Aujourd'hui sort le quatrième opus de la saga Fast n'Furious, qui marque le retour du casting du premier épisode sorti en 2001 avec Vin Diesel, Paul Walker, Michelle Rodriguez et Jordana Brewster. Pour l'occasion, Erik Adelson du site Inside Line s'est rendu au Japon, pays où on trouve des caisses dans les 10 à tous les coins de rue pour vivre le film de l'intérieur et le confronter à la réalité. Rapide ? C'est certain. Furieux ? Un peu moins. Voici son journal de bord.
22h00. Nous entrons dans la zone industrielle de Chiba. Pas un chat, juste des usines et une longue ligne droite avec absolument aucun trafic. La recette parfaite.
Juste après 23 heures : deux Skyline old school montrent le bout de leur capot, avec des conducteurs encore plus vieux à leurs volants. Elles sont toutes les deux vidées, et sacrément bruyantes. Elles s’alignent côte à côte, procèdent à un puissant burn out avant de s’aligner à nouveau, puis s’élancent, signal de départ de la soirée. Un type avec un pantalon orange flashy sort de sa voiture et commence à ordonner les courses. Même les runs sauvages sont organisés ici ! Une Chaser blanche s’avance, se lance dans un burn out d’anthologie avant de s’entraîner à faire quelques départs. Il cherche clairement un opposant, mais il est trop rapide pour la foule présente.
A Tokyo, une des plus grandes villes du monde, la liste des endroits pour faire la course est sans fin. Pour des runs, pour du drift ou sur les autoroutes qui entourent les villes. Et il y a des voitures aux performances irréelles. Supra, Skyline, Silvia, Chaser et même quelques muscle cars américaines de temps en temps.
Les flics ? Ils n’ont pas l’air de s’y intéresser, tant que les courses s’arrêtent quand ils arrivent. "Respecte-les en faisant cette concession et les courses pourront continuer toute la nuit" dit Tatsu, face au 2JZ forgé de sa Chaser. C’est Tokyo, un des meilleurs endroits au monde pour les courses illégales.
Mais la soirée commence plusieurs heures plus tôt dans la baie de Yokohama, sur une petite île artificielle appelée Daikokufuto. Au milieu de cette île se trouve une aire d’autoroute (appelée ici "pakingu") où les amateurs de course de toutes sortes se retrouvent avant de s’élancer dans les rues.
21h00. nous entrons dans Daikokufuto qui ressemble soudainement à un parking d’Auchan la veille de Noël, la seule différence étant qu’il est rempli de voitures très modifiées. De la taille d’un terrain de football, les voitures s’y alignent comme si elles participaient au tournage d’un film. Bien rangées, dans la plus pure tradition japonaise. C’est là que nous rencontrons Tatsu, jeune homme de 25 ans, qui participe aux courses de Tokyo depuis des années.
Nous ne savons pas vraiment ce qui est pire, son anglais ou notre japonais, mais son Hachiroku est pour le moment en pièces détachées, le temps que son châssis soit ressoudé et qu’un nouveau 4AGE arrive, c’est la raison pour laquelle il joue le rôle du guide aujourd’hui.
Devant le parking se trouve un McDonald’s. "C’est là que les voitures VIP se rassemblent" dit Tatsu, entre deux bouffées de cigarette. Il monte du doigt la longue file de grosses berlines noires. "Leur but n’est pas la vitesse" poursuit-il "même si certaines d’entre elles sont bien servies niveau puissance". Le style VIP mélange les berlines luxueuses, les SUV style rappeurs et quelques low riders. Plus télévisions et haut-parleurs que turbo et burn. Ce n’est pas ce que nous venons chercher ce soir.
A côté des VIP, on retrouve des K cars, ces petites voitures au moteur de 660cm3, "keijidosha" signifiant littéralement "voiture légère", d’où s’échappe de la pop japonaise. C’est douloureux pour les oreilles, et pas seulement à cause du volume sonore. Des filles aux accoutrements étranges sautillent au rythme de la musique et semblent apprécier, elles.
Le reste du parking est rempli des voitures les plus sauvages de Tokyo. Les Skyline dominent largement. Il y a au moins 50 GT-R, toutes rangées selon les générations. Des Lancer et des Impreza sont aussi alignées, mais les premières face aux secondes, comme si elles étaient sur le point de se battre. Leurs propriétaires se tiennent à côté de leurs voitures, dévisageant de temps en temps leurs rivaux. L’air est chargé de testostérone.
