Le choc, lors de la présentation de la Mégane, à la fin de l'été 1995, est venu avant tout du nombre de carrosseries proposé : berline 5 portes et coupé commercialisés dans la foulée de la Scénic et de la Classic (berline 4 portes à trois volumes). Le Cabriolet arriva plus tard, au printemps 1997. Une véritable gamme dans la gamme, complétée ultérieurement par le break. Les principaux progrès, par rapport à la R19 dont la plate-forme a été réutilisée, concernent la sécurité passive et la robustesse apparente, ce que les responsables marketing appellent la "qualité perçue". C'est peu et beaucoup à la fois. L'habitabilité a légèrement progressé d'un modèle à l'autre, contrairement à l'aérodynamique (Scx de 0,63, au lieu de 0,59). Au total, l'espace disponible se révèle très proche de celui de la Xsara. Le volume du coffre avoue un léger déficit.
Petit bémol dans un intérieur bien construit, la position de conduite un peu haute, même avec le réglage en hauteur du siège conducteur. La seule déception réelle vient de la suspension arrière à bras tirés à 4 barres de torsion (à la géométrie plus rigoureuse que le 2 barres, destiné aux motorisations de puissance inférieure à 90 ch jusqu'au restylage de 1999), héritée du principe de la R11. Si elle procure un confort moelleux dans l'ensemble, la qualité de filtrage (bruits de roulements et de suspensions en particulier) se révèle moins souveraine que celle de la 306, et à sa suite que celle de la Xsara.
Le comportement routier se situe au niveau de la Citroën, à quelques nuances près. Il apparaît moins précis et agile que celui de la Xsara, au moins jusqu'au restylage du début 1999. Le freinage précédemment correct a également gagné en endurance lors de cette remise à niveau.
Le 1.9 DT à injection indirecte, 95 ch, hérité de la R19, qui faisait preuve d'un peu plus de brio que le 1.9 Turbo D de PSA sans consommer plus (environ 7,4 l/100 km), a tenu à peine plus d'un an sous le capot de la Mégane. Il a été remplacé par le premier moteur français à injection directe, en juin 1997. Si les performances restent stationnaires, il s'avère plus agréable grâce à une meilleure disponibilité à bas régime. L'avantage le plus net concerne la consommation, qui chute d'environ 16 %, soit plus d'un demi-litre aux 100 km. On sort très rarement de la fourchette 6/7 l aux 100. La Xsara 1.9 Turbo D abdique sur ce plan-là. Égalité en revanche pour le niveau sonore et les vibrations : le résultat s'avère perfectible par rapport aux moteurs à rampe commune à froid, surtout en accélérations. Quoique là, le 1.9 DCi adopté par la Mégane en octobre 2000 (avril sur la Scénic) apporte moins de progrès qu'on l'espérait. La Mégane équipée de ce moteur reste plus bruyante que la Xsara HDi.
Par ailleurs, le DCi permet d'améliorer accélérations et reprises de quelques petits dixièmes de seconde sur le DTi et un peu plus encore sur le HDi 90 ch. La consommation baisse de 0,1 à 0,2 litre aux cent et reste comparable à celle de la Xsara HDi. Mais c'est surtout l'agrément à bas et à mi-régime qui progresse grâce à une courbe de couple plus plate. Au final, on peut préférer la Xsara 90 ch, pour le fonctionnement plus onctueux et plus silencieux de sa mécanique. Commercialisée au printemps 2001, la Xsara HDi 110 ch enfonce le clou dans tous les domaines, en particulier dans celui des performances. Mais elle se paye plus cher que la Mégane 1.9 DCi et ne se trouve pas encore sur le marché de l'occasion.
Mégane DTi et DCi jouissent d'une belle cote d'amour, qui se traduit par une faible décote, entre Xsara et 306 HDi. Préférez les premiers modèles de la fin du millésime 1997 ou 1998. Globalement, la fiabilité mécanique est bonne, mais les incidents semblent plus fréquents que pour le HDi, notamment en ce qui concerne le grippage de la pompe à eau et la courroie de distribution.
Caractéristiques
Mégane 1.9 DTi à moteur 1 870 cm3, 100 ch à 4 000 tr/mn, 200 Nm à 2 000 tr/mn ; performances : 184 km/h, 400 m DA en 18,0 secondes ; 3 degrés de finition : RTA, RTE et RXT, suivis de RXE et RXT à partir de mars 1999 jusqu'à octobre 2000 ; direction assistée en série. Consommations selon normes (urbaine/route/mixte), en litres, aux 100 km : 6,8/4,2/5,2 ; réelle estimée : 6,6 l/100.
La Mégane 1.9 DTi en bref : berline 5 portes (ou Classic et Scénic) ; transmission : aux roues avant ; 5 vitesses ; longueur : 4,13 m ; coffre : 348 litres. Commercialisée en juin 1997, restylage en mars 1999 (avec nouvelles motorisations essence 1.4 et 1.6 16V et 2.0 ide), la motorisation 1.9 DCi remplace la 1.9 DTi et nouvelles finitions en octobre 2000.
Qualités :
moteur sobre et vivant, confort de suspension, comportement routier sûr, habitabilité et coffre dans la bonne moyenne.
Défauts :
moteur bruyant, filtrage des suspensions un peu décevant, position de conduite un peu haute, cote relativement élevée.
Conclusion
Les qualités d'un modèle à l'autre apparaissent finalement assez différentes pour ne pas faire un choix à pile ou face. Si l'on s'en tient aux prestations de leur mécanique, par exemple, la Mégane DTi l'emporte sur la Xsara 1.9 Turbo D grâce à de meilleures performances et à sa consommation vraiment faible aux millésimes 1998 et 1999. Sur les années plus récentes, en revanche, avec l'arrivée du HDi, la Xsara reprend l'avantage grâce une sobriété comparable et, surtout, à la rondeur et à la discrétion de son moteur face à la Mégane DTi, et même à la DCi commercialisée depuis un an. Reste à vérifier si on est prêt à payer plus pour consommer moins et (ou) profiter d'un meilleur agrément.
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