Gaz polluants : les constructeurs demandent des délais
Bien que mis sur la sellette à cause de leur façon d’appréhender les tests d’homologation portant sur les normes antipollution, les constructeurs automobiles européens ont demandé un report de l’entrée en vigueur de la réglementation portant sur les limites d’émissions de polluants en conditions réelles de conduite. Une démarche faite auprès de la Commission européenne vent debout contre cette industrie qu’elle voudrait mettre au pas. La réponse n’a donc pas été surprenante.
Résumons : un scandale Volkswagen au sujet d’une manipulation par le constructeur sur les moteurs de sa gamme diesel afin de les rendre vertueux au regard des normes antipollution. Des doutes déontologiques sur les autres marques dans ce cadre d’opération d’homologation. Le tout dans une conjoncture marquée par une charge des politiques sur tous les véhicules carburant à une énergie fossile accusés d’être les principaux auteurs d’un air à ce point devenu irrespirable que la circulation alternée dans les villes est imposée. Ce n’est rien de dire que l’industrie automobile a plutôt intérêt en ce moment à faire profil bas. Pourtant, c’est tout le contraire. Elle a décidé de monter au créneau face à la Commission européenne.
Pourquoi ? À cause de la "RDE". Un trigramme qui veut dire « real-driving emission ». Il s’agit de tests de mesures d'émission de gaz polluants en condition réelle de conduite. La norme RDE fixe des limites d’émissions supérieures à la norme Euro. Pour les NOx, cette limite est à 168 mg/km en 2017, pour les véhicules d’un nouveau type, puis en 2019 pour tous les véhicules neufs, contre 80 mg/km dans le cadre d’Euro 6. Puis, deux ans plus tard, cette limite descendra à 120 mg/km.
Mais très peu de constructeurs respectent la norme Euro, que ce soit en conditions réelles de conduite comme en laboratoire. Lorsque ce n’est pas un véhicule préparé pour le test d’émissions. Pour les constructeurs, le problème tient en réalité aux limites qui seront fixées pour les particules et qui devraient obliger les constructeurs à utiliser des filtres à particules sur leurs véhicules essence.
De fait, le président de l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) a envoyé une lettre au vice-président de l'exécutif européen, Frans Timmermans, pour obtenir des "délais de production plus raisonnables" et de "réexaminer le calendrier". "La Commission propose une législation avec des conséquences majeures pour la production qui ne donnera que quelques mois à l'industrie pour s'y soumettre", explique l'ACEA dans un communiqué. "La Commission européenne a choisi d'introduire cette législation complexe sous forme de multiples paquets, avec pour conséquence que toute planification par les constructeurs de véhicules est devenue une tâche presque impossible", déplore enfin l'ACEA.
La Commission a répondu par la voix d'une porte-parole, Lucia Caudet : "notre message aux constructeurs est très clair, vu que la problématique est bien connue, et notre travail sur le sujet aussi depuis un bon moment, ils devraient déjà être en train de concevoir des voitures qui visent à limiter les émissions de telles particules, en introduisant les filtres nécessaires comme ils l'ont déjà fait pour les voitures diesel. Le problème de la pollution de l’air et la détermination de la Commission européenne pour mettre en place des tests d’émissions plus stricts sont connus de tous. On nous reproche souvent d’être trop lents et là on nous reproche d’aller trop vite. C'est une question de santé publique et nous n'avons pas de temps à perdre."
On rappellera que la Commission européenne a mis en demeure sept États membres pour ne pas avoir rempli leurs obligations après le scandale des moteurs truqués de Volkswagen. De même, elle a dû regretter le rejet par les ministres européens de son idée d’un Centre commun de recherche en vue d’inspecter les véhicules indépendamment des tests menés par les autorités nationales.
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