Depuis dix ans, radars et contrôles de vitesse n’ont cessé de se multiplier le long de nos routes. Le but : nous obliger à lever le pied. Et le pire, c’est que ça marche. Mais nos routes sont-elles plus sûres pour autant ? Cette enquête commence dans un cabinet médical . Depuis trente ans, Marie-Thérèse Giorgio est médecin agréé pour délivrer les certificats médicaux suite à des retraits de permis. Une place de choix pour prendre conscience de la situation. Ce médecin souligne la problématique des automobilistes auxquels on retire le permis alors que précisément, ils en ont besoin pour travailler, comme les routiers par exemple. De fait, la majorité de ceux auxquels on retire le permis pour excès de vitesse sont des professionnels de la route, c’est-à-dire des conducteurs qui roulent plus de 100 000 kilomètres par an.



L’’organisation du travail qui évolue notamment en fonction de la crise économique induit des comportements qui provoquent des excès de vitesse. Quand on demande à un routier de ne pas emprunter les autoroutes par souci d’économie, celui-ci est contraint de rouler plus vite sur les nationales pour livrer à temps son chargement.

Les accidents sont souvent la cause de plusieurs facteurs et il est difficile de définir lequel est prépondérant. Mais si la vitesse n’est pas toujours la cause de l’accident, celle-ci a un impact direct sur la mortalité. En 2012, 26 % des accidents mortels ont pour cause une vitesse excessive. 

Certains n’hésitent pas cependant à considérer que conduire lentement est aussi dangereux. Exemple, notre pilote-maison, Soheil Ayari. Certaines statistiques permettent en toute logique de s’interroger. Une société d’autoroute, la Sanef, a conclu à la suite d’une enquête sur les causes de l’accidentologie sur son réseau, que la vitesse est « seulement » la quatrième cause d’accident mortel. La première étant la somnolence.

Aujourd’hui, il faut reconnaître, quoi qu’il en soit, que les limitations de vitesse ont largement contribué à diminuer la mortalité sur nos routes. Cela dit, la politique du tout radar a peut-être atteint ses limites. Les automobilistes connaissent les astuces et s’équipent d’avertisseurs radars. Et à côté de cela, de nombreux professionnels de la route perdent leur permis à cause d’une économie qui ne s’impose pas les mêmes limites. Désormais, si l’on veut sauver plus de vies, doit-on miser sur cette voix ou sur la responsabilisation d’une nouvelle génération de conducteurs qui semblent plus prudents car moins accros à la vitesse ? La question reste ouverte.