Honda et Nissan au bord du divorce avant même leur mariage
L'INFO DU JOUR - Les deux constructeurs japonais qui devaient fusionner et former le troisième groupe mondial sont au bord de la rupture. En cause : la gourmandise de Honda qui ne souhaite plus fusionner, mais racheter purement et simplement Nissan.
L’histoire était trop belle, et ses protagonistes affichaient un sourire un peu trop forcé. Lancée peu avant Noël, la maxi-fusion entre Honda et Nissan devait former, d’ici le printemps, pas moins que le troisième groupe automobile mondial, juste derrière Toyota et Volkswagen.
Sauf que les négociations en vue de ce rapprochement sont en train de virer au fiasco. Selon le quotidien économique japonais Nikkei, l’affaire pourrait tout simplement ne jamais être signée. On savait depuis quelques jours que Mitsubishi, le troisième larron de ce qui était en fait un triangle amoureux, émettait le vœu de continuer en solo, de peur d’être fondu dans cette grande fusion. Mais c’est aujourd’hui au tour de Nissan de faire sa mauvaise tête et de menacer de rompre les fiançailles. Mais qu’est-ce qui justifie ses réticences des deux marques dans ce rapprochement avec Honda ? Son appétit, apparemment.
Un rachat plutôt qu'une fusion
C’est que les actionnaires de la marque ont poussé son PDG, Toshihiro Mibe à exiger le leadership du nouveau groupe. Une simple poussée d’ego ? Pas vraiment. Si Honda vend annuellement peu ou prou autant d’autos que Nissan, la valorisation des deux entreprises n’a rien à voir. En fait, le premier vaut près de 5 fois plus que le second, d’où, bien évidemment, le manque d’enthousiasme des investisseurs à voir leurs actions plombées par Nissan, plutôt mal en point.
À moins que Honda ne soit le véritable patron de l’opération. Mieux : que la constitution d’une future holding, ou chacun retrouverait ses billes, ne se transforme en un rachat pur et simple et que, in fine, Nissan ne soit plus qu’une filiale de Honda. C’est ce que Toshihiro Mibe a proposé en fin de semaine dernière au cours d’une énième réunion de négociation.
Mais la pilule est très mal passée chez Nissan. D’autant que le prix de rachat proposé est apparemment au plus bas, même s’il n’a pas fuité. Un tarif au ras des pâquerettes qui ferait évidemment dégringoler la cote du racheté, ce qui n’est pas du tout du goût de Renault.
Car le losange détient toujours près de 35% des parts du Japonais, héritage des années de l’Alliance. Luca de Meo souhaite s’en débarrasser, mais pas question de les brader, d’où les coups de fil et de pression entre la France et le Japon puisque Renault est l’un des gros décisionnaires dans ces tractations.
Résultat : selon Nikkei, Nissan aurait jeté l’éponge et mis fin aux fiançailles. Et ce qui n’est pas encore une information officielle pourrait le devenir très vite puisque les deux marques concernées doivent réunir leur conseil d’administration dans les heures qui viennent.
Retour à la case départ
Sauf que si chacun rentre chez soi sans conclure un quelconque accord, les problèmes subsistent toujours. Notamment chez Nissan qui doit juguler à la fois ses baisses de ventes et de cotation boursière. La marque de Yokohama doit également faire face à son retard en matière d’électrification, un défaut qu’elle partage d’ailleurs avec Honda. Sauf que ce dernier n’a pas subi une débâcle de ses ventes de la même ampleur, et qu’en plus, il peut compter sur sa division moto qui représente tout de même 40% de ses revenus.
Il n’y aucun hot road Nissan et la vénérable maison n’a pas trop d’échappatoire financier. Elle doit trouver un investisseur, même si ce n’est pas à n’importe quel prix. Un investisseur qui pourrait prendre la forme du Chinois Foxconn. Le gouvernement Japonais a refusé son offre à plusieurs reprises mais le fabricant de l’IPhone a eu vent de la rupture des négociations et repointe le bout de son nez et de ses sous. Une solution qui pourrait bien arranger Renault prêt à vendre ses actions à Foxconn. À condition que le gouvernement japonais en finisse avec la très ancienne querelle sino-japonaise.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération