Alpine annonce sa saison en compétition depuis le circuit Paul Ricard
Alpine joue sur deux tableaux pour sa résurrection avec, d'un côté, l'auto de série à venir, et de l'autre le programme en compétition matérialisé par l'endurance. Une discipline très spécifique qui a tout de même déjà souri à Alpine en 2013 et 2014. Cette année, Alpine voit les choses en grand avec deux équipages et une saison en championnat du monde. Les espoirs sont évidemment importants pour le constructeur de Dieppe qui se doit de continuer de forger son image, pour le bien de la future berlinette que nous avons (re)découvert en détail.
Qu'il est loin, le temps de l'A110 et de l'A220, prototype de la fin des années soixante ! Notre visite hier soir au circuit Paul Ricard nous a permis d'en savoir un peu plus sur les intentions d'Alpine sur la route mais aussi et surtout sur la piste. C'était justement l'objet de la soirée : la présentation des deux équipages qui seront engagés cette saison en "WEC", à savoir le championnat international d'endurance. Un championnat qui n'est d'ailleurs pas étranger à Alpine puisque l'an dernier, la seule barquette de la marque à courir en WEC avait eu son moment de gloire lors des 6 heures de Shanghai avec une victoire pour le trio Nelson Panciatici, Paul-Loup Chatin et Tom Dillmann.
Cette année, Alpine voit les choses en deux dimensions. La désormais traditionnelle LMP2 n°36 sera accompagnée d'une autre Alpine A460, n°35, emmenée par la team chinoise Baxi DC Racing, propriété d'un certain... Jackie Chan ! L'acteur asiatique s'est en effet lancé dans l'endurance avec la création d'une écurie de course, et les deux pilotes chinois David Cheng et Ho-Pin Tung, habitués des Asian Le Mans Series. Ce duo de l'Empire du Milieu sera associé à un Français, Nelson Panciatici, présent chez Alpine Signatech depuis le début de l'aventure, en 2013.
L'autre A460 est donc la n°36, et comme l'explique Philippe Sinault, le patron de l'écurie Signatech : "il n'y a pas de numéro un, le but est de gagner, peu importe lequel de nos prototypes termine vainqueur". Un esprit collectif prédominant chez Alpine et même si l'on est conscient que ce genre d'attitude est commun à n'importe quelle écurie, l'ambiance chez Alpine nous fait un peu penser à une "petite" famille. Le pilote tricolore Nicolas Lapierre rejoint cette année l’équipe Alpine avec l'Américain Gustavo Menezes et le Monégasque Stéphane Richelmi. Une team éclectique qui montre déjà un potentiel intéressant, d'autant plus que Nicolas Lapierre est un expérimenté de l'endurance, que ce soit en LMP1 ou en LMP2.
Pour ceux qui suivaient un peu l'endurance, vous aurez vite remarqué une grosse différence sur cette A460 par rapport à sa devancière, l'A450b. En effet, l'an dernier, le prototype LMP2 était une barquette, mais cette année, de nombreux changements ont eu lieu et la machine est désormais fermée. Pour le reste, il s'agit d'une base d'Oreca 05 (rappelons qu'Oreca est une société spécialisée en conception de voitures pour la compétition). Le tout pèse aux alentours de 900 kg, est bien entendu ultra rigide (et ne parlons pas de l'appui aérodynamique qui doit être simplement monstrueux) et sous la coque, on retrouve le V8 d'origine Nissan qui développe environ 500 ch. A ce sujet, sachez que Nissan tient un gros monopole de la motorisation en endurance avec son V8 : 57 % des autos engagées ont un huit cylindres de la marque nippone sous le capot !
La base est donc particulièrement connue pour les équipes mais c'est un peu dommage pour la variété, d'autant plus que les règles vont changer l'an prochain en WEC avec une motorisation unique pour tout le monde. Autant dire que ce genre de restriction ne plaît pas à tout le monde...
