La semaine dernière, vous avez eu l'occasion d'adresser vos questions à Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière et souvent en première ligne lorsqu'il s'agit de réclamer plus de mesures pour sanctionner les dépassements des limitations de vitesse. Vous avez été très nombreux à réagir et nous avons bien évidemment été contraints de sélectionner les questions qui semblaient les plus à même de résumer les inquiétudes et les griefs des usagers face aux dernières mesures adoptées par le gouvernement. Voici les réponses de Madame Perrichon.
Loic45 : Je suis sapeur pompier volontaire depuis plus de 11 ans. Des accidents j'en ai vu beaucoup et j'ai pu observer qu'aujourd'hui avec les voitures modernes les gens sont blessés beaucoup moins gravement qu'il y a 10 ans. Aujourd'hui les voitures sont de plus en plus sûres et on peut rouler de moins en moins vite. N'y a-t-il pas un paradoxe ?
Chantal Perrichon : Il est certain qu'elles sont de plus en plus sûres mais depuis quelques années elles sont de plus en plus rapides et lourdes donc elles font plus de dégâts et elles font plus d'accidents sur l'ensemble des réseaux. C'est la raison pour laquelle nous demandons la limitation de la vitesse à la construction depuis 1988, c'est-à-dire depuis le livre blanc de Michel Rocard, et nous voyons bien que cette course à la masse et à la vitesse a des conséquences. Les gens meurent sur les routes effectivement et nous essayons nous de faire en sorte que ces limitations soient respectées y compris par ces bolides.
Anonyme : Comment expliquez-vous le fait que malgré leur relative sécurité, nos autoroutes comportent largement plus de radars fixes que le réseau secondaire, pourtant nettement plus accidentogène et dont l'état peut parfois laisser à désirer?
Chantal Perrichon : Dès la première mise en place des radars sur les autoroutes le lobby de la vitesse a dit « mais à quoi cela peut-il servir puisque les autoroutes sont des endroits où on est en sécurité ? ». Mais il faut savoir que dans l'année qui a suivi, le nombre de morts a diminué de façon spectaculaire et deux ans après il y avait -50% de morts sur les autoroutes. L'autoroute c'est aussi l'école de la vitesse, les gens prennent l'habitude de rouler vite, souvent au dessus de la vitesse autorisée, quand ils vont après sur les nationales voisines ils sont encore en survitesse. Donc oui il faut continuer à surveiller la vitesse sur les autoroutes mais ce qui n'empêche aucunement de mettre des radars sur ces grandes nationales qui poussent à la vitesse également et qui ne sont absolument pas adaptées pour ces gens qui ne respectent pas les limitations de vitesse. Donc d'accord pour mettre également des radars sur ces secteurs très dangereux.
Anonyme : En plus de l'alcool et de la vitesse, quelles sont les autres grandes causes primaires d'accident grave, par ordre d'importance? Et quelles actions sont à mener ?
Chantal Perrichon : Nous avons attendu beaucoup de ce comité interministériel de la sécurité routière et notamment l'interdiction du kit main libres. Pourquoi ? Il y a eu une expertise collective demandée par la déléguée interministérielle pour juger de la dangerosité ou non du kit main libre. Or 19 mois après la mise en place de cette expertise collective nous avons confirmation de ce que tout le monde savait à savoir que le kit main libre est aussi dangereux que le téléphone tenu en main. Le risque est multiplié par 3 et alors que ça a coûté de l'argent au contribuable et alors que ça a pris du temps nous avons eu la grande surprise de voir que cela n'avait servi à rien puisqu'aucune décision n'a été prise pour interdire cette pratique du téléphone au volant. Rappelons que c'est la troisième cause de morts sur les routes maintenant en France ; la première étant la vitesse, la deuxième l'alcool, la troisième le téléphone au volant puis le non port de la ceinture. Téléphoner au volant c'est dire que l'on accepte que 450 personnes perdent la vie chaque année sur nos routes. Est-ce qu'une communication téléphonique mérite ça ?
Caradisiac : Vous parlez vitesse, alcool, téléphone et ceinture mais que pensez-vous de l'idée de remonter les limitations de vitesse pour faire face au problème de somnolence que certains évoquent ?
