2. Harley Davidson Road Glide 2024 - Sur la route : imperfection assumée

Avec presque 380 kg pleins faits sur la balance, la Road Glide 2024 appartient au club des motos les plus lourdes de la production. Et même si nous sommes accoutumés à ce genre de machines, l’ergonomie très particulière imposée par le guidon d’origine complique incontestablement la prise en main.

Ainsi, même si le centre de gravité est bas, les poignées de guidon hautes et la selle très basse rendent les manœuvres à vide plutôt hasardeuses. La marche arrière étant absente, même déplacer la moto en selle s’avère compliqué.

Guidon demi-chopper

Les kilogrammes d’acier des Harley Davidson s’effacent généralement à allure lente, cette Road Glide demeure néanmoins plutôt fatigante à conduire à très basse vitesse quand on n’est pas accoutumé à ce genre de guidon. Aussi, peut-être à cause de la position basse des poignets par rapport aux doigts, débrayer sur la Road Glide est apparu nettement plus difficile que sur la Street Glide empruntée juste après. L’embrayage paraissait beaucoup plus dur alors que le dispositif est identique.

M8 version plus

Le moteur n’est pas fondamentalement différent du 117 ci des modèles 2022 : sa souplesse permet de cruiser en sixième à 80 km/h (1 800 trs/mn) mais il tracte en force et sans transition entre 2 300 trs/mn et 5 000 trs/mn (nous avions décelé une petite transition à 4 000 trs/mn sur les moteurs 2022). Il est certain que le système de calage variable de l’arbre à came VVT découvert sur le VVT 121 des CVO renforcerait nettement les bas régimes mais cette évolution n’est pas encore généralisée même si on peut l’imaginer pour le millésime 2025…

Aussi, la boîte de vitesses accepte-t-elle les passages de rapport à la volée, ce qui permet de moins solliciter le levier gauche ! Les trois modes de conduite préréglés en modifient très sensiblement le caractère : plutôt brutal en mode « Sport », il est plus équilibré en mode Road et particulièrement doux et docile en « Rain », un mode largement utilisé lors de notre essai… qui nous a permis de constater que les pneumatiques d’origine ne sont pas les plus accrocheurs sur le mouillé : le contrôle de traction est assez souvent dépassé lors du pic de couple et lors des passages de rapport sans débrayer.

---

L’autre différence par rapport au moteur 2022 réside dans l’apparition d’un système de refroidissement liquide des culasses : le dégagement de chaleur du gros bloc US reste sensible du côté droit, même par 22°C, aussi, la ventilation fonctionne presque en permanence en ville, se manifestant par un bruit plutôt désagréable.

Confort en hausse

La machine n’est pas sportive mais sa tenue de route est néanmoins excellente, la Road Glide 2024 ne louvoie pas et ne se relève pas quand on freine sur l’angle. Aussi, le confort de suspensions sur mauvaises routes est bien meilleur que par le passé même s’il n’atteint pas le niveau offert sur les versions CVO.

La garde au sol est améliorée mais les marche pieds frottent allègrement quand les virages se resserrent !

---

Le freinage combiné est puissant mais le levier paraît difficile à actionner, sans doute à cause de la position de la main droite (un effort moindre est nécessaire en Street Glide) : solliciter l’arrière est quasi impératif pour freiner efficacement la masse de la Road Glide, mais comme souvent sur les Harley Davidson, la pédale est un peu trop haute.

---

En ce qui concerne la protection, les nombreux roulages sous la pluie auront mis en évidence l’efficacité du demi-carénage Road Glide et des déflecteurs latéraux articulés : le haut du corps est remarquablement abrité ainsi que le bas jusqu’aux genoux. Les jambes sont cependant particulièrement exposées aux éléments, et les commandes avancées obligent à conserver une position jambes tendus qui réduit l’efficacité des pantalons de pluie : bottes obligatoires !

Et la Street Glide ?

Nous avons aussi essayé la Street Glide 2024 pour comparer. Et même si cette dernière est plus légère de 12 kg, nous l’imaginions moins agile en raison du carénage « bat wing » (aile de chauve-souris) solidaire des tubes de fourches, alors que le « shark nose » des Road Glide est fixé du châssis, laissant la direction libre. Dans les faits, la Street Glide de 2024 est apparue beaucoup plus dynamique alors que la géométrie est la même ! Pourquoi ? Sans doute parce que le guidon plus plat et plus étroit offre un contrôle d’autant plus direct du train avant que le guidon « chopper » des Road Glide est monté sur silent bloc caoutchouc. Peut-être aussi que l’avant plus compact influe moins sur la dynamique de la moto. En tout cas, la Street Glide nous a paru presque joueuse alors que la Road Glide est beaucoup plus sage. De plus, son embrayage s’est montré beaucoup moins difficile à actionner et son levier de frein, plus facile à actionner : la position plus naturelle des mains permet sans doute d’appliquer plus de force avec les doigts. Revers de la médaille, la protection aérodynamique est nettement moindre, la tête et les épaules sont exposées (pilote de 1 m 84). Aussi, au-dessus de 150 km/h sur l’ange, sur autoroute allemande, une très légère tendance au louvoiement est à noter, le flux d’air appliqué à l’aile de chauve-souris se répercutant directement sur la direction.