Finalement, le potentiel est bien là chez Alpine, le seul regret étant qu'il s'agisse surtout d'un projet basé sur une Oreca à moteur Nissan. La "patte" Alpine n'est donc que très peu présente sur le matériel, mais il faut avant-tout bien se rappeler que cette décision a surtout permis de limiter les coûts pour un engagement en compétition. Le principal, en fait, c'est que l'on retrouve le nom "Alpine" en sport auto, un bénéfice évident pour l'autre Alpine, celle qu'il sera bientôt possible de commander...
Le constructeur de Dieppe nous avait en effet ramené hier soir le concept Alpine Vision (voir notre reportage vidéo ici), cette berlinette qui préfigure à 80% le produit final. Soyons honnêtes (n'y voyez aucun chauvinisme ici) : l'auto à un charme fou et est nettement plus belle en vrai qu'en photo. L'intérieur, pour avoir pu nous y installer, est très original et les choix des lignes et des matériaux sont judicieux. Tout y est pour qu'Alpine réussisse son coup, d'autant plus que lors de nos discussions avec les responsables de la marque, nous avons très nettement senti la volonté qu'a le constructeur de produire une auto faite pour le sinueux. Tant mieux, l'A110 était reine dans ce royaume ! Les performances pures, comme les reprises ou les accélérations en ligne droite n'intéressent pas du tout Alpine qui veut une voiture joueuse, équilibrée et qui donne du plaisir. Elle pourrait faire, à ce petit jeu, bien mieux qu'une Porsche Cayman, pour ne citer qu'elle.
Alpine est resté toujours aussi évasif sur les caractéristiques de l'auto, son prix ou sa date de lancement. La seule chose sûre est que sa présentation n'interviendra pas au Mondial de Paris, mais à un évènement à part. C'est une très bonne idée dans la mesure où un tel produit, qui se veut exclusif, raffiné et élégant (à la française) doit avoir sa part d'indépendance dans son chemin commercial. La marque nous a simplement rabâché : "présentation en fin d'année pour lancement l'an prochain". Il se murmure cependant qu'une variante plus radicale est déjà dans les cartons...
Terminons par un mot sur la Chine : le patron de la marque, Bernard Ollivier, a martelé l'importance de ce marché pour Alpine. "L'intérêt d'une team chinoise pour Alpine est la preuve de l'attrait de la Chine pour Alpine". Cela a le mérite d'être clair et pose du coup la question de la proposition de la berlinette en Chine et de futurs hypothétiques autos adaptées aux attentes des Chinois. Tout ce que l'on espère, c'est qu'Alpine ne perdra pas son âme et restera, avant tout, un constructeur de voitures bien françaises dans tous les domaines.
En tout cas, vivement que l'on puisse faire un tour dans cette somptueuse auto, sur les routes de la Sainte Baume ou bien sur le Mont Ventoux, car après tout, c'est bien sur ce genre de tracé qu'une Alpine se sent le mieux...
Quelques chiffres sur Alpine en compétition depuis son retour
- Deux courronne de champion d'Europe d'endurance (ELMS) / 2013 et 2014
- Podium aux 24 Heures du Mans dans la catégorie LMP2 en 2014 pour l'A450 n°36
- Victoire en championnat international d'endurance (WEC) en 2015 au 6 heures de Shanghai
- Deuxième aux six Heures de Fuji en 2015 en championnat international d'endurance (WEC)
Données techniques Oreca 05 (base de l'Alpine A460)
CHÂSSIS
Coque carbone & nid d’abeille
Poids : 900 kg
MOTEUR
Puissance : env. 490 CH
Couple : env. 55 Kg.m
Régime maxi : en fonction du moteur
Lubrification : Carter sec / pompe à huile à étages
Gestion électronique : Spécifique au moteur
Suspensions : Double triangles à poussoirs
BOITE DE VITESSES
Marque : Xtrac
Type : Transversale carter Magnesium
Changement de vitesses : Palettes au volant / Commande pneumatique
Rapports : 6 + marche arrière
FREINS
Disques carbone ventilés
Etriers : Brembo monobloc 6 pistons
CARROSSERIE
Carbone/kevlar
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