Gare du Nord : y’a de l’espoir
Premier essai gare du Nord, côté grandes lignes face aux terminaux Thalys et Eurostar. Je prends place sous les tableaux d’affichage et refais mon numéro : "Bonjour, je m’appelle Henri, et si je viens faire une quête ici, c’est pas de gaieté de cœur, mais parce que j’ai besoin d’une voiture". Et j’enchaîne : "Je suis abonné SNCF et j’en peux plus de ces grèves, j’en peux plus". Avant de faire la quête parmi les voyageurs, je récolte de jolis sourires auprès d’étudiantes. C’est déjà ça. Mais, sur ce quai, aucun ne met la main à la poche.
Un monsieur d’un certain âge s’amuse et déclare :
- "Une Jaguar, ça vous irait ?".
- "Holà, Monsieur, il me faudrait alors faire la quête pour me payer l’essence".
Derrière moi, de nouveau un autre quêteur. Avant de me faire accoster par ce concurrent, je prends les devants et m’empresse d’expliquer le motif de ma quête à mon "rival". Lequel prend les choses de façon plus placide que son collègue de la gare de l’Est. Mais, pour ce qui est des revenus, toujours rien.
Alors, on tente le coup du côté des terminaux RER. Là, il y a affluence. Incrédulité, compassion se lisent sur les visages à l’écoute de mon charabia. Toujours des sourires. Visiblement, des voyageurs pensent : "En voilà un qui a pété les plombs, ça devait arriver". Une fois mon sermon terminé, cette fois plus vindicatif que larmoyant, un homme me glisse une pièce de monnaie. Quelques autres suivront.
Largement insuffisant pour ma future voiture. En fait, c’est en m’applaudissant que les voyageurs manifestent leur approbation. Fort de ce succès (un peu financier et surtout moral), je renouvelle l’expérience sur un deuxième quai, toujours au terminal banlieue de la gare du Nord. Même réaction sidérée de la part des voyageurs. Par contre, notre coup de gueule n’est visiblement pas du goût de la Suge, la Surveillance Générale, en clair le service d’ordre de la SNCF, délègue sur place deux vigiles pour faire cesser ce "trouble à l’ordre public". Visiblement, si les cheminots sont en grève, créant le chaos sur les voies, la SNCF tient à ce que l’ordre règne sur ses quais de gare.
Pourtant, notre homme ne faisait qu’exprimer une opinion finalement défendable, non ? Notre chère compagnie nationale a donc un certain sens de la communication… un sens unique…
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