Entre Prost et Senna, le duel continue par série télé interposée
Les meilleurs ennemis de la F1 sont de retour avec une fiction en six épisodes qui retrace la vie d'Ayrton Senna et un documentaire qui revient sur celle d'Alain Prost. Pas de drapeau ni de chrono à l'arrivée de cette ultime course, mais une parfaite égalité de qualité.
On les surnommait « Prostichon », contraction de Prost et ronchon, et « Becco » nom affectueux que ses proches donnaient à Ayrton Senna. Trente ans après la mort de l’un et le départ à la retraite de l’autre, leur rivalité n’en finit pas d’incarner tout ce que la F1 avait d’épique à l’époque, comme si ce sport s’était définitivement arrêté, un après-midi de mai 1994, dans le virage de Tamburello.
Les deux larrons sont de retour par écran interposé, mais avec des moyens différents. Côté Senna, la saga est une fiction, avec une série en 6 épisodes disponible sur Netflix. Évidemment, on connaît le début, avec un gamin surdoué et capable, à dix ans, de piquer la Chevrolet Impala de son papa. On connaît la fin aussi, et le drame d’Imola.
Dans le baquet d'Ayrton Senna
Évidemment, l’affaire est plus hagiographique que critique. Mais on se laisse embarquer dans le baquet des Toleman, Lotus, Mclaren et Williams ou Ayrton Senna aimait resserrer les sangles qui l’attachaient au siège, au plus près de la voiture et de la piste. On est dans la voiture, près des pédales, près des vibreurs comme rarement.
Les grands prix mythiques du Brésilien défilent, comme celui de Monaco en 1984, celui de Suzuka en 1988 ou encore la terrible et première victoire arrachée à Interlagos au Brésil en 1991. Cette course que Senna termine, avec un sixième rapport bloqué, en tétanie complète et à l’issue de laquelle il n’a presque plus la force de soulever le trophée.
Dans cette série, comme dans toutes les séries, il faut un méchant. Et c’est feu Jean-Marie Ballestre qui endosse le rôle. Le président de la FIA de l’époque s’y révèle presque aussi fourbe que le vrai, c’est dire le réalisme de la fiction. Alain Prost, lui aussi est de la partie et, malgré les coups tordus qu’il oppose à la fougue de son compère (et qu’il dément aujourd’hui encore), il s’en tire bien, sauvé par les scénaristes au moment de la fin, éminemment tragique.
Dans la tête d'Alain Prost
Hasard du calendrier des programmations ou énième joute avec son meilleur ennemi ? Toujours est-il qu’en parallèle, à partir du dimanche 8 décembre, Canal+ diffuse une autre série, elle aussi en 6 épisodes. Mais c’est un documentaire et pas une fiction, comme si Prost le pragmatique s’opposait encore une fois à Senna le romantique.
Dans ce doc, on découvre un autre Prost, celui qui se souvient, de l’enfance, de la grand-mère rescapée du génocide arménien, du frère malade qui décédera quelques années plus tard. Un Prost des débuts aussi, ceux du hasard qui l’amène au kart pour une course qu’il remporte avec un bras dans le plâtre et qui fait naître une vocation : celle de la victoire.
Car en fait, la vision parallèle des deux séries, sobrement intitulées Prost et Senna, et malgré la différence de traitement appliqué aux deux pilotes, impose une évidence. C’est un même ressort qui pousse le plus grand pilote brésilien de tous les temps, et le plus grand pilote français de tous les temps aussi. Entre le professeur pragmatique et le Brésilien mystique, le sacrifice absolu était similaire durant leur carrière. Tout ce qui ne rentre pas dans le cadre d’une voiture et d’une piste était superflu et la mort accessoire. Le lourd prix à payer pour arracher un ticket d'entrée dans la légende.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération