2. Essai - Yamaha Ténéré 700 : plus qu'un trail !
Pour les 1,75 m et plus, monter sur la selle de la Ténéré 700 est une pure formalité. Pour les plus petites jambes, il faudra composer avec une hauteur modérée par un amortissement souple, mais ne permettant pas de poser intégralement les pieds au sol. L'école du trail apprend quoi qu'il arrive à ne poser qu'un pied au sol… et à s'élancer rapidement. Une manœuvre facilitée par l'entrain du moteur. À sa mise en route, on est immédiatement surpris par le volume sonore émis, assez important, mais surtout par la sonorité de monocylindre évoquée. Même les pulsations ont un petit quelque chose de puissant et de communicatif comme seuls les trails savent transmettre. Premier constat donc : la T7 ne fait pas semblant d'être un trail, comme on s'en serait douté.
Essai Yamaha Ténéré 700 : Comme à la maison
Quelques mètres suffisent à comprendre et à assimiler ce qu'est la nouveauté 2019. Une nouvelle fois, Yamaha sort ce qui devrait être un carton commercial avec la même recette que les petites sœurs également équipées du moteur CP2 : de l'agilité, du fun, une personnalité visuelle et moteur, mais surtout, du caractère et cette fois-ci quelque chose en plus. En plus de ce que l’on peut déjà trouver sur une MT-07 par exemple, la plus abordable des motos sur base de CP2. Ce truc en plus, ce sont les 2 600 € de pur plaisir matériel qui font que le tarif de la Ténéré 700 se situe à 9 699 € là où celui de la MT-07 est de 7 099 €.
Chaque Yen investi dans le développement et surtout dans l'équipement de la T7 se ressent. À travers les suspensions, pour commencer. Deux éléments de qualité, que l'on peut régler et qui constituent autant d'atouts au quotidien, quel qu'il soit : Urbain, Sport, GT ou encore Off Road. Le confort est là, tout comme le grand débattement des suspensions : 200 mm à l'arrière et 210 à l'avant. Le mono amortisseur apparaît un peu plus ferme, tandis que chaque dos d'âne (et qu'ils sont nombreux en France !) s'absorbe avec facilité. Cela dit, on en vient rapidement à ne plus avoir qu'une ou aucune roue au sol au moment de les franchir… Un vrai cabri, cette T7. Et comme un rien. Juste un coup de gaz. Et ça décolle en toute sécurité et sérénité. Tout devient prétexte à amusement, à plaisir, à fantasme aussi. Chaque petit relief de la route, chaque chemin croisé. Ceci grâce au moteur également, décidément très bien dimensionné et exploité.
Yamaha Ténéré 700 : Les joies du non assisté et de la liberté
L'injection calibrée au poil, mais surtout la distribution du couple et de la puissance sont un excellent mix entre sensations et agrément. De la douceur, on en a dès les premiers mètres parcourus. De la force, aussi, qui intervient sans excès, toujours à juste titre, pour offrir une reprise immédiate, placer la moto sur une trajectoire ou encore grimper un "obstacle". La souplesse, on la découvre rapidement en évoluant à 35 km/h sur le dernier rapport ou en ne sentant aucun cognement à bas régime, même sur les rapports intermédiaires. Vient aussi une allonge surprenante, que l'on n'exploite pas immédiatement, ne la soupçonnant pas si l'on oublie que ce moteur est aussi monté sur l'un des plus turbulents roadsters actuel. Alors on roule.
Le compteur s'affole vite. La montée en régime a beau sembler linéaire, même si on devine qu'elle se renforce au fur et à mesure jusqu'aux alentours de 10 000 tr/min, elle n'en est pas moins fougueuse. Les sensations de vitesse permises par un cockpit étroit sont autant de bonnes références : quand on a l'impression que ça file, c'est que ça file ! On peut ainsi déjà rouler sur départementale à fond de première, dépasser sur nationale à 2x2 voies et muret central au rupteur en seconde, et cravacher sur autoroute lorsqu'il sera temps de passer un 4ème rapport prompt à atteindre le 180 km/compteur sur circuit touristique. Ce qu'il se passe ensuite ? On consomme, pardi !
