L'aventure américaine
Troisième du Tour Auto 1971 et premier en GTS avec une 911 derrière les protos Matra de Larrousse et Ferrari de Jabouillle, mais sans volant en circuit depuis Le Mans, Claude est alors appelé par son vieux "pote" Andruet qui cherche un équipier pour les 1000 km de Paris. Pour ses débuts en course, la Ferrari Daytona de Charles Pozzi encore très "civilisée" se comporte plus que bien et enlève la 3e place. C'est le début d'une longue complicité avec Ferrari France et d'une belle histoire d'amour avec la Daytona "elle était lourde et fatiguante à conduire, freinait mal mais elle était solide et pardonnait tout en contre-braquage. Un régal !" Deux victoires consécutives en GTS aux 24 heures du Mans assorties d'une 5e et d'une 6e place au scratch en 1972 et 73 achèvent d'assoir sa réputation de spécialiste de l'endurance. Solide, Ballot sait aussi être rapide dans les courses plus brèves.
Toujours en 1973, mais avec une Porsche Carrera RSR, il s'impose à Nivelles, Imola, Montlhéry et aux 300 km du Nürburgring devant les meilleurs spécialistes allemands et enlève le championnat d'Europe GT. Dans le même temps, il découvre la course aux Etats Unis. Essuyant des fortunes diverses aux 24 heures de Daytona en 1973 et 75 avec des Ferrari du NART, il se promet de revenir. Sa réputation de spécialiste des 24 heures, lui ouvre des portes et en 1976, sur une Porsche Carrera avec Al Holbert, il est bien près d'enlever la victoire à Daytona. Une sombre histoire de dépassements sous drapeau jaune donne la victoire à BMW, par ailleurs sponsor de l'épreuve ! De retour en France, il se lance dans le championnat des voitures des production dont il fut l'un des ardents promotteurs et rencontre à cette occasion un mécène enthousiaste ; Jean-Marc Smadja. Une collaboration qui débute sous les meilleures auspices, dès 1977, par une 3e place au Mans (son meilleur résultat) avec une Porsche 935.
L'année suivante, avec le soutien de JMS-Racing, Ballot va concrètiser son vieux rêve : piloter en Nascar. Quatorze ans après Jo Schlesser, Claude Ballot Léna est le deuxième pilote français qualifier aux 500 Miles de Daytona avec une Dodge. "Le Nascar, c'est l'aventure à l'état pur . Contrairement à ce que l'on pense en Europe, le pilotage est extrêment technique. En plus, il faut un gros coeur, pour arborder les courbes de l'ovale à plus de 300. Tu me connais, j'en ai vu beaucoup, mais pendant longtemps, je n'arrivais pas garder le pied enfoncé sur l'accélérateur. Un jour, Bobby Allison m'a offert un paire de "Santiag" avec un petit sourire. Il me montrait le talon biseauté, et me disait simplement de le caler sous la pédale !" Ballot disputera 14 courses en Nascar entre 1978 et 1979, avant d'être victime d'un grave accident à Atlanta dont il gardera les séquelles malgré une rapide récupération.
Après un nouveau crash, il décide d'arrêter les frais et à quarante-trois ans, il parle même de raccrocher. Et puis, une nouvelle monte au Mans sur une Ferrari BB lui laisse un goût d'inachevé sous le déluge, on aurait pu profiter de la déroute des protos et des "grosses" 935. Pas question de cultiver les regrets et Ballot repart en 1980. Daytona, la production, et à nouveau Le Mans sur une BB. Un festival ! " des problèmes d'allumage nous relèguent à la 50e place à la premère heure. Avec Andruet et nos "Michelin miracles" nous remontons 24 places en 120 minutes. Jean-Claude est déchaîné et je tiens la cadence. Pendant mes deux relais, seuls deux pilotes réussiront à me doubler Stück et Wollek !"
Malgré cet exploit, la réussite n'est pas au rendez-vous. Pourtant la première moitié des années 80 verra le palmarès de Ballot se dorer des plus belles parures victoires en IMSA en 1981 (enfin) avec Andruet et la Ferrari BB, en 1985 avec la Jaguar de Tullius, en 1986, avec la Porsche 961 expérimentale. Et puis, en 1983, la victoire absolue aux 24 heures de Daytona sur une 935 avec Bob Wollek et A.J. Foyt. "Super ! mais l'arrivée, il n'y en avait que pour "Aïe Jay" alors qu'avec Bob, on avait fait tous les relais de nuit et ceux de jour sous la pluie.. Enfin, Foyt loin des caméras s'est montré très reconnaissant et on est devenu potes" Après trois saisons allègées, Claude se relance en 1988 avec la fougue d'un jeune homme dans un vaste programme combinant IMSA avec une Porsche 962C le championnat du Monde avec une Spice. Et encore une avalanche de places d'honneur à Miami, Jarama, Monza, Dijon, Brands Hatch... mais aussi une grosse chaleur à Daytona en 89, lorsque la 962 part en tonneau avec le plein de carburant. Et puis des problèmes de vues la nuit au Mans sur la 962 qu'il mènera la 6e place avec Pescarolo et Ricci. Trop lucide sur son âge et ses capacités à piloter des machines frisant le 380 en pointe, Claude sait qu'il est temps de se retirer et en septembre 89, à l'issu des 1000 km de Spa, il décide de mettre un terme à son longue carrière. Il a plein de projets, le golf, ses enfants, ses copains, un restaurant où il raconte ses vies, les gens, la course...
Et puis, cette P... de maladie qui le torture pendant des mois avant de le vaincre par un gris dimanche de décembre 1999.
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