2. Citroën Cactus - La genèse

Un iPhone sur roues : c’est ainsi que les stylistes de Citroën ont rêvé la Cactus. Caradisiac vous dévoile leurs inspirations et l’intimité du concept-car, construit à toute vitesse pendant l’été. Nous étions là !

Citroën Cactus – Exclusivité Caradisiac : découvrez les coulisses de la fabrication du concept (2/3)

C’est une histoire de chariot de supermarché. Oui, celui avec un « C » majuscule, devenu aussi générique que Frigidaire, et qui a le malheur de se plaindre lorsque vous l’écrivez sans majuscule. Un malheureux Caddie, donc, « emprunté » par les designers de Citroën, à l’Auchan de Vélizy. Il fallait bien tester la résistance des Airbump, ces nouvelles protections en polyuréthane, cicatrisantes et gorgées d’air comprimé, qui ceinturent la caisse du concept Cactus. Son papa, Frédéric Duvernier, semble plus motivé par les crayons que les ravitaillements-marathon à l’hyper du coin. Reste que, pour dessiner une voiture, il faut bien se mettre à la place de ses clients…

Chez Citroën, l’homme a déjà signé le C3 Picasso, qu’il a voulu pulpeux comme une caravane Airstream. Ex-Ford, arrivé dans les bagages de Jean-Pierre Ploué en 2000, il a aussi effectué un passage chez Nissan, où il a contribué au design de l’utilitaire NV200 (qui a fini taxi à New York !) et à l’actuelle 370 Z. Duvernier a dessiné la C4 Cactus de série lancée en juin 2014, le fameux projet e3, mais aussi, exercice singulier, sa version « show-car » exposée au salon de Francfort, conçue après-coup pour appâter le chaland. Difficile, tant les deux autos sont liées, de savoir s’il parle de la première, encore confidentielle jusqu’en février, ou de la seconde. L’intention reste très forte, question style : « Nous avons travaillé autour d’un iPhone automobile (le 3G, NDLR) le plus lisse, le plus pur possible. Un peu à l’allemande, en travaillant bien les proportions : deux tiers de tôle, un tiers de vitres. On voulait préserver un côté doux, un côté galet, reposant, sans agressivité. On est assez neutre dans l’expression. La C-Cactus était vraiment dans la surexpressivité, c’était un petit bulldog musclé. D’une certaine façon, c’était plus marqué dans une époque. »

Alexandre Malval, responsable des Citroën de la ligne C, enfonce le clou : « Chez Citroën, on commence à avoir une certaine forme de lassitude pour ces voitures qui doivent absolument exprimer, quel que soit leur concept, la sportivité, le dynamisme… On arrive à une forme de saturation, les gens attendent autre chose. Le retour de l’auto-cocon, à croire la vidéo officielle de la Cactus, qui met en scène un œuf. Malval corrige : « Dans les années 90, il y avait un côté cartoon, l’époque était optimiste, on prononçait souvent le mot ludique, joyeux. Avec la Cactus, nous avons vraiment voulu faire quelque chose de sérieux. On pense que nos clients ont besoin de réassurance. »

La Cactus n’est donc pas à 2013 ce que la Twingo fut à 1993. Mais elle en partage, dixit Malval, l’honnêteté, le côté « what you see is what you get » citant, en contre-exemple, l’Autolib’, dessinée comme une voiture de sport alors qu’elle est essentiellement électrique et citadine. La Cactus est voulue durable. « Nous nous sommes mis en retrait de l’histoire automobile, explique Duvernier, en décalage de l’offre classique. Nous espérons que cette voiture sera plus intemporelle. Si on regarde l’évolution de la Porsche 911, elle est restée très pure, elle n’a jamais fait de concession sur la simplicité. La 911 n’embarque rien de trop. Elle s’est certes embourgeoisée, mais en termes de style, elle n’a jamais embarqué de « flamme » (des modelés, ou effets de style, dans le jargon des designers NDLR) sur la porte, ni les gimmicks d’une époque. La Cactus les élimine tous. »

Pour la « version » concept car, il a fallu faire vite : la Cactus qui sera exposée au salon de Francfort a été montée en seulement sept semaines. Entamée mi-juin et achevée début août, la construction chez le prototypiste attitré de Citroën, situé à quelques encablures du centre de style Citroën de Vélizy, nécessite une concentration et une rapidité sans faille. La voiture est unique, tout comme son mode de conception, très spécial. En bon concept-car, la Cactus est un mélange savamment orchestré de pièces sur-mesure et hors de prix (le châssis tubulaire, la peau en carbone) et de composants maison (des freins de C4, un train arrière de C3 Picasso, mais aussi des éléments de suspension en provenance directe de… Citroën Racing !).