Économique, avec environ 5 l/100 km dans la mesure d'une conduite mixant les usages (trajet maison/boulot, balade le week-end, petite arsouille de temps à autre sur les trajets), on affiche rapidement une consommation plus élevée en cas de rythme très élevé. C’est-à-dire ? Conduite en montagne en mode supermotard (elle peut le faire), portions d'autoroutes allemandes (elle peut aisément y aller), ou encore si l'on ne parvient pas à conserver son sang-froid aux feux, en cas de compétition avec les autres motards. Bref, si l'on joue les Joe Bar dans toute la noblesse du terme et de ce qu'il représente, les 16 litres du réservoir auront tôt fait de s'envoler (un peu de plus d 200 km tout de même).
N'oublions pas que dans Joe Bar Team, justement, il y avait une Yamaha 600 XTE montée en supermotard. Celle de Paul Posichon, dit Paulo les Gaz. Tiens, en parlant de supermotard. Certes, la roue de 17 pouces avant fait ici défaut, et il convient de bien chauffer les carcasses des pneumatiques Pirelli Rally avant d'attaquer l'exercice, faute de se retrouver avec un avant flottant et un arrière glissant, mais l'exercice est largement permis. On a d'ailleurs vite envie de sortir la jambe, histoire d'aller avec le style de la moto. Et on prend une fois encore plaisir.
Yamaha Ténéré 700 : Un défaut, de nombreuses qualités
Une sportive passe dans un enchaînement de petits virages ? On s'accroche à son train arrière, profitant de l'aisance à passer d'un angle à l'autre dans un tassement de suspensions pour vérifier si les 200 kg en mouvement sont suffisamment agiles et si la roue de 21 pouces tire toujours la traj' vers l'extérieur. C'est le cas. Alors on essaye de ne pas brusquer ou verrouiller l'avant, toujours peu bavard sur sa tenue, et on enquille du pif et du paf en souplesse, fut elle aussi de suspensions. On se dit que cette Ténéré 700 est talentueuse, qu'il ne lui manque rien. Ou presque.
Lorsque l'on est moins mobile en selle, ressort un "défaut" principal : la proéminence du carter droit au niveau du mollet et la production de chaleur induite. Les motos asymétriques à ce point, c'est désagréable quand on serre les pieds, les jambes. Bien assis, les genoux peinent à se caler et restent dans un creux sous le réservoir, lequel se montre glissant une fois debout. La position des bras est cela dit agréable, confortant le discours de Yamaha prétendant qu'elle a été développée en tenant compte des remarques des professionnels de l'enduro, et la stabilité au rendez-vous.
Yamaha Ténéré 700 : Meilleure Off que On Road ?
Sur ce nouveau terrain, on prend ses aises, ses ailes et même son envol, une fois de plus. Dans le chemin caillouteux qui coupe par les champs une route jusque-là connue, on profite d'un sentiment de liberté retrouvée, d'un nouvel horizon et de sensations sobres et pures. Celles de se déplacer simplement, "gentiment", au son du poumpoum de l'échappement et au râle de l'admission d'air, décidément très agréables, profonds et dynamiques. Préalablement passé en mode Off Road, on nivelle le terrain sans même y penser. Une fois encore, on a l'impression de dominer son sujet, bien mieux qu'on ne le ferait avec un maxi-trail surpassant de 40 à 60 kg ce que l'on a entre les jambes.
La puissance moteur est une fois encore gérable, bien dosée, la moto devient démonstrative au possible et contrôlable à loisir. La Ténéré est ici dans son élément. Les suspensions se raffermissent sur les grosses compressions, sans jamais être dépassées. La T7 impressionne. Elle donne envie d'exploiter son potentiel, de s'envoyer des sauts, de tenter, de tester, de faire plus que ce que l'on oserait en temps normal avec une moto également faite pour la route.
De retour en ville, le remonte file contraste avec le plaisir pris peu de temps avant. Pourtant, on domine les rétroviseurs, on trajecte avec précision entre les files, on profite du répondant moteur et de cette posture de conduite relaxante. Tiens, aucune douleur n'est venue se manifester lors de ce roulage. Trop court, peut-être, mais prometteur quant à la capacité d'aborder un plus long voyage. Car s'il est bien un autre bénéfice à cette motorisation bicylindre, c'est sa robustesse sa capacité à supporter longuement les régimes moteur élevés. Finalement, la nostalgie du mono a carbu n'a pas tant lieu d'être lorsque l'on est au guidon de la Ténéré 700. Pas plus que l'on ne se dit qu'elle aurait été meilleure avec un anti patinage ou toute autre assistance que l'on prend un malin plaisir à désactiver pour rouler pleinement.
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