Faut-il interdire les trottinettes électriques ?
Une étude pointe les innombrables dangers auxquels sont soumis les utilisateurs de trottinettes électriques, lesquels s’affranchissent encore trop souvent des règles en matière de sécurité routière.
Si vous avez circulé en voiture en Ile-de-France ce lundi matin, vous avez peut-être été partie prenante des 475 km de bouchons cumulés répertoriés par la Direction des routes (source Sytadin). La valeur exceptionnellement élevée de cette thrombose vous a peut-être poussé(e) à envisager l’achat d’une trottinette électrique.
Mais avant de franchir le pas, nous vous incitons à la plus grande méfiance. Non qu’il faille défendre à tout prix l’automobile toute-puissante, mais tout simplement parce qu’il s’agit d’un moyen de transport extrêmement dangereux.
La société allemande Dekra, référence en matière de sécurité des véhicules, publie ce jour un rapport consacré à la question.
Après avoir rappelé que 630 engin de déplacement personnel motorisé (ou EDPM) avaient été impliqués dans des accidents ayant entraîné le décès de 10 personnes, chiffre auquel s’ajoutent 554 blessés (chiffres issus de bilan de la Sécurité routière 2019), l’organisme s’est penché sur tous les risques inhérents à l’usage de ces véhicules.
Sans surprise, le premier facteur de danger tient au comportement de l’utilisateur. Le problème tient au mauvais respect du code de la route, conséquence du fait que les trottinettes électriques soient accessibles sans permis, et au non-port du casque (celui-ci n'est obligatoire que pour circuler hors agglomération) par nombre d’utilisateurs : « l’Allemagne qui a autorisé ces véhicules à la mi-juin 2019 a constaté au 1er trimestre 2020, juste avant le confinement, un accroissement du nombre d’accidents », explique Dekra.
« Le constat est le même aux États-Unis où une étude menée entre le 5 septembre et le 30 novembre 2018 à Austin (Texas) a également attiré l’attention. En 87 jours, il y a eu 192 blessés. Moins de 1 % portaient un casque, presque 50 % d’entre eux ont été blessés à la tête ».
En outre, l’étude américaine indique que « plus de 60 % des blessés ont indiqué que l’accident s’était produit entre la première et la neuvième utilisation ».
Au non-port du casque s’ajoute souvent un problème de visibilité pour les automobilistes. En 2019, tous les utilisateurs d’EDP tués l’ont été entre 20 h et 7 h du matin. Dans le même temps, cette tranche horaire n’a concentré « que » 21% des tués et blessés parmi les cyclistes, plus précautionneux en matière d’éclairage (l’éclairage est pourtant obligatoire sur les EDPM).
De son côté, la Sécuritré routière précise que si "le nombre d'usagers tués en trottinette électrique ou autre engin de déplacement personnel motorisé est stable en 2020, le nombre de blessés augmente de 40 %, traduisant également une augmentation de la pratique à partir du premier dé-confinement. Ce nombre est encore 5 fois inférieur au nombre de blessés à vélo en milieu urbain."
L’étude évoque également les problèmes de cohabitation avec les piétons quand les EDPM circulent sur les trottoirs (ce qui arrive encore trop souvent), mais aussi avec les vélos et, bien sûr, avec les automobilistes.
Quand une trottinette circule à 25 km/h sur une départementale et ralentit toute une file d’automobilistes qui se rendent au travail (expérience vécue à plusieurs reprises par votre serviteur), on se dit que le concept de partage harmonieux de la route tient encore de la douce utopie…
D’autre part, l’étude Dekra pointe un autre risque : l’état de la chaussée. En effet, affronter un nid-de-poule en voiture et en trottinette n’a pas le même impact.
Enfin, toutes les trotinettes ne freinent pas avec la même efficacité. Les experts Dekra ont comparé le freinage d’un modèle conventionnel, équipée d’un seul frein à pédale pour la roue arrière, avec celui d’une trottinette électrique d’un modèle standard avec des freins à tambour : « lors des essais de freinage sur chaussée sèche, la trottinette conventionnelle a atteint une distance de freinage moyenne de 9,70 mètres (19,25 mètres sur chaussée mouillée) soit plus du double que la trottinette électrique »
On le voit, la multiplication des EDPM constitue un sacré défi pour les autorités. 640 000 unités en ont été vendues l’an dernier dans l’Hexagone, chiffre en hausse 34% par rapport à 2019 (chiffres issus du baromètre Smart Mobility Lab).
Aujourd’hui, on compterait quelques 2 millions d’utilisateurs de trottinettes électriques, des usagers qui évoluent dans une sorte de zone grise en matière de sécurité routière.
En France, rappelons que le port du casque sur un EDPM n’est que recommandé par le code de la route, ce qui apparaît clairement comme une aberration. A plus forte raison dans un pays où les radars automatiques vous flashent pour 1 km/h d’excès alors que vous roulez à 130 par beau temps sur une autoroute.
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