Chantal Perrichon : Il est certains que ceux qui ne connaissent rien à la sécurité routière disent toujours « Il faut rouler vite car comme ça je ne m'endors pas ». C'est aller à l'encontre de toutes les expérimentations qui sont faites en laboratoire et qui montrent que plus vous allez vite plus votre cerveau traite rapidement des images et plus vous êtes fatigué. C'est donc le contraire, plus vous allez vite plus vous êtes fatigué alors arrêtez de dire des contre-vérités, si vous êtes fatigué, vous vous arrêtez, vous vous reposez et vous reprenez la route en respectant les 130 km/h. En Espagne comme dans 60% des pays européens les autoroutes sont à 120, l'Espagne vient de passer à 110 et le résultat escompté est arrivé c'est-à-dire moins de morts. Que veut-on ? Rouler en toute sécurité ou bien continuer à prendre des risques, se mettre en danger et mettre aussi la vie des autres en danger sous prétexte qu'on serait finalement tellement las de conduire à la vitesse autorisée ?
Anonyme : Comment expliquez-vous qu'après toutes les campagnes de la Sécurité routière il y ait toujours des comportements à risque alors qu'en Allemagne où la vitesse n'est pas toujours limitée sur certaines portions il n'y ait pas plus de morts ? Est-ce que cela ne prouve pas que l'Etat et sa communication et des personnes comme vous font fausse route depuis des décennies à coup de mesurettes répressives ?
Chantal Perrichon : Je dois dire que j'aurais été très triste si le point des autoroutes allemandes n'avait pas été évoqué, ç'aurait été une interview où il aurait manqué un peu de sel. Donc revenons sur ce problème des autoroutes allemandes et il faudrait que la désinformation cesse sur ce pont précis. En ce qui concerne les autoroutes allemandes il y a seul un tiers des autoroutes allemandes qui ne sont pas limités, les deux autres tiers sont limités et le gouvernement allemand bloque systématiquement les chiffres. Nous avons pu avoir une information grâce à un patron de la police allemande qui nous avait dit à Bruxelles que sur le tiers des autoroutes non limitées il y avait 460 morts et sur les deux tiers limités il y avait 200 morts. J'ai envie de dire cherchez l'erreur. D'autre part ce sont des vieilles autoroutes où il y a constamment des travaux. A ce moment-là il y a des limitations que les Allemands respectent à l'inverse d'autres pays où on respecte moins. Ce sont des autoroutes où il y a énormément de circulation donc cela freine la vitesse et le point que je dirais le plus important et qui démontre encore davantage ce que nous disions précédemment c'est qu'à partir du moment où il y a eu des radars sur les autoroutes françaises elles sont devenues avec un niveau de sécurité plus élevé que les autoroutes allemandes au kilomètre parcouru.
Anonyme : Pourquoi refuse-t-on toujours d'améliorer la formation des conducteurs (stage de conduite obligatoire (et noté) à l'obtention du permis, visite médicale et stage de rappel tous les 5 ans par exemple) ?
Chantal Perrichon : Il est certain qu'on se pose toujours la question de la formation des jeunes conducteurs. Il faut quand même accepter l'idée que s'il y avait un pays qui avait trouvé la solution, tout le monde aurait copié cette formation. Ce n'est pas le cas hélas. On sait bien maintenant que les 3 voire les 5 premières années sont les plus accidentogènes pour les jeunes, pourquoi ? Parce que le jeune conducteur va apprendre petit à petit à dominer ses presqu'accidents, il va acquérir de l'expérience et grâce à cela il deviendra nous l'espérons un bon conducteur. L'autre point dont on débat souvent ce sont les visites médicales que l'on propose pour les séniors en disant que passé un certain âge il faut les écarter de la route. Alors évidemment si on voit une émission aussi caricaturale que celle qui est passée récemment [sur France 2 dans Envoyé Spécial, ndlr.] c'est une évidence que certaines personnes ne doivent pas conduire mais ce qui compte ce sont les chiffres globaux et statistiquement on sait que les séniors sont infiniment moins dangereux que les autres, beaucoup moins que les conducteurs novices d'ailleurs. Donc en l'occurrence on peut se poser la question de savoir pourquoi. Ils font moins de kilométrage, ils roulent moins vite et ils ne roulent pas de nuit, c'est-à-dire qu'ils adaptent leur conduite à leurs performances. Mais ce il n'empêche que eux-mêmes paient un très lourd tribut à la route dans la mesure où en cas d'accident leur mortalité est plus grande et en temps que conducteur ils sont infiniment moins nombreux à mourir que les jeunes conducteurs voire les quadras. Donc si l'on se tient à cette pseudo cohérence dont on nous rebat les oreilles, j'ai envie de rappeler les chiffres : 92% des permis suspendus appartiennent à des hommes. Serait-ce la raison pour interdire aux hommes de conduire ? Je pose la question.
