La voiture électrique ne convainc pas encore la majorité
Alors que les ventes de voitures électriques neuves continuent de s’effondrer en Allemagne après la disparition des aides à l’achat prévues pour les véhicules à zéro émission, on se demande le chemin qu’il reste à faire pour que cette technologie puisse convaincre la majorité des automobilistes.
Que se passera-t-il chez nous lorsque le bonus écologique disparaîtra pour la vente des voitures électriques neuves ? Pour l’instant, les autos à zéro émissions progressent toujours chez nous. Elles représentaient 19% du mix total de voitures neuves sur le mois de mars 2024 en France, un chiffre en progression par rapport au même mois l’année dernière. Mais comme le révélait récemment une étude de l’Avère menée auprès des Français, près de la moitié des automobilistes roulant en voiture électrique aurait choisi un autre véhicule sans ce bonus écologique (48%).
En Allemagne, ces aides à l’achat pour les voitures électriques neuves ont déjà disparu. Supprimées totalement à la fin de l’année 2023 en raison d’un gros dépassement budgétaire de l’état ayant imposé une cure d’austérité, elles ont mené à une chute des ventes de voitures électriques neuves chez nos voisins d’Outre-Rhin. Cette chute des ventes se confirme au mois de mars 2024 sur le marché allemand, où elles n’ont représenté que 12% des ventes de voitures neuves alors qu’elles pesaient pour 18% du marché total sur l’année 2023. Elles ont baissé de 29% sur ce dernier mois par rapport à mars 2023 et même si le marché automobile allemand fait grise mine avec un repli de 6,2% par rapport aux chiffres d’un an plus tôt, le recul est plus important pour ces modèles à zéro émissions.
La majorité des automobilistes ne veut toujours pas s’y mettre
Ces données, inquiétantes pour les constructeurs automobiles qui misent exclusivement sur les voitures électriques dans leurs stratégies, prouvent que les consommateurs ne semblent pas encore prêts à se tourner massivement vers cette technologie. Au vu de la conjoncture actuelle en Chine ou aux Etats-Unis, d’importants marchés où les voitures électriques semblent stagner ou baisser aussi, elles font penser à un phénomène de plateau qui pourrait s’expliquer de la façon suivante : les consommateurs les plus convaincus par la technologie et ceux ayant les moyens d’acheter ces véhicules souvent chers en valeur absolue (et plus agréables à utiliser quand on possède une prise à domicile) ont tous déjà acheté leur voiture électrique. Les autres, qui représentent encore la majorité des consommateurs (chez nous comme en dehors de l’Europe), ne sont toujours pas prêts à acheter une voiture électrique. Les aides à l’achat ont visiblement un rôle clé dans l’achat de ces modèles zéro émissions pour une partie d’entre eux mais elles ne suffisent pas à convaincre le grand public dans des proportions déterminantes.
Sachant que l’Allemagne ne compte pas revenir en arrière et que la plupart des autres pays (sauf exceptions comme l’Italie) se préparent aussi à baisser ces aides à l’achat, le développement de la voiture électrique va se heurter à de nouveaux obstacles au moment où la plupart des constructeurs automobiles commencent à envisager un ajustement de leurs stratégies à long terme. En Europe, l’interdiction de vente des voitures thermiques neuves en 2035 commence à se discuter en coulisses et il ne paraît plus tabou de la remettre en question.
Alors, une dernière question : cette stagnation des ventes de voitures électriques neuves, qui semble étroitement liée au prix élevé des modèles électriques disponibles actuellement, volera-t-elle en éclat lorsqu’arriveront enfin sur le marché des petites autos électriques à la fois plus attractives et moins chères ? En Europe où le Tesla Model Y devançait de peu la très abordable Dacia Sandero dans les ventes, les futures Renault 5 et autres Citroën ë-C3 auront mécaniquement une influence positive à ce niveau. Dans le même temps, une Citroën C3 thermique démarrera chez nous à peine au-dessous des 15 000€ alors que sa déclinaison électrique reviendra au minimum à 19 300€ cette année bonus écologique déduit…
Peut-être qu’après le carton des Model 3 et Y, l’arrivée d’une petite Tesla Model 2 forte d’un excellent rapport prix-prestations à 25 000€ permettrait à elle toute seule de faire basculer le marché automobile européen et mondial tout en amenant le constructeur américain vers de nouveaux sommets. Mais la commercialisation dès 2025 de cette petite Tesla aurait été annulée d’après les journalistes de Reuters aux dernières nouvelles.
Alors, comment évolueront le marché automobile européen et ceux des autres continents dans les années à venir ? Les automobilistes vont-ils finir par tous se convertir aux voitures électriques grâce à l’arrivée de modèles plus compétitifs, ou faudra-t-il au contraire revoir les stratégies des constructeurs et les politiques gouvernementales sur le sujet ? Un peu des deux, sans doute.
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