Disséminés ici ou là, d’autres modèles se rassemblent : des BMW Z3 et Z4, des Mazda MX5 et RX-7 et quelques Nissan Z, où l’ambiance est bien moins agressive.
L’atmosphère est vraiment étonnante. Aux Etats-Unis ou en France, si de telles voitures modifiées s'agglutinaient longtemps à un même endroit, la police ne mettrait pas longtemps à venir y mettre son nez. Ici c’est bien différent, on se croirait presque à un pique-nique dominical. Des familles entières mangent, assis sur des chaises pliantes. Ce rassemblement n’a pas l’air illégal. Parce qu’il ne l’est pas. Pas encore, en tout cas.
21h38. Le bruit court qu’il y aurait des runs à Chiba, à 40 kilomètres d’ici, nous décidons d’aller y jeter un œil. Il est maintenant plus de minuit, et les runs commencent à atteindre leur vitesse de croisière. Un groupe de six Skyline approchent, et a l’air prêt à en découdre. Une R34 GT-R bleue s’avance, fait entendre son moteur et des flammes de 30 cm sortent de son échappement. Il se dit que son RB26 est maintenant en monoturbo, de quoi parcourir le 400m départ arrêté au plus dans les 11 secondes. Le type au pantalon orange est déjà en train de parler avec le conducteur de la Chaser blanche.
Les deux voitures s’alignent et le départ est donné. La Skyline démarre si fort qu’elle semble plisser le macadam. A ce moment, personne ne miserait sur la Chaser, mais elle commence à remonter grâce à son turbo qui, à l’oreille, est gigantesque. Au final, la GT-R gagne quand même, mais de très peu.
Minuit et demi. Une MR de seconde génération, avec un 3SGTE forgé, s’aligne à côté d’une R32 GT-R échappée du gang des Skyline. La transmission intégrale de cette dernière aura fort à faire face aux larges pneus slick de la Toyota. Ichi-ni-san, elles s’élancent brutalement, la MR prenant l’avantage. Quelques secondes plus tard, la boîte de vitesse de la Skyline vole en éclat dans une gerbe d’étincelles mélangée à de la fumée. C’est fini pour lui ce soir.
1h59. Nous arrivons au Yokohama Bay Side Club, une boîte de nuit où tous les "drifters" aiment se retrouver. "Nous irons drifter dans quelques heures" dit Toshi entre deux gorgées de Red Bull. Le parking ressemble au paddock d’un D1 Grand Prix, les voitures, capots ouverts, sont toutes recouvertes d’autocollants. Les filles paradant en tenue très courte passent sans être remarqué, tant chacun est absorbé par des réglages de dernière minute sur sa voiture.
Toshi s’y connaît, c’est un habitué dont la S15 a fait l’objet de plusieurs reportages dans des magazines japonais. A 3h45, le départ est soudain, comme s'il y avait un signal télépathique. L’un des drifters est Eiji Arito. Ce Tokyoïte de 28 ans pratique cette discipline depuis environ 8 ans. Sa S13 a été refaite dans le plus pure style drift. SR20. Jantes Rays à déport. Onikamu. "Allons-y" dit-il,"c’est le moment de s’amuser".
3h59. De retour à Diakokufuto, le bruit de pneus à l’agonie déchire la nuit. Un groupe de deux Chaser et de deux S14, dont l’une est dotée d'un RB25 de Skyline GT-S, passe l’intersection en travers de façon parfaitement synchronisée. Arrivées au premier feu rouge, elles s’arrêtent, patientent jusqu’au feu vert avant d’effectuer un 180° et s’élancer dans l’autre sens. Leur manège durera près de 45 minutes, à seulement quelques mètres des très nombreux spectateurs.
Dès qu’un groupe s’arrête, un autre s’élance, comme s’ils suivaient tous un emploi du temps réglé à la minute.
5h24. Les flics arrivent, gyrophares allumés. Tout le monde se disperse, sans que personne ne reçoive d’amende. Le soleil se lève. Nous sommes épuisés, les oreilles tintant et nos vêtements sentant les vapeurs d’essence. Voilà ce que sont les courses de rue à Tokyo.
Source : Inside Line.
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