Chez Stellantis, la marge 2024 est en pleine dégringolade
L'INFO DU JOUR - Le groupe franco-américano-italien prévient les marchés : sa marge opérationnelle pourrait être divisée par deux cette année par rapport aux précédentes prévisions. Une baisse liée à la chute des ventes en Europe, mais surtout au trou d'air que traverse ses marques américaines;
Sur les parkings des concessionnaires américains, les stocks s'accumulent. Et pour le groupe Stellantis, ce sont les ennuis qui s'accumulent. Crédit photo : imagebroker/imageBROKER/Jim West/Newscom/MaxPPP
En langage économique, on appelle ça un « profit warning », un avertissement destiné aux marchés. Et dans le cas de Stellantis, le warning est un gyrophare qui clignote en rouge vif. Ce lundi 30 septembre, le groupe a annoncé qu’il prévoyait une baisse de ses objectifs financiers pour cette année. Une baisse estimée qui n’est pas vraiment minimaliste
Pour 2024, la galaxie de 14 marques prévoit carrément une chute de plus de la moitié de sa marge opérationnelle qui pourrait, au pire, n’atteindre que 5% et, au mieux, ne pas dépasser 7%. Rappelons qu’en 2022, le groupe franco-américano-italien plastronnait avec 13,4% de marge, et que l’an passé, ce taux avait déjà été abaissé à 12,8%. Depuis, la baisse est continue puisqu’au premier semestre, ou elle n’était plus qu’à 11,4%.
La marge à deux chiffres, c'est du passé
Les dernières prévisions sont donc très loin de la marge à deux chiffres espérée par Carlos Tavares, celle que le patron de Stellantis estimait encore pouvoir atteindre au printemps dernier, lorsqu’il s’exprimait devant ses investisseurs.
Pour autant, Stellantis n’est pas isolé dans ses déboires, puisque la semaine passée, l’autre mastodonte de l’auto européenne, le groupe Volkswagen, a annoncé lui aussi des rentrées d’argent en chute libre pour cette année, avec une baisse similaire à celle du Français puisque VW a corrigé sa marge opérationnelle en l’abaissant à 5,6%. Même mauvaise passe chez BMW et Mercedes.
On peut se dire que les mêmes baisses ont les mêmes causes. Sauf que la situation des constructeurs allemands et de Stellantis est très différente. Si les marques germaniques sont en récession, ou du moins si elles dégagent moins de marge qu’auparavant, c’est principalement en raison de la Chine. Non pas à cause de l’invasion fantasmée (pour le moment) des voitures chinoises en Europe, mais en raison du marché chinois lui-même ou les Européens ont de plus en plus de mal à s’imposer. Les marques locales sont aujourd’hui suffisamment matures pour proposer des autos dignes de ce nom et les Chinois n’hésitent plus et privilégient leurs marques à eux.
Stellantis quant à lui, est très peu présent sur ce marché, dont le retournement ne pèse pas sur sa marge. L'autre cause de cette chute pourrait être hâtivement imputée à la baisse des ventes des voitures électriques chez nous. Selon l’ACEA, elles ont dévissé de 43,9% le mois dernier. Mais dans ce domaine, Stellantis peut s’en tirer mieux que d’autres dans les prochains mois, grâce à ses plateformes mixtes (électriques et thermiques) qui permettent de corriger le tir assez rapidement, mais aussi grâce à son accord avec Leapmotor dont il fabrique et distribue les produits hors de Chine.
Un accord qui lui permettra de vendre des VE à prix canon et de passer entre les gouttes des normes CAFE en vigueur dès l’année prochaine, en évitant de payer de lourdes amendes comme nombre de ses concurrents.
En fait, le principal clou dans le pneu de Stellantis est américain. Et le groupe l’avoue : deux tiers de la baisse de sa marge est imputable à ses marques d’Outre-Atlantique. Car du côté de Dodge, Ram, Jeep et Chrysler, rien ne va plus. Cette dernière marque n’est plus que l’ombre d’elle-même, quant aux autres, elles ont loupé le coche d’un pays qui n’est pas encore prêt au tout électrique mais qui en revanche, est très ouvert à l’hybride rechargeable. Ce que les marques américaines du groupe ont totalement négligé.
Résultat : la baisse des ventes US estimée devrait atteindre plus de 200 000 autos à la fin de l’année, alors que Stellantis l’estimait à 100 000 « seulement », il y a quelques mois encore. Pour autant, l’Europe n’est pas au mieux. Chez Stellantis, les ventes ont baissé de plus de 31% en août, soit la plus forte baisse du marché.
Quelles sont les conséquences de cette baisse ?
Quelles seront les conséquences de ce marasme ? Si le groupe n’a pas encore pris de décisions, se contentant pour le moment de promettre d’assainir le marché américain, et les stocks débordant chez ses concessionnaires, on peut faire le parallèle avec Volkswagen qui se trouve dans une situation similaire, même si les causes ne sont pas les mêmes.
L’Allemand envisage de fermer deux unités de production outre-Rhin et l’agence américaine Bloomberg révèle que les suppressions de postes pourraient atteindre le chiffre faramineux de 30 000 personnes, ce que VW a démenti. Stellantis n’en est pas là, mais ce qui apparaît comme certain, c’est que son patron, Carlos Tavares, ne pourra pas, l’an prochain, exiger un salaire de 36,5 millions d’euros comme cette année, puisque sa rémunération est en grande partie indexée sur les résultats de l’entreprise.
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