En roue libre : un break Volvo et tout devient plus beau
Le long-métrage de Didier Barcelo se déroule presque entièrement à bord, ou à côté, d'un break Volvo 240 jaune. Un road trip en voiture de plus dans la grande tradition du cinéma ? Sauf que celui-ci est servi par des comédiens exceptionnels, et par une réalisation étonnamment juste et mature pour un premier film.
Et un de plus. Encore un road trip qui se déroule presque exclusivement en voiture. Un film qui, et il est loin d'être le premier, réunit deux personnages que tout oppose, une quinqua paumée sujette à de terribles crises d'angoisse, et un jeune délinquant. Tout les oppose et bien évidemment, tout va les rapprocher.
Mais En roue libre est différent des autres comédies dramatiques véhiculées. De par le ton parfois tragique, parfois drôle et parfois carrément fantastique que son réalisateur, Didier Barcelo s'emploie à appliquer pendant les 1 h 30 de son film, une longueur devenue rare au cinéma.
Une quinqua angoissée et un braqueur sous-doué
L'histoire qu'il raconte est certes intéressante, mais elle n'a rien de bien inhabituelle dans un film. Louise (Marina Foïs) la cinquantaine divorcée est infirmière et surtout, sujette à de profondes crises d'angoisse. L'une d'elles la terrasse dans sa voiture, ou plutôt celle de son père : un break Volvo 240 jaune tournesol. Elle est incapable de sortir de l'habitacle, totalement prostrée, lorsque Paul (Benjamin Voisin) déboule, armé d'un calibre. Son idée fixe : se rendre au Cap Ferret. Et comme il est moyennement doué pour la cambriole, la seule voiture qu'il parvient à voler, c'est la fameuse Volvo déjà occupée. Le voilà donc parti avec son encombrante passagère.
Évidemment, à force de confrontations, notamment musicales, avec une étonnante scène de choix de cassette, puisque la Volvo d'époque n'a pas de lecteur CD et encore moins de Carplay. Louise préfère Véronique Sanson au rap de Paul. L'affaire s'arrangera après quelques confessions intimes, allégées par une forte odeur de cannabis. Nos deux héros vont finir par devenir complices, par se découper un toit ouvrant à la tronçonneuse et croiser quelques personnages presque aussi largués qu'eux, dont un psy qui aurait pris sur lui toutes les névroses de ses patients.
Incongru, parfois surréaliste voir fantastique, le film tient la route grâce à l'énorme talent de ses deux comédiens principaux. Benjamin Voisin, après sa performance dans Illusions perdues de Xavier Giannoli, confirme ici qu'il entre dans la petite sphère réservée des grands comédiens français. Quant à Marina Foïs, elle prouve une fois de plus que son registre est ultra-large, et que, du tragique au comique déjanté, l'ancienne Robin des bois est une interprète majeure.
Ils sont filmés à la juste distance par un réalisateur qui signe ici son premier long-métrage et qui ne se contente pas d'accrocher une GoPro au rétroviseur de la Volvo pour capter les émotions de ses protagonistes. Il maîtrise son film et sa lumière en prenant un soin tout particulier de la Volvo jaune, dont on finit par croire que, malgré ses formes carrées rudimentaires, elle est la plus belle voiture du monde. C'est ça aussi, le talent.
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