Anonyme : Je suis commercial et fait 60 000 km par an, je ne me considère pas spécialement comme un bon conducteur mais je croise une dizaine de radars par semaine et je n'ai pas soufflé dans le ballon depuis 7 ou 8 ans ni pour un contrôle de papiers… Il y a eu des faits graves avec des chauffards sans permis sous l'emprise d'alcool, pourquoi s'attaquer aux radars ?
Chantal Perrichon : Travailler sur la vitesse n'implique pas pour autant que l'on oublie le problème de l'alcool, bien au contraire. Nous ne cessons de dire que ce problème de l'alcool a été totalement oublié depuis quelques années. Ce que nous demandons de façon extrêmement précise c'est que d'une part le gouvernement se place contre le lobby des alcooliers qui a une publicité très agressive (qui a obtenu de faire de la publicité sur Internet par exemple, qui a obtenu que l'on n'interdise pas complètement la vente d'alcool sans les stations services), nous souhaitons aussi qu'il y ait une interdiction à ce que ces alcooliers sponsorisent les soirées étudiantes. En ce qui concerne ceux qui ont été pris avec une alcoolémie élevée et qui sont en suspension de permis nous demandons à ce qu'il y ait des enquêtes de proximité pour voir si malgré tout il continuent à conduire, cela aurait pu notamment éviter l'accident de Chelles. Nous demandons à ce que ce gens soient orientés vers des centres d'addictologie pour qu'on les aide à lutter contre le problème de l'alcool. Nous demandons également que l'on contrôle la personne qui va subir les examens médicaux et les analyses avant de récupérer ce permis suspendu. Il y a une une approche, une travail en profondeur qui n'est pas fait. Nous demandons également à ce que les contrôles soient évalués : à quelle heure sont -ils effectués, quels sont les jours de la semaine où les contrôles d'alcoolémie sont faits, donc c'est vraiment un gros travail à fournir mais ce qu'il faut remarquer c'est que si on regarde les chiffres de 2002, il y avait 8000 morts environ et il y avait 2400 personnes environ avec un problème d'alcool. Maintenant il y a 4000 tués sur les routes avec toujours 30% de morts dus à un problème d'alcool mais cela ne fait « que » 1200 personnes mortes à cause de l'alcool. Que s'est-il passé ? Si à alcoolémie égale la personne roule moins vite c'est un des facteurs qui disparaît pour l'accident potentiel donc clairement parce qu'on a diminué à un moment la vitesse sur les routes cela a bénéficié également pour ceux qui roulent avec un problème d'alcool donc il faut bien sûr énormément travailler sur l'alcool mais ne jamais oublier que le premier facteur de mort sur la route c'est la vitesse.
Anonyme : Pouvez vous affirmer que vous n'êtes ni salariée, ni rémunérée en aucune façon par la LCVR ? Dans le cas contraire, quelle légitimité accordez-vous à votre action? Agissez vous en toute objectivité ?
Chantal Perrichon : Nous sommes tous bénévoles, sauf une personne : la secrétaire, à temps plein seulement depuis quelques années. Bien évidement je travaille pour gagner ma vie et lorsqu'il y a des conférences à faire ou un déplacement ou simplement parce que l'activité médiatique prend trop de temps je prends toujours sur mes jours de congés. Dans notre association nous ne vivons pas sur la planète mars, nous prenons sur notre temps de loisir pour une cause qui nous est chère, cela nous coûte au contraire de l'argent, cela nous coûte du temps, c'est pris sur notre vie de famille. Nous ne sommes pas des millionnaires qui roulons avec des chauffeurs, nous avons des voitures que nous conduisons, nous sommes véritablement représentatifs de toutes les couches de la société en France et c'est ce qui fait la richesse de la Ligue. Nous avons tous les métiers possibles, nous avons des professionnels de la route qu'ils soient des commerciaux ou des conducteurs de poids-lourds, nous avons des gens qui conduisent des voitures, nous avons des motards, nous avons de nombreux cyclistes et bien évidemment nous avons des piétons. Nous avons tous les partis politiques et c'est la raison pour laquelle tout le monde reconnaît à quel point nous sommes libres de parole. Que ce soit un gouvernement de gauche ou de droite si'l ne fait pas ce qu'il a à faire on nous a toujours entendus. Ne fantasmez pas sur la ligue, la ligue c'est vous, c'est nous, c'est nous tous.
