Depuis quatre jours, Daimler n'existe plus
Le 1er février dernier, Daimler AG, qui regroupait l'ensemble des activités du groupe de Stuttgart a été scindé en deux entités. Du coup, le nom de l'entreprise a changé. Daimler est mort, vive Mercedes-Benz. Un changement qui n'est pas que symbolique. Explications.
Ce n'est ni un scoop, ni une surprise. L'affaire était programmée depuis plusieurs mois, mais elle n'est entrée en vigueur qu'au début de cette semaine. À compter de ce 1er février, le groupe Daimler AG n'est plus et il est remplacé par deux entreprises distinctes, avec des fonctions distinctes aussi. C'est que jusqu'ici, et depuis 1926, l'ensemble des activités du groupe de Stuttgart était regroupé sous l'enseigne Daimler AG dont Mercedes était une simple marque (au même titre que Smart, AMG ou Maybach) et fabriquant des berlines mais aussi des camions. C'est fini depuis ce mardi.
Une scission en forme de manœuvre financière
Dorénavant, c'est chacun chez soi. Les autos de toutes les marques sont regroupées au sein de Mercedes-Benz Group AG. Quant aux poids lourds, ils appartiennent désormais à l'entité Daimler Trucks. Ce tour de passe-passe a évidemment une raison qui n'est pas du tout liée à un mélange des genres qui pourrait nuire à l'image du géant de Stuttgart et lui faire perdre des clients.
Les entreprises qui achètent des Actros de 38 tonnes badgés de l'étoile sont parfaitement capables de faire le distinguo entre leurs camions et une Mercedes Classe S. Cette scission, et ce changement de nom, a un but hautement, et exclusivement, financier.
L'idée consiste surtout à débarquer à la Bourse de Francfort avec deux entités séparées. Mercedes y est depuis sa création, ou presque. Ses dirigeants proclament d'ailleurs qu'elle est la marque de voitures de luxe la plus valorisée au monde, avec 75 milliards d'actifs, contre 60 pour son concurrent BMW.
C'est sur le terme "luxe" que les patrons de Mercedes entretiennent l'ambiguïté, puisque Tesla, qui ne se définit pas comme telle, est valorisée 10 fois mieux que l'Allemand. Quoi qu'il en soit, l'étoile de Stuttgart n'a pas besoin des camions pour briller autour de la corbeille.
Lever de l'argent frais pour financer la bascule électrique
En revanche, ces derniers peuvent eux aussi, dorénavant, lever des fonds à la bourse. Leur image de qualité, et leur ancienneté (la marque fabrique des poids lourds depuis 125 ans) leur confère une autorité qui séduit les marchés. C'est ce qui s'est passé dès leur introduction et c'est ce qui explique cette scission. Car Daimler Trucks a besoin de sous. La nouvelle entreprise n'est pas à la rue, loin de là. Elle a même progressé de 20% en 2021. Mais elle doit faire face à de lourds investissements.
Les poids lourds vont eux aussi basculer dans le tout électrique et les Allemands n'ont nullement l'intention de se faire doubler par les Américains, dont Tesla, un tantinet en avance sur le sujet.
Cette manoeuvre, et ce changement de nom, est donc destinée à lever de l'argent frais. Et si c'est le cas pour les camions, c'est également d'actualité pour l'automobile. Mercedes a annoncé qu'à partir de cette année, et jusqu'en 2026, il compte investir 60 milliards dans l'électrique et dans la voiture autonome. Une somme que l'on ne trouve pas sous le sabot d'un cheval, mais bel et bien dans une corbeille boursière.
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