Les dernières péripéties du couple Daimler Chrysler amènent à penser que les suppressions d'emploi et les fermetures d'usine ne seront pas les seules mesures prises.
Dieter Zetsche qui s'est dit « prêt à envisager toutes les solutions pour trouver une issue au problème Chrysler », n'a pas démenti formellement les informations faisant état de pourparlers entre GM et DCX concernant une cession de Chrysler. Il a simplement dit ne pas vouloir commenter des discussions qui, même si elles sont à un stade précoce, semblent bel et bien exister. Sans compter l'intérêt pressant que certains constructeurs chinois portent à cette affaire ou encore la recherche d'alliance américaine que Carlos Ghosn n'a jamais véritablement reniée.
Dieter Zetsche a préféré insister plus lourdement sur le besoin pour Chrysler de nouer des alliances avec d'autres constructeurs pour s'assurer un avenir confirmant implicitement que Mercedes ne veut pas être la béquille de l'américain.
Lorsque l'un des partenaires s'éloigne à ce point de son conjoint, on imagine assez mal le couple durer. Et ce d'autant plus que la seule personne capable de faire fonctionner les 2 entités semble résignée. Dieter Zetsche qui gérait Chrysler avant de prendre la tête du groupe est en effet celui qui connaît le mieux le fonctionnement de l'américain et qui est le plus compétent pour estimer les chances de Chrysler de revenir au sommet dans le cadre de l'alliance.
La seule chose qui semble retenir le groupe allemand est que la scission pure et simple serait une lourde charge pour Mercedes. Selon certains analystes, la facture d'un divorce serait de 26 milliards de dollars, notamment en frais de retraites et d'assurances santé non encore financés (env. 18 milliards). Cette somme, si elle n'était pas acquittée par Mercedes empêcherait évidemment une cession à un autre constructeur.
On comprend qu'il n'y ait actuellement que des négociations.
D'autres analystes poussent le raisonnement en mettant en perspective l'aventure Daimler-Chrysler initiée par Jurgen Schrempp. Les idéaux de l'ancien boss de DCX était de créer une « Société Mondiale » composée de Mercedes associé à Mitsubishi et Chrysler. En cela, Schrempp cassait totalement la stratégie de son prédécesseur. L'avènement de Dieter Zetsche est du même ordre. Sa réputation (qui lui donna les rênes du groupe par la suite) s'est fondée essentiellement sur sa rébellion contre Jurgen Schrempp. Son « fait de guerre » avait été de le mettre en minorité en faisant admettre au Directoire qu'il fallait se séparer de Mitsubishi et ne pas suivre la stratégie du patron en place qui souhaitait une nouvelle fois renflouer le japonais. Les actionnaires avaient apprécié. C'était la première étape de destruction des plans de Schrempp qui se poursuivent 1 an après par le désir très probable de cession de Chrysler.
L'issue du mariage du siècle aura fini par donner raison aux oiseaux de mauvais augures qui avaient crié à l'hérésie lors de la prononciation de l'union, il y a 9 ans.
Les actionnaires qui ont fait grimper l'action de 5% après que Zetsche ait déclaré que « toutes les options possibles pour l'avenir de Chrysler étaient ouvertes » ont clairement exprimé leur opinion sur le sujet.
Chrysler sera vendu. C'est quasiment certain.
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