Anonyme : Pourquoi ne pas militer pour le ferroutage, moins de poids lourds sur les grands axes = circulation plus fluide. Vous aurez beau faire améliorer les voitures, réduire leur vitesse, si vous vous faites percuter par un engin de plus de 30 tonnes, les chances de survie sont très limitées.
Chantal Perrichon : Il est certain que nous n'intervenons que lorsqu'il va y avoir des radars discriminants, c'est-à-dire qui vont contrôler la vitesse des poids-lourds. Pour nous c'est un plus pour la sécurité routière, mais nous ne pouvons pas tout faire. On nous reproche de nous mêler de beaucoup de choses et pour le ferroutage il y a des associations qui travaillent pour cela et qui le font très bien. Nous pourrions suggérer l'augmentation du prix du diesel pour les camions, cela inciterait à reporter le transport sur le fer. Mais tout ça n'est pas notre rôle, nous notre objectif c'est le zéro accident. Nous avons choisi ce qui a été l'objectif pendant des dizaines et des dizaines d'années dans le monde de l'entreprise et c'est comme ça que l'entreprise a pu éviter ces accidents du travail. Lorsqu'il y a un accident nous analysons toutes les causes et nous travaillons sur ces causes pour quelle disparaissent.
Mak_clio : Il a toujours été dit que les radars automatiques étaient installés en amont des zones dangereuses afin de réduire la vitesse des usagers. En supprimant les panneaux, le conducteur qui découvre la route n'aura plus d'indications concernant la présence d'une zone dangereuse. Il ne réduira plus sa vitesse comme il l'aurait fait autrement. N'est-ce pas opposé au principe de sécurité routière ?
Chantal Perrichon : Il faut savoir que cet argument est l'argument favori des vendeurs de chacaleries. Les points noirs c'est une notion qui date d'il y a pratiquement 30 ou 40 ans, ils ont aujourd'hui quasiment disparu de nos routes. Actuellement les radars sont placés dans des zones décrétées dangereuses c'est-à-dire des dizaines de kilomètres d'affilée, souvent des lignes droites, et les préfets sont à même de dresser la cartographie des zones dangereuses. Ce sont des grandes nationales très circulées où il faut faire tomber la vitesse des automobilistes. C'est rappeler aux automobilistes que dans ces endroits là il y a de nombreux morts.
Souvent les gens s'étonnent parce qu'ils voient au bord des routes des silhouettes et c'est vrai que notre association pose des silhouettes parce qu'il y a eu un accident mortel. On nous demande souvent « comment c'et possible, c'était une ligne droite », oui c'est une ligne droite après des kilomètres et des kilomètres et les gens sont en survitesse et tôt ou tard ils font des sorties de route donc il faut oublier cet argument, ce n'est pas suffisant pour signaler les forces de gendarmerie. Rappelons qu'elles sont là pour dire à chacun de respecter les vitesses car c'est la vie de tous qui en dépend.
Anonyme : Est-ce que vous aimez la voiture de manière général et si oui quelle est la voiture de vos rêves ?
Chantal Perrichon : Dans notre famille nous avons deux voitures, une pour Paris et une pour la route. Je ne suis pas une fanatique de la voiture en soi mais j'aime qu'elle soit confortable, qu'elle soit agréable mais pour moi c'est un objet qui sert à me transporter du point A au point B avec le maximum de sécurité possible. Nous avons en 2005 lancé le palmarès de la voiture citoyenne c'est-à-dire que nous classons à un instant T toutes les voitures vendues en France selon 4 critères : la protection des occupants, la protection des usagers vulnérables, la protection des autres occupants des autres voitures et la protection de l'environnement. Pour nous une voiture c'est la protection de l'homme et de son environnement mais jamais une protection de soi-même au détriment des autres. Nous publions le palmarès avec 60 millions de consommateurs, nous avons lancé notre 8ème palmarès qui est devenu européen parce que d'autres pays nous l'ont demandé donc nous avons agrandit notre base de données et je peux dire que vus les progrès faits ces 5 dernières années on s'aperçoit qu'avant il devait y avoir deux voitures au dessus de la note 14 et avec les années aujourd'hui nous en avons 55 qui ont 14 ou au dessus. Il a une amélioration notamment en ce qui concerne la protection des usagers vulnérables, c'est important et ma foi la voiture de mes rêves c'est une voiture qui aura je l'espère un jour une note entre 19 et 20.
