2. Comparatif - Honda SH 350, Forza 350 et ADV 350 : tout pour un

Nous avons alterné entre chaque scooter sur des portions de route variées et au revêtement plus ou moins lisse. Surtout moins, Italie oblige. Dans l'exercice, le SH se montre très sec de suspension sur les chocs bref, mais surtout, les coups secs remontent directement dans la colonne de direction, à l'angle très fermé de 27,5°. Ça tape, c'est ferme et c'est un phénomène surprenant pour un scooter nous ayant laissé par le passé de meilleures impressions niveau douceur. Par contre, le SH est excellent en maniabilité. Il remporte aisément le match lorsqu'il est question de tourner court et rapidement, tout en demeurant très stable. Reste son guidon, résolument étroit au regard de ceux de ses deux concurrents. Un élément rendant la direction plus fébrile par moments.

De leur côté, les Forza et ADV sont relativement proches dans le fond, mais très éloignés dans la forme. Les meilleures suspensions ? Celles du Forza, probablement, mais les éléments du ADV font très bonne figure. Niveau maniabilité, le ADV rivalise même sans problème avec son frère GT, mettant en avant une ergonomie agréable et une position de conduite encore plus appréciable lorsque l'on évolue à allure lente à modérée. Le guidon, par contre, se montre très large et peut pénaliser les moins bien pourvus en bras.

Littéralement posé au sol, le "SUV" profite le mieux de la transmission douce et de la force de son moteur. Un monocylindre que l'on retrouve le plus vif sur le SH, et intermédiaire sur le Forza, qui se montre très équilibré niveau comportement. Les pneumatiques à "pavés" du ADV se montrent moins agréables en comparaison des deux autres, avec un profil spécifique et un feeling à retrouver. Moins naturel que ses comparses, le ADV surprend. Les suspensions du "scootrail", à débattement plus important, tout comme sa géométrie certes joueuse, mais ne pouvant compenser un côté moins nerveux de la partie cycle, jouent également sur le ressenti des accélérations moteur. Elles le classent troisième, tandis que sa vitesse de pointe le met sur la seconde marche, indiscutablement derrière le Forza. Même si la différence entre tous est de l'ordre de 5 à 10 km/h. Voyons cela dans le détail.

Autoroute, routes de plaine ou escarpées, agglomération, notre parcours traversant l'Italie entre la côte ouest des environs de Rome et la cote Adriatique aux alentours de l'usine Honda d'Atessa, fut on ne peut plus instructif. Sur autoroute, le Forza est un roi. Un régal. Position de conduite à géométrie variable, vitesse de pointe supérieure à celle des autres une fois la bulle électrique en position basse, il est un routier né et le prouve à chaque trajet. Sa protection, la plus élevée de ce comparatif, le place naturellement en tant que GT. Il avale les kilomètres d'autoroute comme une simple formalité et accroche plus de 160 au compteur. De quoi vider assez rapidement le réservoir. Les réservoirs, de fait. Avec dans l'ordre 9,2 litres pour le SH, 11,5 litres pour le Forza et côté ADV : 11,7 litres, on arrive rapidement à des consommations tournant autour de 6 l/100 km lorsque l’on essore la poignée, tandis que les 3,5 à 4 l/100 km sont à portée de roue en agglomération. En moyenne, les consommations s'affichent aux alentours de 4,3 l/100 km, et l'estimation de la distance restant à parcourir est particulièrement bien calculée. Si vous voyez 0 km, vous avez intérêt à être devant une pompe à essence…

Le SH, en bon urbain zélé qu'il est, perd quelques km/h en pointe par rapport à ses concurrents, du fait de son pare-brise très vertical, mais aussi très protecteur. En prendre plein les épaules et le haut du corps ralentirait tout autant, mais on subirait moins le vent latéral. Un passage dans un mur de grêle à la sortie d'un tunnel nous aura en tout cas convaincus de la pertinence de l'équipement, même si les mains restaient exposées (aïe). La pluie, pour sa part, obstruait la vision au travers du plexiglas résolument trop haut pour les moins d'1,70 m. Cet équipement n'est heureusement pas d'origine en nos contrées, il est remplacé par un top-case à ouverture électrique (s'il vous plaît !) compensant le coffre de plus petite taille.

Pas de problème d'ordre aérodynamique sur le ADV, qui profite d'une bulle étroite, jamais trop haute, et d'une bonne déflexion d'air, du moins correcte, mais aussi de protèges mains montés d'origine. Bon contre le froid, correct contre la pluie. Par le "SUV" Honda expose davantage les jambes à l'air et aux intempéries par rapport au Forza, plus couvrant et vainqueur niveau bien être à bord. Le SH, pourtant bien moins caréné, est simplement pénalisé à la longue (quelques dizaines de kilomètres seulement) par une position de conduite plus adaptée aux petits trajets. On se retrouve très assis et sans latitude de mouvement en longueur pour les jambes. Par contre, du fait de l'absence de tunnel central, on dispose d'un bon placement des pieds en latéral… De quoi réserver l'autoroute à des trajets modérés ou à des situations d'urgence uniquement.

Entre les deux (Forza et SH), le ADV propose une selle ample et ferme. La meilleure de ce comparatif et termes d'accueil et d'épaisseur, même si elle demeure ferme et ne permet pas de se reculer autant que sur le plus routier des trois (Forza). Justement, notre GT fait également belle figure lorsque l'on commence à prendre le réseau secondaire. Ses suspensions bien calibrées et confortables, ses pneumatiques elles aussi routières, mais ne dépareillant pas lorsque l'on adopte une conduite plus sportive, offrent un bon grip et contribuent à l'ambiance impériale ressentie au guidon. On est loin du Pullman, certes, mais on est fort bien installé à bord, tandis que l'on guide le scooter avec précision et décontraction.

Très agréable également, le ADV peut compter sur ses suspensions et sur la qualité de sa partie cycle pour tracer de bonnes trajectoires. Le plus amusant des trois scooters impose à la fois son gabarit et la manière de l'emmener, mais reste en léger retrait par rapport au Forza. Après un temps d'adaptation, on lui trouve de très nombreuses qualités et une polyvalence supérieure. Même s'il se montre plus imposant, il est aussi fort bien posé au sol et très rassurant, disputant régulièrement le match avec le Forza niveau tenue de route et agrément. Comme nous l'avons noté en ouverture de cette partie essai, le SH est malheureusement en retrait lorsqu'il est question de confort, et l'on redoute davantage de se prendre un cahot sur la route. Pour autant, il se montre à la fois rigoureux et particulièrement facile à emmener et à placer, même si une fois encore la position de conduite laisse privilégier l'une des deux autres.

À la fin de ce roulage, le Forza se distingue, cumulant les bons points et les avantages. Performance, protection, logeabilité, équipement, il ne lui manque rien et il se montre largement à la hauteur du marché français et de ses attentes. Avec son comportement moteur dynamique, sa stabilité naturelle et la possibilité de changer aisément de position de conduite, il s'impose face à ses deux concurrents pour qui souhaite une excellente prestation et un scooter homogène. Mais voilà, le trublion ADV propose quelque chose de très sérieux et de très agréable lui aussi, avec une touche de passion supérieure et un look qui détonne.

Son côté Transformer est certes clivant, mais il apporte au passage quelques fonctionnalités intéressantes, au nombre desquelles une relation plus "mécanique" avec lui. Finalement, seuls son mécanisme de bulle et son côté moins royal, plus "rebelle" le pénalisent face au Forza, car niveau instrumentation, confort et protection, il est en mesure de lui en remontrer. L'outsider SH, quant à lui, brille par son dynamisme, sa légèreté et l'efficacité de son moteur liée à ses proportions bien moins intimidantes mais aussi à son poids inférieur. Il est une réussite qui peinera à convaincre les foules, mais se révèle particulièrement pertinent pour qui fait primer la mobilité avec entrain aux aspects de pur confort.