La fin du diesel pourrait être accélérée par une décision de justice allemande
Dans quelques jours, un jugement doit être rendu par la Cour administrative de Leipzig sur l'autorisation d'interdire les voitures à moteur diesel dans les centres-villes allemands. Une décision qui risque de précipiter la chute du diesel… et de donner des idées en France.
L'industrie automobile allemande retient son souffle. Mardi 27 février, la cour administrative de Leipzig doit se prononcer sur deux plaintes déposées par l'organisation environnementale DUH contre Stuttgart et Düsseldorf. DUH souhaite que ces villes, parmi les plus polluées d'Allemagne, mettent en place des restrictions de circulation, dans une rue à Düsseldorf et dans l'hyper-centre à Stuttgart. Et l'association a un souhait ambitieux, car elle aimerait bannir les véhicules diesel jusqu'à la norme Euro 6, soit l'une des dernières normes !
Un avis favorable à DUH n'entraînerait cependant pas une interdiction immédiate du diesel, le tribunal ne jugeant que la légalité d'une telle interdiction de circulation du diesel. Mais il mettrait la pression sur les villes concernées, qui n'auraient guère d'autres choix que de se plier aux revendications de DUH. L'association est en position de force, après avoir eu gain de cause en première instance. Surtout, elle a le soutien de la Commission Européenne, qui a déjà pointé du doigt l'Allemagne pour son manque d'action dans la lutte contre la pollution.
En Allemagne, le jugement est très attendu car il fera jurisprudence. Seize autres plaintes du genre ont été déposées et 70 villes ont un taux moyen de dioxyde d'azote supérieur au seuil autorisé, à savoir 40 ug/m3. Les moteurs diesels pourraient ainsi être bannis dans la plupart des grandes villes allemandes, même si on imagine que la mise en place ne se ferait pas de manière aussi radicale.
À Paris, le processus est déjà enclenché par palier, avec le système Crit'Air. Les vieux diesels sont déjà bannis de la capitale en semaine. La mesure sera petit à petit étendue avec l'objectif du zéro diesel en 2024. Mais l'exemple allemand, avec de nombreuses agglomérations concernées, à l'impact médiatique fort, pourrait donner des idées à d'autres maires hexagonaux, d'autant que la liste des villes qui adoptent le dispositif Crit'Air s'allonge de mois en mois.
Une avalanche d'interdictions, déjà en Allemagne et plus globalement en Europe, ne peut qu'accélérer la chute du diesel. Les ventes se sont déjà écroulées. Selon Jato, spécialiste des statistiques automobiles, la part du diesel n'était plus que de 44 % en Europe l'année dernière, soit un recul de cinq points en un an. En 2010, elle était de plus de 55 %. Le recul s'explique par la mauvaise image du carburant avec les scandales à répétition et par une évolution des taxations, notamment en France où le processus d'alignement des prix à la pompe est entamé.
La crainte de voir sa voiture diesel interdite dans de nombreux centres-villes ne va donc pas arranger les choses. Du côté de PSA, on avouait récemment plancher sur un scénario de fin du diesel chez les particuliers d'ici 2025. Le français a d'ailleurs annoncé que le 1.5 BlueHDi qu'il a lancé en 2017 serait son dernier bloc diesel mis au point. Si les constructeurs ont déjà entamé un processus de transformation, ce nouveau coup porté au diesel risque de couper leurs investissements et de fragiliser les entreprises dépendantes du diesel, surtout du côté des équipementiers. La fin des dCi, HDi et autres TDi semble inéluctable et pourrait arriver plus vite que prévu.
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