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50 km/h sur le périphérique: avant tout une question politique

La polémique opposant la mairie de Paris au gouvernement au sujet de la limitation de vitesse répond au moins autant à des considérations stratégiques qu'ecologiques.

50 km/h sur le périphérique: avant tout une question politique

Séquence assez surréaliste que cette polémique concernant la limitation du périphérique à 50 km/h.

On a donc d’un côté la maire de Paris Anne Hidalgo, résolument anti-voitures comme elle l’a prouvé à maintes reprises depuis qu’elle est au pouvoir, qui veut limiter le boulevard circulaire à 50 km/h à l’issue des Jeux Olympiques, et de l’autre un ministre des transports, Clément Beaune, qui a annoncé jeudi sur France Info sa ferme opposition à cette mesure, qui fait à peu près l’unanimité contre elle en Ile-de-France : « Le périphérique est géré par la ville de Paris mais est utilisé aux trois quarts par les Franciliens, les banlieusards. La moindre des choses, c'est de décider avec la région, avec les départements», plaide-t-il.

Et ce vendredi matin, sa collègue Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique est venue au soutien sur Europe1: «On ne prend pas une mesure quand on est maire de Paris sans prendre en compte tous les usagers du périphérique qui sont, comme par hasard, des gens qui n’ont pas les mêmes moyens que les Parisiens, pas les mêmes transports en commun.»

De fait, une étude de l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) a montré que 43% des utilisateurs du périphérique habitent en petite couronne, et que 78% d’entre eux y ont recours pour des trajets domicile-travail. Et si ces gens se jettent chaque jour dans les embouteillages souvent monstrueux du périphérique, ce n’est pas par plaisir mais par nécessité.

En effet, 70% des usagers interrogés par l’APUR déclarent qu’ils ne pourraient emprunter un autre itinéraire pour leur trajet. Il faut dire que ce n’est pas la qualité du réseau de transports en commun qui donne envie de lâcher le volant de bon cœur.

Au-delà de la problématique des embouteillages et de l’indéniable pollution que ceux-ci génèrent, on voit que cette opposition mairie-gouvernement est l’otage de considérations purement politiciennes.

Anne Hidalgo, en difficulté ces derniers temps, trouve ici un contrefeu habile : si on parle du périphérique, on ne parle plus de son voyage à Tahiti.

Quant à Clément Beaune, qui ne fait pas mystère de ses futures ambitions parisiennes, il trouve un moyen de fédérer les opposants à une mesure qui fait à peu près l’unanimité contre elle en Ile-de-France (sauf peut-être auprès d’une grande partie des électeurs parisiens, qui n’ont pas de voiture). Avec plus d’un million de trajets effectués par jour, le « périf » structure à lui seul toute la circulation du bassin parisien et des 12 millions de personnes qui l’habitent.

Reste que c’est bien la préfecture de police parisienne, puis l’Etat, qui auront le dernier mot, et non Anne Hidalgo qui n’aura pas le droit d’aller planter « ses » panneaux 50 si elle le décide. De toute façon, on serait déjà bien content de rouler à 50 km/h sur le périphérique...

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