2. Essai Triumph Tiger 800 XRt et XCa 2018 : ...mais étrangers par l'éducation

Les conditions d’essai ont été un peu particulier à cause du temps exécrable de la première journée, mais au final s’est révélé le meilleur test pour ce type de machine, avec un premier roulage sur des routes marocaines défoncées, des traversées de petits villages et un deuxième test 100% off-road avec des conditions à la fois idylliques mais aussi difficiles à cause du terrain boueux.

Nous avons eu l’occasion de tester les deux versions et il apparaît que la version XR est bien plus accessible aux petites tailles que le XC, et ce même en version basse. On pouvait se douter que la version XC est haute, mais elle l’est plus que nous pouvions l’imaginer. En revanche, les déplacements à l’arrêt se font plutôt bien malgré le poids perché en hauteur et un rayon de braquage plutôt petit, cette moto montre un bon équilibre des masses. À bord, la selle est un peu ferme et on peut vraiment se demander si le confort sera au rendez-vous sur les longues distances. Mention spéciale aux grandes poignées passagers qui donnent des vrais points d’accroche. La position est comme on peut se l’imaginer, droite avec un guidon large et des boutons qui tombent bien sous la main. En position off-road, mon mètre soixante-dix permet de ne pas être trop plié sur l’avant et de pouvoir gérer la machine aisément avec le corps. Dès les premiers tours de roues, on sent que la protection est là. La large bulle, les pares mains et les déflecteurs font leur travail en ne laissant que les épaules exposées.

Bien que la prise en main soit facile, la Tiger donne un peu de mal à l’appréhension de la machine. Sensation augmentée avec la roue de 21 pouces qui engage la moto au moindre virage. Cela risque de perturber les débutant au passage. À l’inverse le XR, est plus doux à la manipulation et plonge bien moins dans les virages. Et quand on passe de l’une à l’autre, le XR en deviendrait presque pataud. Mais il s’agit là d’une impression qui disparaît rapidement. Bref, on devine vite que le XR sera bien plus facile pour un jeune permis que la version XC.

On notera le progrès sur la gestion de la boîte de vitesse avec un étagement propre et un feeling bon au levier. Conjuguée ça au moteur onctueux et cela donne un vrai agrément de voyage. Si certains peuvent lui trouver un manque de peps, surtout sur le mode rain/road, il mettra en sécurité et permettra de ne pas lutter avec lui sur les longs trajets. Sa montée régulière dans les tours permet d’enrouler sans se poser de question avec une préférence sur les mi-régimes. En revanche sur les modes Enduro et Enduro Pro, la première et la seconde permettent vraiment de se lancer sur des terrains difficiles et un sol meuble. Bref, les trois cylindres n’est pas un grand sportif, mais sera un compagnon de route dans lequel on a confiance.

La partie cycle se révèle la meilleure partie de ce nouveau Tiger, surtout dans sa version XCa. La conception globale conjuguée aux assistances qui veillent permet de donner confiance en la moto, surtout sur les routes glissantes sur Maroc. La version XCa donnera plus de souplesse sur les déformations de la route épargnant le bas du dos et la roue avant lui donnera bien plus de vivacité sur les changements d’angles rapides. On sait où on met les roues ! La version XR en revanche, engagera moins et les suspensions seront plus dures, mais offriront plus de précisions sur la mise sur l’angle et permettront plus de stabilité sur les grandes portions roulantes.

Le système de freinage fait parfaitement le travail, avec une attaque progressive et un bon mordant. Seul le levier peut parfois se montrer spongieux et le levier de frein au pied un peu loin pour les petits pieds en roulage Off-Road.

C’est dans le roulage Off-Road que le XCa révèle tout son potentiel. Les 208 kilos à sec se font discrets, même à basse vitesse. Ils vous rappellent à leurs bons souvenirs uniquement quand il faut se sortir d’un bourbier ou qu’il faut la relever ! Mais son plus gros point fort reste son accessibilité pour la pratique du chemin et surtout son équilibre, elle s’adapte et pardonne beaucoup. Il suffira de quelques kilomètres de pistes pour découvrir tout son potentiel. Montée en Pirelli Scorpion Master, elle passe très vite partout, surtout avec le mode Enduro qui donne un vrai coup de main sur les passages difficiles et donne de la motricité. exempt d’à-coup, le moteur libéra l’esprit du motard qui pourra vraiment se concentrer sur son pilotage. Les suspensions souples nous laissent comme sur un nuage sur les pistes roulantes, basculant le corps à droite et à gauche pour tourner, tout en se laissant porter sur les mi-régimes profitant du paysage désertique. Contrairement à l’Enduro Pro, le mode Enduro laisse un peu d’ABS et une touche de TC pour assurer les plus frileux. Sur les passages beaucoup plus abrupts il faudra complètement les déconnecter pour passer. Et même si nous avons passé des chemins particulièrement boueux, il est dommage de voir que le garde-boue avant est placé beaucoup trop bas et peine à évacuer la terre jusqu’à bloquer la roue avant quand le passage est complètement congestionné de terre.