Caradisiac : Etes-vous vous-même automobiliste ?
Chantal Perrichon : Je suis automobiliste, je conduis tous les jours, je suis amenée à faire beaucoup de kilomètres aussi pendant les vacances, je suis vraiment l'automobiliste lambda; j'ai tous mes points comme 75% des Français. 90 % des conducteurs ont entre 10 et 12 points, donc je suis vraiment l'automobiliste lambda.
Caradisiac : Cela fait quelques années que vous endossez ce rôle à la LCVR. N'êtes-vous jamais fatiguée d'essayer de sauver les gens contre leur volonté ?
Chantal Perrichon : Il faut rappeler que dans les accidents mortels 60% de ceux qui meurent n'ont commis aucune erreur. Ils auraient peut-être aimé être protégés. Un accident mortel c'est un échec de notre société, c'est qu'on n'a pas pu éviter l'accident. Or nous parlons toujours de morts évitables. Ces personnes qui avaient ce discours l'avaient en 2002 or 25 000 vies ont été sauvées, 25000 personnes ne vivent pas avec un handicap lourd. Je pense que la maman de ce petit garçon de 5 ans tué par un chauffard récidiviste trouverait cette question particulièrement indécente [le petit garçon a été renversé le 19 mai dernier à Paris par un conducteur dont le permis avait déjà été annulé pour un accident en 2010, ndlr.].
Caradisiac : La mortalité zéro sur la route vous y croyez ?
Chantal Perrichon : Nous, nous pensons à l'objectif zéro accident. Ca veut dire que c'est vraiment analyser les accidents, le côté multi factoriel des accidents pour combattre ces facteurs. Nous sommes partis de 18 000 morts sur nos routes en 72, et les gens trouvaient que c'était normal donc il faut arrêter de se résigner, nous vivons avec des gens qui sont des pseudos révoltés, ils sont révoltés parce qu'on touche à leur petite liberté, mais leur liberté s'arrête là où commence celle des autres. Apprenez à ne pas vous résigner, apprenez à dire non lorsqu'il y a une possibilité de construire, de tirer les gens vers le haut. Ce pourquoi nous nous battons n'est pas honteux, nous nous battons pour qu'il y ait le moins de morts possible sur les routes. Je vais vous donner un exemple : lorsque la Ligue a été créée il nous a fallu 7 ans pour obtenir l'obligation de s'attacher à l'arrière des voitures, pour obtenir que les enfants aient un système spécifique pour être attachés dans les voiture. Qui oserait dire que nos nous sommes trompés ? C'est ça la Ligue, être pionner pour certaines idées. Il faut arrêter de se tromper de cible, nous ne sommes pas les ennemis, les ennemis se sont ceux qui ne veulent rien entendre et qui décident que leur égoïsme doit être le lien social avec les autres. Pour nous ce n'est pas une réponse.
Caradisiac : On vous reproche souvent d'être autophobe, que répondez-vous à cela ?
Chantal Perrichon : Que nous ne sommes ni autophobes, ni motophobes et nous pouvons le prouver . Chez nous il y a des gens qui n'ont pas de voiture mais l'immense majorité en a une ou deux. Nous avons des motards de la route et en ce qui me concerne, mon père était motard, j'ai eu un mari motard et nous avions aussi une voiture. Il faut oublier l'idée que parce que nous souhaitons plus de sécurité sur la route cela veut dire que l'on veut supprimer les motos et les voitures, c'est absolument faux. Ce que nous voulons ce sont des routes qui soient pacifiées et qui surtout soient tournées vers la protection du plus vulnérable. Pour nous c'est ça vivre ensemble, une société civilisée c'est toujours donner plus de protection au plus faible.
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