L'exploit inattendu de Ferrari aux 24 Heures du Mans
Gagner les 24 Heures du Mans dès la première tentative et après plus d’un demi-siècle d’absence, voilà l’exploit qu’a réussi Ferrari ce week-end dans la Sarthe. En difficulté en Formule 1, la marque italienne a remporté une édition extraordinaire.
Une année pour apprendre, celle d’après pour gagner. Voilà comment se construit traditionnellement une victoire aux 24 Heures du Mans. Malgré les meilleures simulations possibles et les plus gros budgets, tous les habitués vous le diront : impossible de prévoir tout ce qu’il se passe dans une telle épreuve et pour apprendre, il faut d’abord la perdre. Comme Audi en 1999, avant de dominer jusqu’au milieu des années 2010. Comme Peugeot au début des années 90 ou en 2007, comme Porsche à son grand retour en 2014, ou Toyota en 2016 après un dernier tour historiquement cruel (où les Japonais sont passés à deux doigts d’un exploit magnifique).
Après cinq années d’une domination de Toyota facilitée par l’absence de concurrents majeurs, les 24 Heures du Mans faisaient de nouveau rêver cette année avec l’arrivée de Ferrari, Porsche, Peugeot et Cadillac tous attirés par une nouvelle réglementation Hypercar réduisant les budgets de fonctionnement. Si on s’attendait à voir un haut niveau de compétitivité pour ces nouveaux concurrents, notamment au vu des belles performances réalisées par Ferrari (et dans une moindre mesure par Porsche et Cadillac) lors des premières épreuves de l’année, Toyota faisait malgré tout office de grand favori compte tenu de son expérience.
Comme prévu, Toyota faisait bien partie des écuries en tête de la course tout au long de ces 24 Heures du Mans 2023. Après avoir été battus en qualifications par des Ferrari dans une forme impressionnante, les deux protos japonais ont réussi à reprendre le contrôle de la course à la fin de la première heure grâce à une efficacité supérieure sur une piste partiellement mouillée. Mais au fil des averses suivantes, tout s’est emballé au Mans. Au rythme des ravitaillements et des différences de stratégie, on a successivement vu Porsche, Cadillac et même Peugeot prendre la tête de l’épreuve. Une grande partie de ces challengers ont été écartés de la victoire soit en raison d’accidents, soit de problèmes mécaniques. L’une des deux Toyota a d’ailleurs été emportée dans un choc contre une GT maladroite. Mais au petit matin, l’autre jouait bien la victoire contre la meilleure des Ferrari. Face à une 499P plus rapide sur le sec, les pilotes de la Japonaise cravachaient pour garder le contact. Jusqu’à une sortie de piste avant la dernière heure de Ryo Hirakawa au volant de la Toyota GR010 numéro 8, fatale dans la lutte pour la victoire finale.
58 ans plus tard
Résultat, la Ferrari numéro 51 filait vers une victoire extraordinaire. Un coup d’essai transformé d'office dans la Sarthe, 58 ans après la dernière victoire au classement général d’une Ferrari (une 250 LM). Décidé en partie suite à la limitation du budget des écuries en Formule 1 afin de remobiliser ses effectifs, le programme de Ferrari en endurance est un triomphe historique. Les voitures de course de la marque au cheval cabré semblent d’ailleurs en état de grâce puisqu’il y a quelques jours, une 296 GT3 s’était déjà imposée aux 24 Heures du Nürburgring 2023. Signant de cette façon la toute première victoire d’une Ferrari dans la grande classique allemande ! Il s’agit de la dixième victoire au classement général des 24 Heures du Mans pour Ferrari, qui reste tout de même loin de Porsche dans les records : la firme allemande s’est en effet imposée à 19 reprises dans la Sarthe. Et maintenant, il faudrait recommencer à gagner en Formule 1 pour que la fête soit totale chez les Italiens. Le pilote de la Scuderia Charles Leclerc était d’ailleurs au Mans pour suivre la course.
Et sinon l'année prochaine aux 24 Heures du Mans, il y aura aussi Alpine et peut-être même Lamborghini, BMW et Acura...
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