Une mesure qui sent le réchauffé
Caradisiac a contacté l’Association de mobilisation citoyenne "Agir pour l’environnement" (APE), née en 1996, pour qu’elle nous donne son point de vue sur cette promesse du gouvernement de favoriser la production des biocarburants.
Cette association a souligné le fait que cette mesure antipollution n’a rien d’originale et de surprenante puisqu’elle était déjà mentionnée dans le plan Climat 2004, réalisé à l’initiative de Serge Lepeltier, alors ministre de l’Ecologie et du développement durable.
Il y a plus d’un an, donc, nous pouvions lire dans ce plan Climat 2004 : " Le plan climat est le plan d’action du gouvernement pour être à la hauteur du défi majeur que constitue le changement climatique (p. 4). Les transports sont l’un des secteurs les plus contributeurs en termes d’effet de serre, et en plus forte croissance, reflet du besoin de mobilité des hommes et des femmes dans la société moderne. Plusieurs actions doivent permettre de marquer les esprits, de continuer d’infléchir le comportement des conducteurs et des consommateurs et d’encourager les transports les plus propres. Une utilisation renforcée des biocarburants sera mise en place progressivement pour respecter l’objectif européen : 5,75 % d’incorporation dans les carburants d’ici à 2010, 2 % en 2005 (p. 26)". D’une part, le gouvernement n’a pas respecté l’objectif des 2 % en 2005 puisque nous sommes toujours à 1 % et d’autre part, il reprend un plan d’action d’un ancien ministre : selon l’APE, il faut apparemment une flambée du prix du baril de pétrole et un raz le bol général des automobilistes pour que l’Etat fasse des déclarations publiques sur l’écologie et promettent d’agir concrètement contre les changements climatiques et la dépendance énergétique ! Depuis de nombreuses années, l’Institut français du pétrole, un centre indépendant de recherche et de développement industriel, consacre une partie de ses études aux énergies de substitutions du futur et des pétroliers investissent également pour ces énergies. Mais leurs trouvailles ne bénéficient pas de commercialisation d’envergure pour la simple et bonne raison que le pétrole coûtait jusqu’à présent beaucoup moins cher et que l’Etat misait ainsi plutôt sur le pétrole que sur les autres énergies alternatives. Il est clair que l’or noir apporte beaucoup plus d’argent dans les caisses de l’Etat que les biocarburants.
Autre point : l’objectif des 5,75 % de la loi européenne est-il réalisable en France ? Concernant le bioéthanol, il est peu probable que cela soit envisageable en raison des matières premières requises insuffisantes. Concernant le biodiesel, cela pourrait être possible car les surfaces agricoles actuelles le permettraient. Mais il serait dangereux d’aller au-delà des 5,75 % , sinon des conflits d’intérêts entre la consommation et les biocarburants issus de l’agriculture française surgiraient. Martine Billard, député de Paris à l’Assemblée nationale et membre du parti écologiste Les Verts nous révèle les dérives potentielles et évoque des solutions tangibles.
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