Il n’est pas excessif de dire que la Coccinelle a été la voiture la plus planétaire jamais construite. Fabriquée à plus de 21 millions d’exemplaires (record mondial), cette curieuse petite auto rondouillarde a bien failli naître… soviétique ! Eh oui, quand Ferdinand Porsche, ingénieur allemand exceptionnel, se met en tête au début des années 30 de construire la « voiture pour tous », il présente son projet à un grand nombre de constructeurs. Mais au début, seuls NSU et Zündapp, marques de motos, s’y intéressent vraiment, au point qu’en 1932, les dirigeants de l’URSS lui donnent pleins pouvoirs pour réaliser son œuvre. Pourtant, Porsche ayant peu d’empathie pour les communistes, il préfère patienter un peu. Bien lui en prend, puisque deux ans plus tard, un dénommé Adolf Hitler, qui a eu l’occasion de rencontrer Porsche, somme l’Association des constructeurs allemands de se mettre en relation avec lui. Ainsi, le IIIe Reich inaugure en 1938 l’usine de Wolfsburg (Basse-Saxe) et la marque Volkswagen naît en même temps que son tout premier modèle, très vite nommé « la voiture du peuple » (traduction littérale de Volkswagen). Son prix est si accessible, que fin 1938, plus de 300 000 Allemands souscrivent pour réserver leur voiture. Las, aucun d’eux n’en voit la couleur, leur argent étant englouti sans scrupule dans l’effort de guerre. Dès lors, Ferdinand Porsche lui-même est tenu de travailler à la conception de véhicules militaires, dont la fameuse Kubelwagen, capable de démarrer par moins 50 degrés.
Complètement détruite au terme de la guerre, l’usine de Wolfsburg, qui avait été utilisée par l’armée, est alors remontée par les forces britanniques qui, petit à petit, et avec les moyens du bord, relancent la construction de la Volkswagen. Dans les années qui suivent, l’Allemagne a besoin de beaucoup de devises. Il est alors décidé d’exporter à tours de bras cette voiture qui, de par sa simplicité, sa bouille rigolote et son prix très abordable, séduit vite à l’étranger, notamment aux USA et en Angleterre, où on la nomme « Beetle », et en France sous le joli nom de « Coccinelle ». Une fois les clients allemands enfin servis, l’exportation devient colossale tant son succès est grand dans le monde entier. Après avoir été construite sur tous les continents, de 1938 à… 2003 au Mexique !, sous licence Volkswagen évidemment, la best-seller tire officiellement sa révérence. Bien sûr, du tout premier moteur 1 131 cm3 de 25 ch, jusqu’au 1 524 cm3 de 50 ch de 1972, il y a eu de très nombreuses versions, des buggys, de superbes cabriolets dessinés par Hebmüller et Karmann, sans oublier la superstar de cinéma (Ah ! Choupette de Walt Disney !).
Unique dans les annales mondiales de l’automobile, ce succès en a pourtant étonné plus d’un. Pourquoi ? Mais simplement parce que la Coccinelle, aussi sympathique et rassurante fut-elle, n’a jamais été un modèle de technicité, bien au contraire. Certes, le refroidissement par air du moteur simplifie les opérations d’entretien, mais il rend l’habitacle terriblement bruyant. Quant à la position du moteur en porte-à-faux arrière, elle a pour conséquence une tenue de cap pour le moins aléatoire, surtout en cas de vent latéral. Bref, le cœur a ses raisons que la raison ignore, et le fait est que cette petite voiture du peuple, destinée au départ à une vocation terriblement simpliste, a lancé, dès 1998, la mode très tendance actuellement des mythes ressuscités. Ainsi, celle que Volkswagen nomma New Beetle en 1998 vient de connaître sa troisième génération (sortie fin 2011), sous un « nouveau » nom, celui de… Nouvelle Coccinelle.
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