L'art et la manière de la Pagani Utopia
Adrien Raseta, Cédric Pinatel , mis à jour
ESSAI VIDEO – Qu’apporte la Pagani Utopia dans l’univers des voitures les plus chères du monde ? Un mélange très pointu d’art, de sensations et de style qu’on ne trouve ni chez Bugatti, ni chez Ferrari, ni parmi les autres rares enseignes à proposer des machines aussi élitistes. Embarquez avec nous dans une virée étouffante au plus fort de la canicule italienne au contact d’une marque automobile dont certains vénèrent le créateur.
Sommaire
En BREF
99 exemplaires (coupé)
2,52 millions d'euros
864 chevaux
Seulement 1 280 kg à sec
Construire la voiture de ses rêves. Voilà le projet de vie audacieux d’Horacio Pagani, ingénieur talentueux né en Argentine et passé par des travaux spéciaux chez Renault avant de s’installer en Italie puis d'officier chez Lamborghini.
Initialement spécialisé dans les matériaux composites, il a chapeauté la conception de la Lamborghini Countach 25ème Anniversaire mais aussi de spectaculaires études de style, l’homme étant doublé d’un designer très inspiré.
Alors lorsque Lamborghini l’a écarté du projet de remplacement de la Diablo peu avant son rachat par le groupe Volkswagen, il s’est reporté sur sa propre marque. Après avoir créé le bureau d’étude Pagani Composite Research en 1988 puis Modena Design en 1991 et Pagani Automobili S.p.A. en 1992, il a réalisé son rêve. Les visiteurs du salon de Genève ont pu découvrir son tout premier modèle en mars 1999 : la Zonda C12.
Elle aurait initialement dû s’appeler « Fangio F1 » pour marquer son admiration du champion argentin et son profil, ainsi que sa partie arrière, rappellent furieusement la Lamborghini L30 de 1990, ce projet justement mené par Horacio Pagani. Agressive, excentrique, débordante, la Zonda C12 utilisait un V12 AMG de 6,0 litres de 394 chevaux sans turbos monté en position centrale arrière d’un châssis en fibre de carbone. Grâce à ce design percutant mais aussi à une conception sérieuse et même surprenante pour un si petit constructeur à l’époque, la Zonda a tout de suite trouvé sa clientèle (fortunée).
Évoluée à de nombreuses reprises jusqu’à sa fin de carrière en 2011 (et même bien après !), elle a laissé la place cette année-là à la Huayra passée à un V12 bi-turbo AMG de 6,0 litres : Mercedes ne fabriquait plus le V12 atmosphérique de la Zonda réalésé à 7,3 litres dans ses ultimes versions et cette architecture était aussi paraît-il plus facile à faire homologuer aux Etats-Unis.
Comme la Zonda avant elle, cette Huayra a évolué tout au long de sa carrière vers des modèles toujours plus puissants et performants (jusqu’aux 850 chevaux de la Huayra Imola). Production totale ? 150 exemplaires, après les 150 exemplaires de la Zonda. Ce qui nous amène enfin à l’Utopia, le troisième modèle de l’histoire de Pagani dont on parle aujourd’hui.
Longue de 4,6 mètres, large de 2,03 mètres et haute de 1,16 mètre, cette berlinette aux galbes très marqués évoque une Zonda plus trapue à laquelle on aurait ajouté une cellule de proto de Groupe C (souvenez-vous par exemple de la Sauber C9). Beaucoup plus complexe que la Huayra, elle fourmille de détails témoignant de toutes les inspirations d’Horacio Pagani. Des phares de Vespa jusqu’à certains éléments de la Renaissance qui le fascinent tant, cette création baroque aux traits si sophistiqués ne ressemble à rien d’autre qu’une Pagani.
Et il faut lever tous les capots pour bien prendre la mesure du travail de conception et de finition abattu au sein de la petite usine de San Cesario Sul Panaro (qui a déménagé et tout de même beaucoup grossi depuis la première visite de Caradisiac chez Pagani en 2009). Construite autour d’une monocoque en « Carbo-Titanium » et « Carbo-Triax » via des procédés brevetés et une fabrication dans les machines uniques au monde de l’usine, la voiture cumule au total 40 variétés de fibre de carbone différentes en fonction des propriétés voulues !
Les sous-châssis avant et arrière se composent d’acier tubulaire, la suspension utilise des doubles triangles et pour motoriser tout ça, on retrouve la dernière évolution du V12 bi-turbo AMG de 6,0 litres. Un bloc aux spécifications ajustées spécifiquement pour Pagani, aux caractéristiques différentes de celui qu’on trouve sous le capot de la Mercedes-Maybach S680. Au lieu de 612 chevaux, 900 Nm et d’un typage favorisant l’onctuosité dans cette dernière, celui dans la Pagani produit 864 chevaux à 6 000 trs/min et 1 100 Nm de couple de 2 800 à 5 900 trs/min. A l’heure des V12 atmosphériques Cosworth hurlants à plus de 10 000 trs/min (Aston Martin Valkyrie, GMA T50), cette architecture paraît vraiment singulière pour une supercar de ce rang sur le papier. Surtout avec une boîte manuelle à six vitesses dans l’équation, même si l’auto peut se configurer aussi avec une transmission manuelle automatisée à palettes au volant (30% des commandes d’après Pagani).
Du carbone, il y en a beaucoup dans cette Utopia qui ne pèse que 1 280 kg à sec malgré les 262 kg du moteur (et les 92 kg de la boîte de vitesses manuelle). Mais quand on pénètre à bord de cet habitacle encore plus excentrique que la carrosserie, c’est la présence de l’aluminium aux finitions extravagantes qui attire tout de suite le regard. Celui des pièces taillées dans la masse via des outils de pointe (on en compte 800 au total sur la voiture !), du volant de 1,7 kg usiné dans un bloc de 43 kg jusqu’aux habillages du combiné d’instrumentation en passant par cette fameuse commande de boîte manuelle, sa grille et toute sa tringlerie qui rappellent les mouvements à grande complication du monde de l’horlogerie.
Vous trouvez cet intérieur rouge un peu patiné ? Normal, sans doute, puisque ce prototype de développement cumule plus de 52 000 kilomètres au compteur. Sachant qu’un prototype de Zonda présent au musée de San Cesario Sul Panaro en affiche 550 000, il lui reste probablement beaucoup de choses à vivre. Et je vous assure que s’installer au milieu de tout ça, le corps transpirant en pleine canicule italienne, ça donne l’impression de vivre un grand moment. Et dire qu’on est là pour l’essayer !
Chiffres clés *
- Longueur : 4,597 m
- Largeur : 2,03 m
- Hauteur : 1,16 m
- Nombre de places : 2 places
- Volume du coffre : NC l / NC l
- Boite de vitesse : Méca. à 7 rapports
- Carburant : Essence
- Taux d'émission de CO2 : 468 g/km
- Malus : 60000 €
- Date de commercialisation du modèle : Septembre 2022
* A titre d'exemple pour la version 6.0 V12 864.
Le bonus / malus affiché est celui en vigueur au moment de la publication de l'article.
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