncer au luxe pour se jeter dans les bras de marques généralistes ?
De Bentley à Hyundai
La question a secoué le landerneau il y a près de huit ans, lorsqu’il est parti à Séoul. Sa réponse de l’époque était laconique, expliquant à qui voulait l’entendre qu’il ne connaissait pas l’Asie et qu’il souhaitait découvrir le continent. Plus prosaïquement, son goût du challenge a été titillé par une proposition : créer un style en partant d’une page blanche, celle de la toute nouvelle marque Genesis qui vivotait depuis 1989 et qui doit devenir une vraie proposition premium, au même titre que Lexus chez Toyota.
Car la page blanche c’est son truc, et pas seulement sur une table à dessin. « Il faut partir de là. Et aujourd’hui plus que jamais avec la bascule vers l’électrique. Trop d’ingénieurs ont encore les références du thermique lorsqu’ils conçoivent des autos à batteries. Il faut tout oublier et repartir de zéro. C’est le grand intérêt du moment et c’est passionnant ». Après avoir dessiné le SUV Genesis GV 80 et la berline G80, il s’est attaqué au style Hyundai avec la très spectaculaire Ioniq 6 et à celui de Kia qui vient de présenter son SUV EV9.
"On n'en est qu'à la première génération électrique"
Ensuite ? La suite de sa carrière au sein du groupe coréen sera évidemment électrique, tout en reconnaissant qu’aujourd’hui, « personne ne gagne d’argent avec le VE ». Et demain ? « On en est à la première génération seulement » Et Luc Donckervolke prévoit des progrès foudroyants. « L’automobile a plus avancé ces 15 dernières années qu’au cours des 150 ans de son existence passée ».
Évidemment, la deuxième étape de l’électrification sera pour lui, comme pour les autres concepteurs automobiles, la quête du Graal : la voiture électrique accessible à tous. Ce que les marques chinoises sont en passe de réussir et de proposer en Europe. Pas de quoi l’inquiéter, pas de quoi non plus réclamer un protectionnisme dont les Coréens seraient à l’abri, puisque 90% de leurs modèles sont fabriqués dans l’Union. «Le protectionnisme est un frein à la créativité et un enfermement ». L’homme est confiant, et son employeur l’est également. Logique lorsque l’on augmente constamment ses parts de marché en Europe et dans le monde.
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