L’offre de recharge dans les flottes soutenue par les loueurs
Face à la montée en puissance des véhicules 100 % électriques et hybrides rechargeables dans les flottes, la mise à disposition de bornes devient une problématique centrale pour les gestionnaires. Ces dernières semaines, les installateurs spécialisés ont pu notamment compter sur les loueurs pour accélérer leur déploiement au service des pros.
Selon une étude dévoilée au cours du printemps par Webfleet, l’un des principaux acteurs de la gestion de flotte en Europe, 61 % du parc européen de véhicules légers professionnels, et même jusqu’à 67 % du parc commercial français actuel, serait jugé électrifiable.
La question de la recharge, un préalable pour les responsables de parcs
Le potentiel paraît gigantesque, même si pour Taco van der Leij, Vice-président de Webfleet Solutions Europe, le passage de la théorie à la pratique, du thermique à l’électrique, nécessite de ne négliger aucun aspect structurant. Certes, rappelle-t-il d’abord, « pour un gestionnaire de flotte commerciale, une question est particulièrement importante lorsqu’il envisage de passer aux véhicules électriques : le modèle électrique escompté sera-t-il capable de réaliser efficacement et en toute sécurité le type de trajets que mes véhicules actuels font au quotidien ? »
Néanmoins, Taco van der Leij observe que les administrateurs de parc se basent aussi de plus en plus sur les offres de recharge avant de passer commande pour tel ou tel véhicule. Il souligne ainsi que « la distance parcourue ne représente qu'une partie de l’équation », précisant que « les coûts de l'infrastructure et du temps de recharge des véhicules électriques sont tout autant des facteurs essentiels pour les gestionnaires de flottes. »
Des loueurs s’engagent aux côtés des installateurs
Si certains constructeurs automobiles, à l’image de Tesla, de Hyundai-Kia ou de BMW, se disent concernés et investis sur la question de la recharge, les loueurs longue durée (ALD, Athlon, Arval, Alphabet, etc.) ne sont pas en reste. Ils expriment eux aussi leur volonté de jouer un rôle dans la mise à disposition de bornes au service de professionnels.
En tant que partenaires de premier plan (environ 60 % des véhicules de flottes sont détenus en LLD), leur mobilisation s’est d’ailleurs intensifiée récemment. Prenons le cas d’Alphabet qui, il y a quelques semaines, a conclu un partenariat stratégique avec Zeplug et ChargeGuru, deux sociétés connexes qui, tout comme Wattpark, Proxiserve ou encore EVBox, font partie des nombreuses références sur le marché des bornes dans l’Hexagone. Objectif de la démarche portée par Alphabet : apporter à ses clients pros l’expertise fonctionnelle et technique des deux start-up, sous la forme d’offres complémentaires.
Le mode opératoire de Zeplug, c’est d’investir dans l’infrastructure, dont il reste propriétaire, et de prendre en charge sa maintenance. La démarche proposée par ChargeGuru, elle, permet aux entreprises de devenir propriétaires de l’infrastructure de recharge. Cette offre est plus spécifiquement destinée aux organisations qui possèdent leur propre bâtiment et souhaitent l’équiper en bornes de recharge.
Le 1er mars dernier, c’est Leaseplan, un autre expert de la location longue durée, qui avait fait appel à ChargeGuru pour encourager sa clientèle à passer sur cycle zéro ou très faibles émissions. Le loueur entendait notamment soutenir les TPE-PME, une catégorie d’entreprises pour laquelle l’insuffisance actuelle du maillage en bornes demeure un frein au verdissement.
Pour aider celles-ci à trouver peut-être plus rapidement que prévu le chemin de la mobilité, Leaseplan a mis en place une offre commerciale baptisée « Green Power ». La finalité ? Octroyer gratuitement une borne de recharge aux flottes de moins de 25 véhicules optant pour un modèle électrique ou hybride rechargeable issu de son catalogue.
Un besoin de niveaux de puissance adaptés aux usages
Les équipes techniques de ChargeGuru, pour ne citer qu’elles, mettent en place des infrastructures pouvant inclure entre une et plusieurs dizaines de bornes fournissant entre 3,7 kW et 400 kW de puissance.
La puissance en fonction du besoin ? C’est bel et bien une donnée clé pour Fraikin, le leader européen de la location de véhicules industriels, utilitaires et commerciaux. Le groupe se propose lui aussi de guider les entreprises dans le passage de leurs flottes à l’électrique, en mettant justement l’accent sur l’importance de la qualité de la recharge.
« Loin d’être un choix de second plan, celui du mode d’alimentation d’un véhicule électrique est aussi important que celui du véhicule car l’exploitation effective de celui-ci dépend de la stratégie de recharge qui lui est appliquée », analysait il y a quelques jours Olivier Dutrech, directeur de l'innovation de Fraikin. Pour lui, « choisir la bonne puissance » de sa borne de recharge devient « central ».
Le marché contraint d’être en phase avec la demande en véhicules
La prise de conscience des entreprises tricolores sur la question de l’offre de recharge rencontre visiblement un soutien croissant et une meilleure structuration ces derniers mois.
Parallèlement, le niveau des commandes de véhicules 100 % électriques (VE) et hybrides rechargeables (PHEV) est historique sur le segment B2B. La croissance est exponentielle, avec 775 % de hausse par rapport à mai 2019 pour les modèles PHEV et 74 % de hausse pour les VE, soit une augmentation bien plus nette encore que sur le marché automobile dans son ensemble.
Pour la plupart des flottes, il y a par conséquent une vraie urgence à densifier en bornes leurs parkings intérieurs et extérieurs. D’autant plus que selon le dernier bilan de l'Avere (Association nationale pour le développement de la mobilité électrique) publié le 1er mai, la France ne dénombre que 33 363 points de recharge ouverts dans l’espace public, principalement sur les autoroutes. On est encore très loin des 100 000 points promis par le gouvernement il y a un an (à l’horizon 2022). Clairement, le maillage n’est à ce jour pas assez dense et surtout trop inégal entre grands axes et zones urbaines pour permettre aux professionnels de sillonner les routes avec sérénité en s’appuyant sur le seul réseau public.
Les flottes peuvent solliciter la prime "Advenir"
De nombreuses aides publiques sont destinées à accompagner les flottes dans leur mue vers l’électrique et donc dans l’installation de points de charge. Le programme national le plus emblématique s’appelle Advenir. Reconduit tous les ans depuis 2016, piloté par l’Avere et l’entreprise de l’économie sociale et solidaire Eco CO2, en partenariat avec le ministère de la Transition écologique, ce dispositif finance au travers de primes le déploiement d’infrastructures de recharge entre autres dans les parcs d’entreprises.
Toute société souhaitant installer une ou plusieurs bornes sur son parking destiné à sa flotte et à ses salariés peut prétendre à une prime Advenir. Dans ce cas de figure, la subvention est plafonnée à 960 € HT par point de recharge. Il est prévu qu’elle couvre les coûts de fourniture et d’installation à hauteur de 30 % en 2021, puis à hauteur de 20 % en 2022 et 2023.
Il faut noter en outre que la prime peut grimper considérablement lorsque l’entreprise prévoit d’équiper l’un de ses parkings privés à destination du public. L’enveloppe prévoit alors entre 2 100 € et 9 000 euros HT par borne.
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