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2035 : mes derniers kilomètres en voiture thermique

Il y a eu la photographie et l’impression. Désormais c’est à l’automobile de connaître le plus gros tournant de son histoire. Les gouvernements souhaitent sonner le glas du moteur thermique en 2035. Une fois n’est pas coutume, nous avons imaginé ce que seraient les derniers tours de roues d’un conducteur avec sa voiture à énergie fossile.

2035 : mes derniers kilomètres en voiture thermique

Le dernier trajet

Il est 6h30, le mois de décembre a rapidement fait oublier les étés à rallonge. Je me rends chez Tesla avec ma Miata de 25 ans d’âge. Acquise en 2010, elle m’a accompagné partout. J’ai pris son volant pour un dernier trajet. La concession n’est qu’à 20 minutes mais je décide de faire un détour pour profiter des 300 km restants dans le réservoir. Je roule, pour le plaisir de rouler et confirme l’adage qui dit que le voyage est plus important que la destination.

Je suis pris d’une mélancolie intense au fil d’un paysage où le jour pointe ses premiers rayons. Je suis triste parce que j’aime le moteur à explosion. Tourner la clé pour démarrer et entendre ce cœur se réveiller. Ce vrombissement à chaque coup de pédale. Ce son dont la fréquence monte au rythme des tours, cette sensation que le temps s’arrête, le temps du passage de rapport, avant de reprendre de plus belle. Ces vibrations qui m’indiquent ce que la voiture ressent, ces images des pistons qui s’activent défilant dans ma tête, cet échange permanent entre elle et moi, ce langage codé. J’aime attendre avant d’atteindre le bon régime moteur, attendre pour apprécier comme il se doit le vrai potentiel. J’aime l’odeur de carburant qui se consume, émanant de cette mécanique incroyable qui fait danser le métal et les fluides. Ce concept simple qui engendre une cinématique si complexe. J’aime l’entretenir et me dire que ce bloc de 2000 centimètres cubes respire mieux la vidange faite, les filtres changés. Enfin j’aime ces boutons en plastiques et leur bruit à chaque pression.

2035 : mes derniers kilomètres en voiture thermique

Le changement d’époque

J’arrive à la concession. Je coupe le contact et ouvre la portière. Une dame m’accueille. Les modalités ont été faites sur internet. Il reste une formalité et non des moindres : un échange entre le passé et le futur. Je sauve la planète m’a-t-on dit.

En la laissant, j’ai l’impression d’être chez le vétérinaire et dire adieu à mon compagnon de route. Je tends la main et échange les clés et les papiers de la petite voiture rouge contre une carte. Cette fois, c’est fini. J’entre dans une nouvelle ère, différente. Une époque que je découvre avec les yeux d’un enfant de 52 ans. Mon sentiment est impossible à comprendre pour la nouvelle génération. Pour elle, tout n’est qu’usage. Les madeleines de Proust ne sont plus que des fichiers archivés au fond de serveurs en ligne que l’on rouvre parfois, lorsqu’un ménage est nécessaire faute de place. Alors comment comprendre qu’on s’attache à un tas de ferraille ?

2035 : mes derniers kilomètres en voiture thermique

Terminé le plaisir du cabriolet. Mais des plaisirs, cette Tesla en regorge, m’a-t-on juré. Elle se conduit seule. Il est possible, pendant la recharge, de jouer à la console sur un pare-brise se transformant en écran géant. Je peux la contrôler à distance et même parler à ses occupants sans être dans le véhicule.

L’instant d’après, me voilà dans mon nouveau vaisseau spatial. On me montre comment m’en servir, comment activer la conduite autonome. Le tableau de bord ressemble à un meuble TV au style nordique, épuré à l’extrême et froid. Un énorme écran tactile fait office de centre de commandes mais tout peut se faire à la voix.

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Je repars. Tout est allé très vite car je ne suis pas le seul à changer d’époque.

Je n’ai pas jeté de dernier regard sur mon passé. Je n’y ai plus pensé à vrai dire. J’étais trop occupé à comprendre comment utiliser ce jouet. Le retour est rapide. Je n’ai pas envie de traîner. Je m’ennuie au volant alors, tel un enfant, je profite d’une voie d’insertion, appuie sur la pédale et libère d’un coup la puissance de l’électrique. En 2 secondes je passe de 40 à 130 km/h. C’est dément.

Sur la route, tout est différent. Je suis de la génération Playstation et j’avoue que je n’ai eu aucun mal à appréhender le système. Une sorte de jeu vidéo dans un monde réel. L’interface me parle. Elle me parle littéralement. J’échange avec cette voiture de vive voix et c’est bien là tout le paradoxe : jamais je n’avais eu une relation aussi « humaine » avec une machine. Les phrases sont fluides et Tesla a même intégré un rire artificiel modifiable ! On est loin des vibrations codées de la MX-5.

Pourtant, je n’ai aucune affection pour cet objet, pas la moindre passion. Tandis que je roule vers chez moi, je ris de cette idée. Cet aboutissement d’un fantasme des années 80 de l’auto idéale aura finalement sonné le glas de la voiture telle qu’on la concevait à cette période.

De nouvelles habitudes

Les mois se sont écoulés. Une routine s’est installée tandis que le souvenir du petit roadster rouge est devenu flou.

2035 : mes derniers kilomètres en voiture thermique

Notre premier voyage familial a été une sacrée logistique. Aller de Paris à Porto en voiture électrique, même en 2035, nécessite un peu d’organisation. Le choix des bornes de recharge en pleine période estivale est complexe et nous avons souvent dû attendre que l’une d’elles se libère puis attendre encore de recharger.

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Je repense au plein d’essence qui ne prenait qu’une poignée de minutes. Mais ce ne fut pas le bout de notre périple. L’une des stations choisies n’était plus disponible. Il nous restait 387 km à parcourir pour 320 km d’autonomie. Je me suis mis à rouler à l’économie comme ce journaliste de Caradisiac qui testait l’autonomie des voitures en faisant des tours du périphérique quand celui-ci était encore autorisé aux voitures de particuliers. Entre mes efforts et le mode économie d’énergie qui coupe tout ce qui consomme et garde l’essentiel, nous avons pu atteindre notre destination.

Une nouvelle façon de vivre l’automobile

2035 : mes derniers kilomètres en voiture thermique

Un soir, j’ai abordé le sujet du rétrofit avec mon frère venu dîner. Un vieux concept qui consiste à transformer une voiture thermique en voiture électrique et qui a vraiment explosé en 2021, après une légalisation en France en 2020. Il m’a demandé pourquoi je n’avais pas franchi ce pas avec la MX-5. Si l’idée était intéressante, j’y perdais l’âme de ma voiture. Finies les vibrations, la boîte de vitesses et les sensations. Cela aurait été comme tenter inlassablement de raviver la flamme d’une relation terminée.

La voiture n’est désormais plus qu’un objet électronique supplémentaire soumis à la loi empirique de Moore. Ce n’est ni mieux, ni moins bien, c’est différent et même plaisant. Le monde de l’automobile a changé et il faut l’accepter. Rien n’empêche de garder en mémoire ces moments particuliers et d’y replonger avec nostalgie, car après tout, cette ancienne ère ne disparaîtra que lorsque nous l’aurons oubliée.

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