2. Ducati Diavel 2011 : le paradis des mauvais garçons ?
Ne pas passer inaperçu, provoquer le désir, voilà la ligne de conduite de Ducati et son nouveau Diavel ne fait pas exception. Cette machine a suscité depuis sa présentation des avis tranchés. D'ailleurs nous avions pu constater dans les colonnes de Caradisiac Moto votre position assez négative sur cette nouveauté. Le côté puriste du motard qui est assez sensible aux changements ? Sûrement. Les photos qui mettent mal en avant les lignes du Diavel ? Probable. Nous avons voulu en avoir le cœur net et prendre en main nous même la bête pour rendre compte. Une chose à dire : ne pas se fier aux apparences.
Une fois qu'on a le Diavel face à soi, on remarque qu'il ne parait pas si imposant que sur les photos officielles. Très basse mais aussi très compactes, les lignes de la machine se fondent et le gros réservoir par exemple ne parait plus l'être tant que ça. On est loin des angles taillés à la serpe et lignes très cassées en vogue ces dernières années chez les constructeurs. Ducati a fait le choix de présenter une machine avec des courbes généreuses et un avant qui s'équilibre avec le gros pneu arrière de 240 mm et son derrière large et suspendu.
Le feu avant (un petit rappel de la gamme Monster ?) plonge sur l'avant et vient carrément se confondre avec les entrées d'air de part et d'autre du réservoir. On ne parle pas des fourches avant qui disparaissent totalement. La finition est globalement correcte, avec tout de même une peinture que l'on craint un peu fragile aux rayures. On a tout de même apprécié certains détails de finitions comme les couvercles de liquide de freins frappés du nom Ducati (tout comme le garde-boue avant), les deux pare-projections fixés entre l'avant du réservoir et les fourches avant ou encore le soin apporté au confort du passager avec des magnifiques cale-pieds arrière qui viennent se confondre avec le design et des poignées rétractables qui disparaissent sous la selle à l'aide d'un poussoir situé sous la selle.
Là où le Diavel peut se démarquer c'est au niveau de son instrumentation. Avec un double écran (dont un en TFT couleur), on se sait plus trop où donner de la tête quand on n'a pas l'habitude. Outre le fait de pouvoir régler le mode de conduite (urban, touring, sport), on peut régler la sensibilité du DTC (Ducati Traction Control), la mise en route ou non de l'ABS, conso instantanée ou moyenne, rapport engagé ou encore le temps de parcours. Et dans tout cet étalage d'information, manque tout de même une des plus importantes : une jauge d'essence ! Il faudra se contenter d'un voyant et d'un trip de réserve.
Du côté du pilote, on ne peut qu'apprécier l'attention que Ducati sur les détails. Plus besoin de clé de démarrage, cette dernière pourra rester dans la poche grâce à son système de détection pour un démarrage automatique sur les commandes du coupe circuit. Et si vous avez oublié la clé chez vous, pas de soucis, Ducati a pensé à vous avec un bouton placé devant le bouchon de réservoir qui vous donnera accès à une interface où vous rentrer un code à 4 chiffres défini avec le concessionnaire lors de l'achat. Mais le petit plus que l'on a vraiment apprécié, c'est l'ergonomie de la selle et son confort. Un vrai plus chez la marque italienne plutôt habitué aux selles béton armé. Bon ce n'est pas le tout, mais qu'est ce qu'il vaut ce Diavel ?
Déjà la première chose qui frappe une fois en selle, c'est la répartition des masses. Pour une machine qui approche les 240 kilos les pleins faits, elle est d'une facilité déconcertante en ce qui concerne les manœuvres à l'arrêt, aidé en plus de son rayon de braquage assez petit pour ce type de catégorie, c'est un bonheur. Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises, car cette facilité de manœuvre se retrouve aussi bien dans la basse vitesse.
Plus habituée aux mouvements patauds sur ce type de machine, le Diavel se démarquera sans aucun doute sur ce point, même si on reste loin tout de même d'un roadster ou d'un scooter. La position sera légèrement sur l'avant autant pour les bras que pour les jambes. La mélodie très rauque du bicylindre Testastretta est envoutant à bas régime attirant l'œil des passants.
Et oui, cette moto a l'art de se faire remarquer dans la rue. Les questions fusent, les remarques aussi, les têtes se tournent, ça en deviendrait presque gênant. Si vous voulez passer inaperçu, ce n'est vraiment pas la bonne machine pour ça. La seule chose en ville qui vient gâcher le plaisir de la prise en main est sans conteste la chaleur dégagée par le moteur et qui vient vous réchauffer ainsi que le cadre treillis. Il ne sera pas rare de voir le Diavel monter à 103° (phase de déclanchement du refroidissement) puis redescendre en température assez bruyamment.
Une fois engagée en voie rapide, c'est la que le Diavel commence à montrer le bout de son caractère. Les 12,7 mkg offre une grande facilité dans les accélérations pour s'engager. Inutile de penser au rapport dans lequel on se trouve. On tourne la poignée et hop ça tracte ! On aurait pu penser d'ailleurs que les plages d'accélérations seraient trop longues, mais non, juste ce qu'il faut. Le bruit rauque du Diavel a tendance à s'étouffer passé les 5000 tr/min pour revenir de plus bel une fois arrivée en haut régime. On s'amuserait limite dans la circulation à ouvrir la poignée en grand juste pour ressentir le bicylindre s'élancer si passé les 140 km/h le vent s'engouffrait pas si violement contre soi. La forme du bloc avant anéanti toutes formes d'espoir d'une toute petite protection. Dans les longs couloirs des voies rapides, le Diavel navigue tranquillement d'une voie à l'autre, pas de question à se poser, ça va tout seul. Une voiture qui déboite sans clignotant, pas de soucis, on prend les freins, le Diavel s'écrase et ralenti. Certain d'ailleurs pourront ne pas apprécier la trop grandre progressivité des freins. En effet il faut vraiment appuyer sur le levier pour sentir la bête ralentir. Problème de poids ? Probablement, car des double disques de 320 mm, montés en étriers radiaux Brembo s'avèrerait plus « mordant » sur une machine plus légère.
Et sur route ça donne quoi ? Et bien un sentiment de plaisir et d'une grande frustration en même temps. Une immense plaisir d'exploiter ce moulin plein partout, qui relance à la moindre sollicitation et qui en plus donne l'impression d'avoir une immense paire de ……….. à chaque accélération. D'ailleurs pour les enragés du guidon le Ducati Traction Control (réglable dans le menu de la moto) évitera la sur-confiance en soi dans la poignée des gaz et de voir la roue avant partir.
Et une frustration, car commence à sentir les limites de la partie cycle dès que les virages se resserrent. Le Diavel est stable en grande courbe, c'est indéniable. On tire sur le guidon, on le place et hop ça passe. On peut même enchainer de grands virages sans difficulté. Mais comme dit plus haut, dès que les routes deviennent plus viroleuses, son poids commence à s'en ressentir et il faudra user de plus de force pour la faire basculer d'un côté ou d'un autre.
Reste les suspensions. Ahhhh les suspensions… Sur certaines portions de routes, mon dos s'en souvient encore. Bien équilibrés en réglages d'origine pour la majorité des revêtements routiers, elles s'avéreront trop sèches sur des routes dégradées. Le retour pourra s'en faire ressentir, heureusement amortie par le confort de la selle. Quelques réglages pour les dos délicats pourront solutionner le problème.
Photos (53)
Sommaire
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération