Citroën, condamné à ne pas faire comme les autres
Une Citroën se doit d'être audacieuse et originale. Une attente aussi motivante que contraignante pour la firme.
La voiture du jour, la star du jour même, c'est bien sûr la grande berline de Citroën qui sera présentée dans la matinée. Un événement à double titre : d'une part, une nouveauté française, cela fait toujours le buzz, d'autre part, Citroën fait enfin son retour sur un segment qu'il a quitté il y a près de quatre ans.
Et c'est clairement un pari culotté, au point que l'on se demande presque ce que la marque vient refaire dans cette galère. Le segment a vu ses ventes s'effondrer ces dernières années. Vous connaissez évidemment les responsables : les SUV.
Si cette catégorie réussit encore aux rois du premium, pour les généralistes, c'est désormais le flop quasiment garanti. Certains ont déjà jeté l'éponge chez nous, par exemple Kia, qui a décidé de ne pas importer la nouvelle Optima. Ford a aussi officialisé l'arrêt de la Mondeo en mars 2022. De son côté, Renault ne compte pas donner de suite à la Talisman. Même la dernière Peugeot 508, pourtant revue façon coupé cinq portes, ne brille pas particulièrement.
Il y a quand même une exception : Skoda. Le tchèque continue de connaître le succès avec ses Octavia et Superb. La première reste même son véhicule le plus vendu ! Les Skoda profitent à plein de leur image de "Volkswagen accessible". D'ailleurs, Octavia et Superb ont fini par affaiblir la célèbre Passat, qui a carrément vu son avenir menacé. Volkswagen va toutefois poursuivre l'aventure pour une neuvième génération. Celle-ci doit son salut à une raison : elle sera internationale. Europe, Chine et États-Unis auront enfin le même modèle.
Et le retour d'une grande berline Citroën a le même fondement : une carrière qui ne sera pas qu'européenne. Elle sera aussi chinoise… et avant-tout chinoise, un pays où les grandes berlines ont encore des adeptes. La Chine doit être le principal marché de ce véhicule… au point qu'il ne sera produit que là-bas !
Citroën a toutefois dû résoudre la quadrature du cercle : imaginer un produit capable de séduire Européens et Chinois, tout en ayant conscience que la mode n'est plus à la berline pure. Le français a donc mélangé les genres, avec un véhicule à mi-chemin entre berline et break, en y ajoutant une influence SUV !
Les chevrons vont donc proposer un produit décalé sur un segment conservateur. Un pari dans le pari ! Mais c'est finalement du Citroën pur jus. C'est en bousculant les conventions qu'il a signé ses plus gros succès, de la populaire 2CV au haut de gamme DS. Ce qui est toutefois un héritage pesant !
On attend d'être surpris par Citroën, de voir la marque ne pas faire comme les autres… car sinon on achète les autres. Le constructeur le sait et assume parfaitement ce rôle, à la fois motivant et contraignant… et qui lui joue régulièrement des tours. On se souvient du flop de la C6, dont moins de 25 000 exemplaires ont été écoulés entre 2005 et 2012 ! La C4 Cactus n'a ensuite guère brillé !
Pas de quoi refroidir la firme, qui n'a aucune intention d'abandonner son image audacieuse. Elle a ainsi fait sensation en 2020 avec la sympathique Ami, quadricycle électrique low-cost. Et la C4 Cactus a été remplacée par une nouvelle C4, au positionnement plus conventionnel… mais au look atypique chez les compactes !
Citroën va donc poursuivre sur cette voie chez les familiales. C'est un choix à double tranchant. Faire original est assurément risqué à ce niveau de gamme, mais c'est sûrement un passage désormais obligé pour attirer l'attention et partir à la conquête d'une nouvelle clientèle. Après tout, c'est comme ça qu'est né le Nissan Qashqai, qui donnait suite à la fade Almera. Avec sa néo-berline, Citroën va peut-être inventer le modèle de l'après SUV.
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