Le tunnel du Gothard a subi un drame semblable à celui du Mont-Blanc. Le scénario catastrophe a commencé à 7h40 quand deux camions, dont l’un chargé de pneus, sont entrés en collision à environ un kilomètre de la sortie sud du tunnel. Très rapidement, les deux véhicules impliqués se sont embrasés, dégageant une fumée noire très épaisse.
Comme dans les autres accidents de ce type, la plupart des passagers des voitures proches du lieu de l’impact ont réussi à quitter le tunnel en faisant demi-tour ou en abandonnant leur véhicule et en rejoignant la galerie de secours, parallèle au tunnel routier. Quelques véhicules, en provenance de l’entrée nord, n’ont cependant pas réussi à s’éloigner rapidement du foyer de l’incendie.
Le témoignage de Bruno Saba, conducteur de l’un des camions impliqués devrait servir de base pour les enquêteurs. Celui-ci a en effet déclaré avoir vu venir la tragédie :
«J’arrivais au bout du tunnel et, à 250 m, j’ai vu un camion zigzaguer de droite à gauche. J’ai serré à gauche, mais il m’a touché et nous sommes entrés en collision.
Je suis sorti de la cabine et j’ai dit aux gens de rebrousser chemin hors du tunnel. Je transportais des pneus. Ils n’avaient pas encore pris feu mais je prévoyais qu’ils allaient le faire. Dans ce genre de situation, il ne faut pas grand chose pour que le feu prenne. »
L’incendie s’est effectivement déclaré et, autre facteur aggravant, la voûte du tunnel a cédé sous l’effet de la forte chaleur dégagée par l’incendie. Elle s’est effondrée sur une longueur de 300 m, ensevelissant de nombreuses voitures.
Même si les opérations de secours ont été vite déclenchées, les pompiers se sont heurtés à un véritable brasier dont la température atteignait plus de 1000°, ce qui explique que les automobiles et camions bloqués dans le tunnel se soient soudés entre eux.
Le Gothard, le plus long tunnel de Suisse
Achevé en 1980, le tunnel du Gothard est situé sur le principal axe nord-sud de la Suisse. Il relie le village de Göschenen, au nord à la localité d’Airolo, à une quinzaine de kilomètres de la frontière italienne. Avec ses 17 km, il est le tunnel le plus long de Suisse et le deuxième plus grand du monde derrière celui de Laerdal en Norvège qui mesure 24,5 km.
Ce tunnel permet aux poids lourds d’effectuer la liaison entre Hambourg (Allemagne) et Reggio de Calabre, en Italie du Sud, sans rencontrer de feu rouge, tout en restant constamment sur autoroute. Autre avantage pour les routiers : le Gothard leur évite de faire un long détour par une petite route de montagne qui est régulièrement fermée (jusqu’à six mois par an) en raison du mauvais temps.
L’affluence qu’il subit est bien la preuve de son utilité : près de 18 700 véhicules l’empruntent chaque jour, dont 21 % de camions. Il était d’ailleurs en 1999, le troisième tunnel alpin en matière de fréquentation derrière celui de Brenner et de Fréjus (NDLR : le tunnel du Mont-Blanc n’étant pas pris en compte).
Du point de vue architectural, le Gothard se caractérise par un tube routier assurant le trafic dans les deux sens et par une galerie de secours sur toute la longueur. Il est équipé, tous les 250 mètres, de sas de secours dans lesquels peuvent prendre place jusqu’à 70 personnes, ainsi que de détecteurs d’incendie et d’un système de feu rouge qui régule la circulation dès qu’une alarme se déclenche.
Malgré cet arsenal, le Gothard connaît en moyenne cinq accidents par an, ne faisant en général que des blessés.
Cette structure mono-tube a d’ailleurs fait l’objet à plusieurs reprises de nombreuses polémiques en Suisse, car certains habitants étaient favorables au doublement du nombre de tubes afin d’éviter les traditionnels bouchons lors des vacances.
Cette catastrophe soulève par ailleurs trois interrogations :
Faut-il encore intensifier le ferroutage dans un pays qui développe déjà cette pratique afin de limiter le nombre et le tonnage des camions sur ses routes ? Actuellement, seuls les camions d’un tonnage maximum de 27 tonnes peuvent circuler sur les axes routiers du pays, à l’exception d’un contingent de 100 000 camions de 40 tonnes maximum par an.
La construction de deux immenses tunnels destinés au ferroutage, sous les Alpes - l’un sous le Gothard qui avec une longueur de 57 kilomètres, deviendra le plus grand du monde, et l’autre de 35 km sous le Loeschtberg - doit-elle être remise en question ?
Le Gothard ayant servi de modèle pour fixer les nouvelles normes de référence en vue de la modification du tunnel du Mont-Blanc, doit-on maintenir la réouverture programmée de ce dernier ?
Bientôt : l'ouverture du Gothard
Malgré les dégâts présents dans le tunnel, le trafic automobile devrait être rétabli à Noël, mais les poids lourds devront attendre mai prochain pour l’emprunter. Ce calendrier ne pourra être respecté que si le Ministère public donne son feu vert avant le 19 novembre aux travaux de déblaiement et de remise en état. Des travaux qui devraient être achevés en six à huit semaines. La réouverture prévue d’ici Noël concerne les véhicules d’un poids maximal de trois tonnes, ainsi que les cars. De janvier à mai, de nouvelles installations de ventilation seront mises en place. Le tunnel sera réouvert aux camions une fois ces aménagements terminés.
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