Les 55 000 taxis exerçant dans l’hexagone ont été appelés à cesser le travail pour protester contre le développement d’Uber - le service s’est étendu dans trois nouvelles grandes villes (Nantes, Marseille, Strasbourg) début juin - en même temps que pour appeler à l’arrêt immédiat d’applications mobiles type UberPop, qui permet un service de transport par des non-professionnels. Une application que le gouvernement considère d’ailleurs « en situation d’illégalité absolue », ainsi que l’a précisé hier le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneneuve, mais autour duquel persiste un flou juridique qui empêche les pouvoirs publics de procéder à son interdiction pure et simple. En attendant, la CGT-Taxis, qui considère que les conducteurs UberPop se soustraient aux obligations légales en se livrant à du travail dissimulé, a hier assigné Uber et la plate-forme concurrente Djump au tribunal correctionnel de Paris pour exercice illégal de la profession de taxi. En jeu, l’application effective de la loi Thévenoud d’octobre 2014 qui interdit de proposer des prestations de transport à titre onéreux si l’on n’est pas enregisté comme chauffeur de taxi ou VTC (véhicule de tourisme avec chauffeur).
Le témoignage des taxis manifestant Porte Maillot à Paris
Pour autant, pas de quoi tempérer les ambitions d’Uber, qui continue d’ailleurs à faire le plein d’appentis-chauffeurs, ainsi que le raconte un article publié dans Le Parisien/Aujourd’hui en France ce matin. La société californienne attend que le Conseil constitutionnel statue sur le cas d’UberPop, et joue aussi la carte de la Commission européenne, qui devrait rendre une directive d’ici la fin de l’année permettant d’harmoniser le droit européen sur ces points.
En attendant, ce matin, il ne faisait pas bon être automobiliste. Les incidents se sont multipliés dans plusieurs villes de France, et notamment à Paris, Nantes, Bordeaux, Nice ou Marseille, avec des opérations escargots et la mise en place de barrages filtrants, avec pour conséquence une circulation extrêmement difficile. A l’aéroport de Roissy, par exemple, les télévisions montraient les images de voyageurs forcés de marcher près d’une heure pour accéder aux aérogares. Des altercations ont aussi eu lieu entre taxis - 2800 d'entre eux ont été mobilisés, selon la police - et chauffeurs de VTC, dont certains ont vu leurs véhicules vandalisés. Et les taxis préviennent : « on continuera aussi longtemps qu’il le faudra », déclarait ce matin l’un d’entre eux à la télévision.
Près de la porte Maillot ce matin. Un VTC vandalisé (capture d'écran Twitter)
A Roissy, les voyageurs bloqués ont fini à pied leur trajet vers les aérogares (capture d'écran Twitter)
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